10 Bons Sons US en janvier 2021

L’an II du covid a débuté sur les chapeaux de roue dans l’infâme outre-Atlantique, entre une tentative de coup d’Etat par des paramilitaires néonazis et l’investiture du nouveau président. Côté rap, c’était plus tranquille, sans sortie majeure, mais avec encore un décès à déplorer, celui du rappeur Double K, membre du trop peu connu duo People Under The Stairs (n’en déplaise à Harry P). RIP Michael Turner.

Joey Bada$$ – Let It Breathe (Prod. by Statik Selektah)

Quand on évoque le vieil adage qui prône la qualité plutôt que la quantité (excepté Griselda, of course), on en vient très rapidement à parler de Joey Bada$$. Le rappeur de Brooklyn a profité de la rentrée pour se souhaiter un bon anniversaire (seulement 26 ans) et sortir un titre inédit, produit par ce bon vieux Statik Selektah. La recette est sempiternelle mais ô combien toujours aussi efficace : une pincée de jazz, beaucoup de groove, des drums boom-bap et un flow aussi tranchant qu’au premier jour. Un morceau qui nous fait évidemment penser à ses binômes avec le regretté Capital Steez. – Clément

Nyck Caution – Coat Check / Session 47 (Prod. by Canis Major)

Pour ce second titre de notre sélection mensuelle, on reste à Brooklyn et plus particulièrement dans le collectif PRO ERA. Quand on pense à Joey Bada$$, on pense souvent à Kirk Knight, CJ Fly ou encore le regretté Capital Steez. Mais n’oublions pas que Progressive Era est composé depuis 2011 de plus d’une douzaine de membre, dont celui qui nous intéresse ici : Nyck Caution.
Souvenez vous, vous l’avez forcement entendu sur l’incroyable P.E.E.P.: The aPROcalypse, sorti en 2012 ou encore sur sa mixtape Disguise The Limit sorti en 2016 ou bien plus récemment sur son EP Open Flame sorti l’an dernier. Jesse Cordasco aka Nyck Caution profite donc de ce début d’année 2021 pour nous délivrer un LP assez costaud, intitulé Anywhere But Here et composé de 14 morceaux. On retrouve bien entendu quelques membres de Pro Era mais aussi Denzel Curry ou encore Kota The Friend. Le morceau qui nous intéresse ici c’est « Coat Check / Session 47 », qui fusionne deux morceaux impeccablement produit par Canis Major. Ça rappe fort, ça rappe sec, il n’y a plus qu’à se jeter sur le reste du projet. – Clément

Bronze Nazareth & Leaf Dog – Lisbon dinners (Prod. by Leaf Dog)

Surprise motherfucker. Le wu-affiliate Bronze Nazareth s’allie au producteur et rappeur anglais Leaf Dog pour un album commun. Sur ce « Lisbon dinners », la production joue sur peu d’éléments, faisant entière confiance à sa ligne de basse envoûtante. Comme la plupart des morceaux de l’album, le titre est très court et repose sur un long couplet blindé de références, qu’elles soient géographiques ou sportives, le tout dans une ambiance 90’s assumée. Au-delà de la surprise de cette réunion, l’album Bundle raps réserve quelques beaux moments. – Jérémy

Dj Chose & Gucci Mane – You A Dime (Prod. by DJ Chose)

Après des collaborations avec Beatking et Megan Thee Stallion, DJ Chose continue son run auprès de Gucci Mane. Avec sa lourde basse, son refrain et ses adlibs répétitifs, « You a dime » est un titre calibré pour les strip-club. Le couplet réduit de DJ Chose y flirte avec le crunk. De son côté, Gucci Mane est fidèle à lui même, collant à la thématique sans faire de folies dans le flow. Au final, on est sur un titre qui n’aura peut-être pas la viralité recherchée, mais qui reste efficace dans son genre, notamment grâce à sa prod et ses gimmicks. – Jérémy

Lloyd Banks – Elements of surprise (Prod. Nothing But M’s)

L’ancien lieutenant de 50 Cent au sein du G-Unit se fait tellement rare depuis qu’il a clôturé la trilogie des Halloween Havoc en 2016, que chacune de ses apparitions consiste en un petit événement en soi. Et c’est d’autant plus un événement lorsqu’il s’inscrit dans un format pratiquement perdu dans le rap actuel, qui a notamment été très prisé en France : la compilation en bande originale de film. Si l’on ne sait pas encore si Griselda parviendra à dépasser le légendaire Morsay au niveau cinématographique, la bande originale regorge de pépites, et la partition de Lloyd Banks en est une. Ressortant sa voix rauque des plus beaux jours, celui qui portait le collier de barbe comme personne se balade sur la production pianotée et rythmée de Nothing But M’s. De quoi éventuellement rêver d’une nouvelle sortie prochainement, même si ce n’est pas forcément ce qui est sous-entendu dans le morceau. – Xavier

G Perico – Welcome to the Land

Même s’il est bien loin de son pic du milieu des années 2010, c’est toujours un plaisir d’entendre le rappeur aux bigoudis de South Central. Si Welcome to the Land montre qu’il reste toujours attaché à cette forme d’albums courts et de morceaux succincts durant entre 2 et 3 minutes, on sent une continuité avec Ten-Eight au niveau de la couleur. La grisaille a définitivement pris le dessus sur la violence nerveuse exacerbée dans ses premières sorties, ce qui se voit également dans la coloration du disque, et même du clip du titre éponyme de l’album, quand bien même on reste dans une imagerie très typique de la west-coast. – Xavier

7xvethegenius – Break Soul

À mesure que les rapports de pouvoir sont bousculés dans nos sociétés, les artistes éprouvent le besoin de développer de nouvelles stratégies discursives leur permettant de s’y inscrire de façon avantageuse. L’espace grandissant gagné par les rappeuses au sein d’un champ dominé par les codes de la masculinité amène beaucoup d’entre elles à adopter une posture dite de la « masculinité dégenrée » (telle que cité par Claire Lesacher dans un article à lire de toute urgence). La transidentité en repoussoir (« Bars are transsexual, I’m feeling like the man here »), la domination masculine (malus l’oppression) est pour 7xvethegenius la métaphore d’une supériorité rapologique à imposer sur la scène américaine. Sur « Break Soul », elle troque la chaleur et l’amour pour le minimalisme froid des artistes Griselda, se compare aux grand.e.s et convainc qu’elle ne saurait tarder à en devenir une. – Christophe

Gabe ‘Nandez – Ox (Prod. by 101 Beats)

C’est le cul posé sur les escaliers d’un appartement de New York que Gabe ’Nandez débite son couplet en one shot, classique comme Nas dans « Nas Is Like ». Caméra à l’épaule, le MC polyglotte et nomade décrit ce qu’il observe en bon journaliste gonzo. Sur « Ox », celui-ci propose une énième démonstration technique sur une rythmique dépouillée. La surprise que ce fut de voir certains médias spécialisés les plus prestigieux du game relayer l’info. Le brooklynite n’a depuis pas tardé à enchaîner avec une nouvelle missive bilingue titrée «  223 ». – Christophe

N.O.R.E. feat Method Man & Conway The Machine – They Outta Line (prod. Hazardis Soundz)

N.O.R.E. l’avait annoncé et revendiqué il y a bien des mois : l’engouement autour du mouvement Griselda l’a motivé à remettre le bleu de chauffe. Pour ce faire, l’hôte de Drink Champs a invité le rappeur préféré des rappeurs âgés (sans manquer respect à qui que ce soit) mais aussi un petit jeune du milieu astucieusement nommé Method Man. Les deux vétérans n’ont rien perdu de leur superbe et l’Homme Méthode, toujours aussi fort, s’offre même le luxe de piquer gentiment les nouvelles générations du jeu sans faire le vieux con. – Wilhelm

Boss Wood & Big K.R.I.T – Spaceships (prod. Okeefe)

Il n’est pas aisé de voyager actuellement… sur Terre. Boss Wood et Big K.R.I.T commencent donc l’année en partant à la conquête des étoiles. La production repose sur une voix filtrée qui résonne dans le vide de l’espace et accompagne parfaitement le couplet très terre à terre d’un Boss Wood un peu pressé. De son côté, Big K.R.I.T est en maitrise totale. Il sort sa Cadillac des beaux jours pour visiter les stations essence et voguer vers l’infini (mais aussi au-delà). – Wilhelm

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2 commentaires

  • Bonjour,
    Possible d’avoir le lien auquel vous faites référence sur Claire Lesacher dans les 10 sons US de janvier ?
    Visiblement, il a sauté dans l’article 🙂
    Bonne journée et merci pour vos publications, sélections. C’est qualitatif !!

Commentaires

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