10 Bons Sons US en octobre 2025

Une chose est sûre : outre-Atlantique, les projets s’enchaînent tellement qu’il devient très difficile de suivre la cadence. Même si, pour la première fois depuis février 1990, le Top 40 du Billboard Hot 100 ne compte aucun morceau de rap (au 25 octobre), les sorties s’amoncellent : des anciens qu’on n’avait pas entendus depuis belle lurette reviennent avec de nouveaux projets, de jeunes pousses… poussent, et il y a même des albums posthumes. De quoi faire un « 10 Bons Sons », bien entendu, et un double aurait même pu se faire très facilement.

Mobb Deep – Pour The Henny feat. Nas

Ça faisait quelque temps que Nas, par l’intermédiaire de son label Mass Appeal, avait annoncé la sortie de plusieurs projets assez fringuants. Il y a eu Slick Rick, Raekwon et Ghostface Killah il y a quelque temps, Mobb Deep et Big L ce mois-ci, puis De La Soul et Nas/DJ Premier dans les mois à venir. Excusez du peu.
En ce qui nous concerne ici, Infinity de Mobb Deep est vraiment pas mal : il contient de très bons morceaux et, surtout, le bonheur de réentendre Prodigy. Mon dévolu s’est jeté sur “Pour The Henny”, avec son sample certes reconnaissable mais ô combien élégant, son énergie si particulière et cette aura envoûtante. Merci Nas, bravo Havoc. – Clément

Myka 9, Blu & Mono en stereo – Ma’at

Tombé dans un relatif anonymat, le légendaire Myka 9, fer de lance des Freestyle Fellowship, s’est connecté pour un album complet avec Blu, solide rappeur underground de L.A, dont la réputation reste constante depuis presque 20 ans. En empruntant à l’hermétisme et à la spiritualité de l’Egypte antique, les deux compères livrent un morceau complètement perché qui part dans des thématiques métaphysiques, de la création de l’univers aux grandes lois à respecter en son sein. Le sample jazzy couplé aux flows déconcertants des MC rendent le morceau étonnement ludique. Une curiosité qui fonctionne. – Jérémy

OT the Real – End of the day (prod. Chop la Rok & Rare Scrilla)

Partenaire de route de la Black Soprano Family de Benny the Butcher, OT The Real brille souvent par la profondeur de sa voix et par ses choix instrumentaux. Sur The wars I’ve won, son nouvel album, il rappe sur de nombreux samples de guitares électriques, à l’image de la mélodie entêtante qui parcourt « End of the day ». Des lyrics touchants parsèment ce long couplet unique où les fantômes du passé mènent au courage de faire les actions juste pour demain. Un refrain efficace sur fond de symbolique cyclique encadre parfaitement cette longue confession. – Jérémy

Big L & Jay-Z – 7 minute freestyle (prod. EZ Elpee & Reggie Gordon)

Comme dit plus haut, Nas et son label Mass Appeal ont lancé la série « Legend Has It… » qui met principalement à l’honneur des rappeurs de la côte Est issus de l’âge d’or du hip-hop. Cette fois ci c’est au tour du roi de Harlem, et celui qui est un des plus gros what if de l’histoire du rap : Big L. Harlem’s Finest : Return Of The King est pensé comme la suite directe du premier album posthume The Big Picture sorti en 2000. On retrouve pas mal de freestyles rares, des morceaux moins connus remis au gout du jour et une poignée de morceaux exclusifs. Là ou Mass Appeal a mis les bouchées doubles, c’est au niveau de la rémunération équitable des producteurs et en régularisant (clear) les samples présents dans ses morceaux, deux points qui avaient conduit ces dernières années au retrait de certains de ses titres des plateformes. Le projet est une franche réussite, avec des moments hors du temps comme le featuring avec Method Man, celui avec Joey Bada$$ ou encore le morceau innatendu (et d’outre tombe) avec Mac Miller et Pale Jay. Et puisqu’il fallait choisir qu’un seul morceau, le légendaire « 7 minute freestyle » avec Jay-Z et son instru’ qui reprend le sample de Miilkbone (coucou Jazzy Bazz) semble une évidence. Merci Nas, rip Big L. – Clément

