Le 9 décembre dernier, Sniper jouait devant 1500 personnes au Phare (à Tournefeuille, près de Toulouse), devant un public connaisseur et réceptif dans le cadre de leur Classics Tour. A cette occasion, Aketo a accepté de revenir avec nous sur les moments forts de l’épopée Sniper, au travers de dix morceaux du groupe, depuis les prémices jusqu’à la dernière apparition discographique du trio.
1 – M Group feat. Blacko, Aketo et Philo – Je viens du 9.5.1.7.0 (Tu disais quoi ?, 1997)
Aketo : M Group. C’est le premier morceau, la première trace sur disque du futur Sniper.
L’entité « Sniper » n’existe pas encore ?
Aketo : On est tous les trois sur le morceau, mais à cette époque Sniper n’existe pas encore. On était dans un collectif qui s’appelait Le Comité avec plusieurs groupes : M Group, Personnalité Suspecte qui regroupait Blacko, Rakis et Tunisiano – qui était aussi dans M Group – et Les Eléments Perturbateurs dont je faisais partie. Dans ce morceau-là il y a tout le collectif.
Le fameux concert à La Rochelle qui marque la formation du groupe a donc lieu après…
Aketo : Voilà. Le morceau a été enregistré fin 1996, et il est sorti début 1997, tandis que le concert de La Rochelle a eu lieu durant l’été qui a suivi.
2 – Sniper – Association de scarlas (Power Of Unity, 1999)
Aketo : C’était avant le premier album, sur une compilation qui s’appelait Power Of Unity, avec des rappeurs des quatre coins du monde. Nous on représentait la France, et on avait deux morceaux dessus (« Association de scarlas » et « Le 95« , ndlr). C’était en 1999.
Vous n’aviez pas encore le buzz dont vous bénéficierez avec Première Classe ou B.O.S.S...
Aketo : Franchement, je crois que tout s’est goupillé à peu près en 1999 : B.O.S.S., Première Classe, et cette compil. Le hasard a bien fait les choses, les planètes se sont alignées, c’est là qu’on a commencé à faire parler de nous.
3 – Sniper – Exercice de style (B.O.S.S., 1999)
Aketo : Même période donc, sur la compil B.O.S.S. de Joey Starr. Je me souviens qu’à l’époque, on avait un pote qui s’appelait Habibou, notre premier manager en quelque sorte. Il croyait en nous, et il se bougeait pour nous trouver des petits plans. Il s’avère que sa sœur connaissait bien DJ Spank, avec qui Joey bossait à l’époque. Elle voyait qu’on rappait. Un jour elle nous dit qu’un pote à elle fait une compil, qu’elle lui a parlé de nous… On la croit pas trop. On a finalement rendez-vous avec Spank, on va chez lui, on discute, il nous fait écouter des prods… On y va deux-trois fois sans capter qu’on était chez Joey, en fait. Il n’était pas trop là les premières fois, on savait qu’il faisait la compil avec Spank mais on ne l’avait jamais vu. Il a fini par venir, et après plusieurs visites on a débouché sur ce morceau. Quand on l’a fini, Joey a demandé à l’ingé de lui mettre une piste et il a fait l’intro, l’outro, et a ambiancé le morceau.
Vous vous attendiez à ce que ce morceau soit choisi pour mettre la compilation en avant ?
Aketo : Pas du tout, parce qu’on n’était pas des artistes B.O.S.S. Il y avait deux ou trois artistes du label sur la compil, comme Mass par exemple, et on aurait trouvé normal qu’il les mette en avant. Le programmateur de Sky a dû écouter la compil, accrocher sur ce morceau et la rentrer en playlist. Nous on l’a découvert via des potes, qui nous ont prévenu que notre morceau tournait à la radio. C’était une bonne surprise, et en même temps ça préparait le terrain pour l’album Du rire aux larmes qu’on était déjà en train d’enregistrer.
4 – Sniper – Même pas 20 piges (Les Sessions Première Classe Vol. 1, 1999)
Aketo : Première Classe, même période, on poursuit l’alignement des planètes. (rires)
Comment s’est faite la connexion avec le label ?
Aketo : Géographiquement on n’était pas si loin des Neg’ Marrons. On est tous du 95, nous de Deuil, eux de Garges Sarcelles, et on avait des gens en commun. On connaissait Patou, qui était dans le label, et qui est le cousin d’un pote à nous. Il voyait ce qu’on faisait, et comme ils faisaient une compil avec plein de combinaisons, ils ont pensé à nous pour « Même 20 piges ». C’était un peu le morceau des juniors.
B.O.S.S. et Première Classe sont vraiment les deux compilations qui ont marqué l’année 1999. Je me souviens que Joey Starr envoyait des petites piques au label Première Classe en les accusant de n’avoir mis que des gros noms. Au final vous vous retrouvez sur les deux, vous faites le pont entre les deux projets.
Aketo : On était proche des deux labels en fait, tout simplement.
5 – Sniper – Il faut de tout pour faire un monde (Du rire aux larmes, 2001)
Ne choisir qu’un morceau de l’album Du rire aux larmes a été compliqué…
Aketo : En réalité ton enchaînement est super logique, parce que ce morceau-là, c’est le premier truc qu’on a envoyé en maxi vinyle avec un inédit sur la face B (Prod Massive, ndlr), vers 2000, bien avant l’album et « Pris pour cible ».
On retrouve Eben à la prod, vous étiez déjà connecté avec ?
Aketo : Quand on est rentré en studio pour enregistrer Du rire aux larmes, Desh, notre producteur de l’époque, nous a demandé quels beatmakers on aimait bien. On lui a sorti deux ou trois noms, et lui de son côté nous en a proposé d’autres. Il connaissait Eben et Kilomaître, c’est lui qui nous les a ramenés, et ça a bien accroché, on s’est bien entendu.
De cet album-là, quels sont les morceaux qui reviennent le plus souvent quand on vous en parle ?
Aketo : « Pris pour cible » a bien marqué, il nous a fait passer au cap supérieur. « Aketo VS Tunisiano » revient souvent aussi, je crois que c’est celui qu’on m’a le plus ressorti à moi personnellement, il faut dire que je suis incriminé dans cette histoire. (rires) « La France » aussi, « Faits divers »…
Le storytelling « Tribal Poursuite » contient-il une part de vécu ?
Aketo : C’est un storytelling inspiré de faits réels. En fait à l’époque, dans notre quartier il y avait une sortie organisée au Parc des Princes, et à cette occasion des jeunes de chez nous ont eu à faire à une histoire dans le genre. Nous on ne l’a pas vraiment vécu, mais on s’en est inspiré.
6 – K Special feat. Sniper – Les porcs (Cause à effet, 2001)
Aketo : C’est un featuring avec K Special, un groupe de Saint Denis.
J’avais découvert ce morceau dans l’émission La Nocture sur Skyrock. En le réécoutant sur l’album de K Special, je me suis rendu compte que de très nombreux passages avaient été censurés. Vous avez eu des soucis avec ce morceau, en plus de ceux que vous rencontriez avec « La France » à cette époque ?
Aketo : Je crois qu’ils ont repris une phrase de ce morceau, mais ce n’est pas allé plus loin. Après je pense qu’ils se sont mis sur notre dos parce que les albums marchaient et vendaient. On passait à la radio, les albums étaient disque d’or, double disque d’or… On était visibles. Un groupe de l’underground qui ferait beaucoup moins de bruit peut dire la même chose ou pire, il ne sera pas inquiété. Plus tu es exposé, plus tu ouvres ta gueule, et plus tu es en danger.
Ils sortent leur album à peu près en même temps que vous, on sent une alchimie entre les groupes, des grains de voix particuliers, un état d’esprit similaire… Qu’est-ce qui fait que votre groupe explose et pas un autre ?
Aketo : Plusieurs éléments ont peut-être permis de faire la différence. Les compils qu’on a faites avant nous ont mis sur les rails, surtout B.O.S.S. puisque notre morceau était joué en radio ; notre label avait mis les moyens, et puis le facteur chance a joué aussi, sans doute. Il y a aussi le fait qu’on soit trois, totalement différents, avec la touche ragga en plus. Et puis sur B.O.S.S. Tunisiano rappait en arabe, et vraiment bien, c’était du jamais vu en France !
7 – Sniper – Visions chaotiques (Gravé dans la roche, 2003)
Aketo : « Visions chaotiques »… C’était à l’époque des morceaux dans lesquels on écrivait des 52 mesures. (rires) Une prod de Kilomaître.
On retient souvent « Gravé dans la roche », mais « Visions chaotiques » ou « Jeteurs de pierres » ont marqué les esprits, des morceaux conscients… Vous avez toujours développé ce côté-là, en plus de l’humour ou des morceaux patates.
Aketo : Déjà le premier album s’appelle « Du rire aux larmes », et puis on est comme ça dans la vie. On écoutait beaucoup IAM qui était capable de proposer, notamment sur Ombre est lumière, des morceaux conscients, mais aussi des titres décalés comme « Attentat », des interludes marrantes… On aimait bien ça.
Avec cet album vous touchez un public encore plus large, en dehors du seul public rap.
Aketo : Oui, dès qu’on envoie le titre « Gravé dans la roche » en fait. Ça nous a encore fait passer un cap. T’expliquer pourquoi ça a pris ou comment, je ne saurais pas.
8 – Sniper feat. Bakar – On revient choquer la France (On revient choquer la France, 2004)
Aketo : Ça me fait plaisir de réécouter ce titre, je l’avais oublié, c’était un bon petit morceau. C’est la première version de ce qui deviendra « Brûle » sur notre troisième album. C’était sur la mixtape de Boudj, On revient choquer la France, également sur une prod de Kilomaître.
Comment en êtes-vous venus à le reprendre pour en faire « Brûle » ?
Aketo : Comme c’était un morceau pour une mixtape, on s’est dit : « Pourquoi pas en faire une version améliorée ? »
Vous invitez Joey Starr dessus, c’était une façon de boucler la boucle ?
Aketo : Un peu oui, et puis on s’est tout simplement dit que ce serait chanmé d’avoir Joey pour ambiancer le morceau. Il est venu direct, ça s’est fait naturellement, et le rendu est mortel.
9 – Sniper – Fallait que je te dise (Trait pour trait, 2004)
Aketo : Encore un morceau fleuve…
DJ Roc-J : Sur le clip tu peux retrouver Tahar Rahim.
Aketo : Voilà, dans le clip on avait des acteurs qui jouaient nos rôles. Tahar Rahim jouait le rôle de Tunisiano, c’était avant qu’il pète au cinéma ! (Il se fera connaître plus tard dans Un Prophète de Michel Audiard, ndlr.) Ce morceau c’est la séquence émotion franchement. Pour chacun de nous, au moment de découvrir les couplets des autres ça piquait un peu, c’était spécial.
Même si vous avez plusieurs registres, il est rare de vous entendre vous livrer de façon si personnelle.
DJ Roc-J : Le morceau arrive sur Trait Pour Trait, vous êtes moins dans la fougue de la jeunesse.
Aketo : C’est vrai que c’est quand même le troisième album. Mais je me rappelle qu’on s’était rendus compte que ça parlait aux gens qui passaient au studio et qui l’écoutaient pour la première fois, malgré le fait que ce soit un morceau dans lequel on se livrait vraiment, très personnel. Chacun se transposait en fonction son histoire personnelle. C’est le bon paradoxe des morceaux personnels dans lesquels tu te livres. Dans mon couplet par exemple je m’adressais frontalement à ma famille en faisant abstraction du public et des gens qui m’écoutaient, mais en réalité ça a touché plein de gens. C’est ça qui est mortel avec ce genre de morceaux.
Quand on sort de Gravé dans la roche, ce n’est pas compliqué de revenir relativement peu de temps après – trois ans – sans ressentir une pression ?
Aketo : Il y a eu une période difficile entre les deux albums, il s’est passé beaucoup de choses. Autant des problèmes entre nous que des soucis avec la justice, la moitié de la tournée « Gravé dans la roche » annulée. Maintenant que j’ai un peu de recul je me dis que c’est bien qu’on se soit mis en retrait comme ça, qu’on prenne du recul justement. Il y a eu un moment où on ne se fréquentait plus trop, on est un peu retournés à la vie normale. On est revenus requinqués, on a brisé la glace… (claquement de doigts) C’était parti pour Trait pour trait, même si cet album avait un goût de fin.
Blacko l’avait annoncé plusieurs fois pendant la promo de l’album, il ne s’en cachait pas.
Aketo : Pendant l’enregistrement de cet album, il avait déjà cette envie de partir vers le reggae, il était saoulé du rap. C’est un bon album, une belle aventure, mais ça sentait la fin du périple.
Artistiquement vous ne ressentiez pas une pression, après le succès de Gravé dans la roche ?
DJ Roc-J : Ce qui a dû les rassurer, c’est qu’entre 2003 et 2006 il y a eu au moins deux singles qui ont vraiment tourné…
Aketo : Ce qui nous a vraiment mis sur les rails pour Trait pour trait, c’est le feat avec L’Skadrille sorti trois ou quatre mois avant, « Les bons moments« . Le morceau a cartonné : il passait à la radio, le clip tournait… On était de retour dans le paysage, sur nos planches de surf. (rires)
DJ Roc-J : C’était peu de temps avant le morceau Blacko / 113, non ?
Aketo : A cette période-là ouais. Donc voilà, il y a eu deux ou trois trucs qui nous ont remis sur les rails. Ce qui est mortel c’est que ce n’était pas prévu à l’avance, le morceau avec L’Skadrille avait été enregistré presque deux ans avant, je l’avais presque oublié ! On l’avait enregistré fin 2004, et il sort en 2006. Ça tombait très bien, derrière on a envoyé Trait pour trait.
10 – Sniper – Intersection (Le regard des gens, 2008)
Aketo : Notre tout dernier morceau tous les trois, destiné à la B.O. de Taxi 4 (qui paraîtra finalement comme morceau caché sur l’album Le regard des gens de Tunisiano en 2008, ndlr). Je me suis déjà fait la réflexion que c’était bizarre que ce soit notre dernier morceau : c’est un storytelling qui s’appelle « Intersection » alors que c’est notre dernier morceau ensemble. L’histoire qu’on raconte parle d’intersections et à la fin tout le monde meurt, terminé. Encore une fois ce n’est même pas fait exprès. Après ce morceau chacun est parti dans ses expériences.
Maintenant que vous êtes réunis pour une tournée, est-ce que vous jouez des morceaux de Marqués à vie ?
Aketo : Non.
DJ Roc-J : Dans le medley que je fais je place un titre.
Aketo : Après on pourrait, on s’est déjà dit qu’il y avait un ou deux morceaux qui pourraient le faire. Mais le tri a été difficile à faire, il y a beaucoup de morceaux dans les trois premiers albums qui méritent d’être faits sur scène. On veut pas se retrouver avec un show de 3 heures non plus. On a jugé plus judicieux de faire passer en priorité les morceaux sur lesquels on est tous les trois. Après ça bouge d’une date à l’autre, des fois on essaye, on rajoute un morceau…
Vous jouez aussi des morceaux issus de vos projets solos ?
Aketo : Tunisiano fait un morceau de son album solo, moi je fais mon solo de l’album Gravé dans la roche, « Ce que j’ai sur le cœur ».
DJ Roc-J : Moi je lui dis souvent qu’il devrait jouer « Déceptions » issu de son projet solo Cracheur 2 Venin, mais comme « Ce que j’ai sur le coeur » est un très bon morceau et qu’il colle plus au retour de Sniper, il passe avant.
Aketo : Voilà, on a essayé de privilégier des morceaux qui sortent des albums du groupe vu qu’on appelé la tournée « Sniper Classics Tour ».
En ce moment on assiste à plusieurs retours sur scène de groupes, pour fêter les 20 ans de leurs succès, plutôt que les 10 ans… La réflexion qui me vient c’est que 10 ans, finalement, ce n’est pas si loin : prévoyez-vous de sortir de nouvelles choses ensemble ?
Aketo : Franchement je ne vais pas te mentir, à l’heure d’aujourd’hui il n’y a rien. Pas de voix posées, rien du tout, mais on en discute. Et après il y a aussi le fait qu’on a préféré partir sur les routes d’abord, pour se retrouver entre nous. C’est un peu une colonie de vacances : on écoute du son, on discute. Si le truc doit se recréer c’est comme ça, parce que quand on n’est plus sur les routes on a chacun nos vies, on est tous papas, les journées passent vite… On n’a plus forcément le temps de se caler en studio ou de traîner ensemble comme avant. Donc c’est surtout sur la route qu’on se retrouve, on est en train de vivre le truc, et on verra ce qui en sortira.
DJ Roc-J : On va avoir deux ou trois semaines sans tourner pour Noël, je suis quasiment sûr que ça va nous manquer. Ce soir on a 1500 personnes, ils seront 2000 à Rennes la semaine prochaine, et sans trop de promo. Il y en a, mais pas non plus du 4 par 3 partout, donc il se passe quelque chose, quand même.
Aketo : Franchement on a de la chance, on a un public qui suit alors qu’on n’avait pas prévu de partir sur une tournée. Comme je te disais tout à l’heure, entre Gravé dans la roche et Trait pour trait on a eu une période de froid durant laquelle on ne s’est pas trop calculés, mais après Trait pour trait on a encore plus pris nos distances. De mon côté je suis parti en Suisse, on s’est tous un peu écartés, du coup il n’y avait pas vraiment de contacts humains entre nous. Avant cette année ça faisait déjà un an et demi qu’on se reparlait et qu’on se côtoyait de nouveau. Il a fallu d’abord se revoir dans le privé, sans qu’il soit question de musique. Une fois qu’on s’est remis bien entre nous, on s’est dits que les dix ans de Trait pour trait approchaient, et que ce serait un bon délire de caler une date anniversaire. On a choisi La Cigale, histoire de faire une petite date parisienne pour marquer le coup. On ouvre la billeterie, on met le truc sur facebook, sans promo, sans campagne de pub, et en trois ou quatre jours c’était sold out !
Vous aviez fait une petite apparition, Tunisiano et toi, sur un concert de Blacko…
Aketo : Au Printemps de Bourges, oui. C’était une idée de Blacko, il voulait faire une petite surprise aux gens. Du coup on est partis avec lui, et on est montés à la fin de son show.
DJ Roc-J : En vrai l’envie y était.
Aketo : Un peu avant la Cigale, quand on a vu que la salle affichait complet, et que les commentaires des gens qui nous demandaient de passer par leurs villes fusaient de tous les côtés, on s’est dits qu’on allait tenter de monter une petite tournée sans être trop prétentieux, pas forcément faire un gros tour.
DJ Roc-J : (rires) Tu dis une petite tournée, on fait 1500 ce soir.
Aketo : Quand je dis « petite tournée » c’est qu’on ne fait pas 30 dates. Mais nous on est contents, c’est mortel, et j’espère que ça continuera en 2017 si Dieu veut.
Depuis Trait pour trait, vous avez tous développé des univers propres, artistiquement parlant. Ils étaient peut-être déjà là, mais vous les avez développés davantage. Dans le bus, est-ce qu’il y a des sons qui vous mettent encore tous d’accord ?
Aketo : Ça arrive, il y a des trucs qui nous mettent d’accord, mais on a quand même des goûts assez différents. Mais de toute façon c’est comme ça depuis le début. C’était toujours une galère pour se mettre d’accord sur une instru…
DJ Roc-J : On a ce truc d’écouter les nouveautés et le son américain depuis qu’on est jeunes.
Aketo, j’avais lu que c’était toi le spécialiste en rap américain par rapport au reste du groupe.
Aketo : C’est vrai que j’absorbe beaucoup de rap. Je me suis un peu calmé depuis un moment mais je suis assez curieux. Tunisiano, par exemple, est différent, il a un talent d’écriture, il n’a pas besoin d’absorber du rap pour être fort, il se nourrit d’autre chose. Pour moi il n’y a pas que ça, mais c’est vrai que je me nourris de beaucoup de rap, j’aime bien suivre ce qui se passe, que ce soit en rap français ou américain. Après je t’avoue que, sans vouloir être trop critique ou faire le vieux con, j’ai de plus en plus de mal à trouver mon bonheur. Je dois creuser pour trouver des trucs qui me plaisent.
On t’a beaucoup vu poser avec la scène indé ces derniers temps.
Aketo : Même à l’époque de Sniper c’était le cas. Le rap français c’est le rap que j’ai toujours écouté. C’est mon truc, le genre de rap que j’aime, donc les rapprochements se sont faits naturellement. Haroun c’est un frérot, on a beaucoup traîné ensemble, on a monté un label.
Où en êtes-vous avec Front Kick ?
Aketo : La structure existait déjà au moment de la sortie de l’album Au front d’Haroun. Après Trait pour trait j’ai beaucoup roulé avec lui, et j’ai appris plein de choses à son contact. On était ensemble, on a bossé des morceaux, et du coup j’ai opté pour Front Kick, je suis un artiste du label.
Il y a des choses qui se préparent ?
Aketo : L’album d’Haroun est dans les tuyaux, le mien aussi.
Un extrait est sorti il y a trois ans, « Addiction ».
Aketo : Il était destiné à un album qui a été avorté, suite à un problème avec mon ancien producteur.
Tu as donc matière à sortir un album.
Aketo : Ah ouais depuis le temps, sincèrement, je dois avoir l’équivalent de trois albums sur mon disque dur. Avec Haroun on est pointilleux, peut-être trop. C’est dû à l’envie d’avoir un album cohérent, le meilleur possible, de ne rien regretter, que chaque morceau soit bon. On se prend la tête. On a plein de morceaux mais on essaie vraiment de retenir la crème. On met du temps, mais selon nous c’est au service de la qualité.