Ransom & DJ Premier – Amazing Grace

Contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, Ransom et DJ Premier ne réinventent pas la roue sur ce The Reinvention. En même temps, cela aurait été étonnant. Le totémique ex-binôme de feu Guru semble avoir trouvé le bonheur puisqu’il continue de s’amuser en faisant continuellement la même chose. La réussite de ses projets dépend ainsi plus du rappeur qui l’accompagne. Et ça tombe bien, puisque Ransom se rate rarement, et certainement pas sur des boucles courtes et des drums durs. On vous propose cet « Amazing Grace » en guise d’amuse-bouche, qui parvient même à rendre des scratchs cool en 2025. – Xavier

Curren$y – Chop Chop (prod. Cookin Soul)

Nonchalance et insolence, Curren$y continue, pour le 4ème mois d’affilée, à sortir des EP portant uniquement le nom de la date de sortie. Comme s’il cherchait volontairement à devenir lassant. Malheureusement pour lui, on ne cessera pas de vous parler de son mode pilote automatique tant il est doux et bien produit. Et ce 10/15 glisse encore tout seul, à l’image de « Chop Chop » et son impression de flottement. – Xavier

Navy Blue – Orchards (prod. Child Actor)

Premier extrait du 9ème album de Navy Blue The Sword & The Soaring (qui est sorti depuis), « Orchards » donne le ton : douce mélancolie, introspection et poésie. En bref, une parfaite continuité des derniers albums, sur lesquels son identité artistique a pris une réelle épaisseur. Le piano de fond mêlé aux timides incursions de violon constituent en outre une parfaite bande-son pour les fraîches déambulations de novembre. – Xavier

Icewear Mezzo & June The Genius – High Fashion

Le nouvel album d’Icewear Vezzo, Purple Passion, est entièrement produit par June The Genius James qui reçoit parfois quelques coups de mains. Les rythmiques et les mélanges de basses et grosses caisses n’auront rien de surprenant, mais les nappes mélodiques semblent essentiellement basées sur des samples. La première partie du disque est un peu brouillonne, le producteur semble vouloir en faire trop et empile les mélodies (en atteste l’introduction où le générique des Feux de l’Amour se transforme par moment en cacophonie). Mais il trouve vite ses marques et le rappeur reste en excellente forme, fidèle à lui-même, de la première à la dernière mesure du disque, notamment sur « High Fashion » que nous avons retenue. – Wilhelm

Westside Gunn feat. Stove God Cooks – Mankind (prod. Daringer)

Cette année, Westside Gunn a sorti trois volume d’une nouvelle série de disques, Heels Have Eyes, toujours largement inspiré par le catch. Dans le dernier, sorti pour Halloween, le rappeur de Buffalo se réinvente complètement à travers une plongée réussie dans un mélange de rap et de techno allemande. C’est évidemment faux, il reste dans la pure tradition de sa propre musique et n’invite que quelques uns ses très proches, tant au micro qu’au machine. On retiendra Mankind, pour la boucle typique de Daringer et l’apparition de Stove God Cooks (qui a plutôt intérêt à sortir son album d’ici la fin d’année). – Wilhelm

G Herbo feat. Jeremih – Whatever U Want (prod. Oz On The Track & Westen Weiss & Daoud)

« Whatever U Want » part d’un couplet de G Herbo adressée à son amoureuse – et un refrain diablement efficace de Jeremih. Par l’amour et le R’n’B, le rappeur remonte à ses traumas et les besoins (d’affection, d’attention, de confiance…). La musique de G Herbo a pris un tournant assurément thérapeutique depuis déjà plusieurs années et plusieurs disques, souvent pour le meilleur, et ce petit twist dans l’approche fonctionne plutôt bien. Bon, par contre, le clip est très moche mais on s’en fiche pas mal. – Wilhelm

Partagez:

Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *