C’est le dernier jour du mois d’octobre, en terrasse à Montreuil, que nous avons eu l’occasion de rencontrer Marc Nammour, rappeur et leadeur du groupe La Canaille, afin de lui poser quelques questions sur son dernier album intitulé La nausée et sur sa conception du rap, lui qui semble se tenir en retrait de la scène rap hexagonale. Il en est résulté, entre autre, une interview passionnante sur l’engagement politique et le rapport difficile des rappeurs aux médias.
En guise d’introduction, est-ce que tu peux nous dire qui se cache derrière le groupe La Canaille ?
C’est avant tout un projet artistique où j’écris des textes et je compose certaines musiques. Je m’entoure de musiciens qui se reconnaissent dans le projet et la direction artistique des textes. AL formation a changé d’albums en albums, ce ne sont jamais les mêmes. Ça me permet de découvrir d’autres façons d’aborder la musique, d’autres directions musicales, de se renouveler tout le temps. Chaque album a sa couleur en fonction des musiciens qui m’accompagnent. Ce n’était pas une volonté de départ, le premier projet était une bande de potes. Puis après, la vie a fait qu’on s’est séparé, chacun a eu ses choix de vie, les problèmes d’ego… La vie d’un collectif en fait ! Le pacte de gamins de dire : « on commence ensemble et on finit ensemble » n’est pas toujours évident concrètement, surtout quand on fait du business avec.
Au final, je suis le dernier des dinosaures, je fais partie de la formation originelle mais autour de moi tout a bougé. C’est quelque chose que j’accepte ! C’est-à-dire qu’à partir du moment où c’est cohérent, où le ciment qui nous unit avec les activistes du projet est sincère et authentique, moi ça me va.
Ce qui vous rassemble est donc une certaine conception de la musique et de l’engagement ?
Ce qui nous rassemble c’est l’envie de faire un rap singulier qui sorte un peu des sentiers battus et qui défende un propos. Pour tous les musiciens dans la formation le texte est hyper important. Il est hors de question de tomber dans la facilité ou dans des égo-trips bidons. On a envie de défendre une façon d’aborder le texte, une poésie urbaine !
Comment se passe le processus de composition ?
Personnellement, je suis très machine. Je suis rentré dans le rap avec la MPC. Je prends d’autres logiciels également. J’aime composer mes premières atmosphères avec la MPC car il y a un côté interactif et ludique. Même si le troisième album, je l’ai travaillé sur Maschine qui fonctionne de manière similaire à la MPC avec les pads mais sans les zips. Ce qui me rendait fou avec ce dinosaure qu’est la MPC, c’était les zips. Avec Maschine tout se passe sur l’ordi, tu charges tes morceaux en deux secondes et tu peux sampler à l’infini. C’est un peu plus facile de travailler avec. Sur ce troisième album j’ai beaucoup écrit sur les compositions de Mathieu Lalande qui avait bossé sur le deuxième également. Il a composé 8 titres sur 12 de l’album. Jérôme Boivin a également été très présent dans les arrangements.
Comment se déroule le passage de la machine aux musiciens ?
Chaque texte est écrit sur une petite boucle avec une atmosphère minimaliste qui me permet d’élaborer une thématique en me plongeant dans un imaginaire. Une fois seulement que le texte est écrit, une fois qu’on a un point de départ et un point de chute, alors on a la consistance et on peut commencer à travailler sur les arrangements. C’est là que l’ouverture avec les musiciens arrivent. Il y a une petite atmosphère qui tourne, on construit autour, soit on l’éclate, soit on l’enrichit, mais c’est là que le titre musicalement prend corps.
C’est un mode de fonctionnement qui n’a pas changé même si les musiciens, eux, ont changé ?
Ça a toujours été comme ça ! J’ai du mal à me dire que tel arrangement est judicieux ou efficace tant que je n’ai pas fini mon texte. Tant que je ne sais pas où je veux amener l’auditeur et dans quel univers je suis, j’ai du mal à me positionner vis-à-vis de la musique. Sinon je n’arrive pas à juger de manière pertinente si c’est bien à propos de mettre tel arrangement. J’ai besoin d’avoir le fond, puis les arrangements musicaux arrivent à la fin. Ça permet de bien coller aux lyrics dans l’énergie de ce que l’on veut faire!
Ça m’est bien sur arrivé de poser sur une prod qui défonce d’entrée de jeu. Elle me donne une idée, je rappe dessus et je ne change que très peu de choses par rapport à ce que j’ai reçu au début. Toutefois, c’est assez rare car la majeure partie du temps on commence par le texte et on finit par la musique.
Vous avez sorti le 22 septembre votre troisième album intitulé La nausée. Y a-t-il eu quelque chose de différent pour ce troisième album qui a attiré l’œil des médias ?
Ce n’est pas faute de notre part de communiquer sur chaque album. Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait eu de la discontinuité entre les trois albums. Depuis le premier album sorti en 2009, j’ai juste l’impression d’évoluer dans mon art, de prendre du galon, d’épurer progressivement et de creuser la direction artistique du projet « La Canaille ». Médiatiquement, sur ce troisième album il se passe des bonnes choses mais c’était déjà le cas sur le deuxième album. Le truc c’est qu’on n’était pas forcément dans les médias spécialisés, plus dans les médias généralistes. Mais je me suis dit qu’il était hors de question de délaisser les médias rap. C’est mon entrée dans la musique.
La force peut-être de La Canaille, c’est en même temps de parler aux kiffeurs de rap qui sont rentrés dedans au début des années 90, les trentenaires qui ont grandi avec le rap, et réussir à toucher également un public plus large qui est celui des kiffeurs de textes, la tradition chanson française, qui sont là et qui veulent de la poésie, des chansons à thème. On se rend compte qu’en concert on touche pas mal de personnes différentes qui, même s’ils ne sont pas des auditeurs habituels de rap, viennent écouter des textes qui leur parlent.
Sur cette question de la médiatisation, certains ont pu, comme moi, découvrir La Canaille sur un article du site Rue89 sur l’engagement dans le rap et qui déplorait son absence. Quel est ton avis sur cette question ?
C’est un truc de journaleux de dire qu’il n’y a plus rien. Le côté « il n’y a que La Canaille » m’a déplu. Après, en étant honnête, la tendance dans le rap en ce moment n’est pas à la politisation et à l’engagement. La défense du texte n’est pas mise en avant. Moi qui suis un gros fan de rap qui écoute pas mal de sorties afin de me nourrir la tête, je suis un peu en manque donc j’essaye d’écouter un maximum et je suis parfois déçu. Mais je trouvais que l’article était exagéré et que ça craignait un peu pour les autres…
Qui écoutes-tu en rap français ?
Ma famille rapologique n’est pas extrêmement grande. J’ai surkiffé les trois premiers maxis et albums de La Rumeur, même si je me reconnais moins dans ce qu’ils font maintenant. Je surkiffe Rocé, Casey et puis Fabe. La rage de dire fait partie de mes albums de chevets que je passe du début à la fin sans rien toucher. Il y a également une rappeuse qui est en train de se faire un petit nom en ce moment et qui s’appelle Billie Brelok ! C’est tellement difficile pour les meufs dans le rap… Cabadzi, La Gale, Psykick Lyricah, Lucio Bukowski, Hippocampe Fou me fait marrer… Et puis j’adore Vîrus et son univers, son côté caustique qui dérange ! C’est un super bon pote donc je soutiens à fond. On devrait d’ailleurs se faire une connexion ensemble !
Il y a quelques mois on interviewait l’Asocial Club. Casey réagissait par rapport à un article qui était paru dans Le Monde et qui soulignait encore le désengagement dans le rap français, notamment par rapport à la montée du Front National. Elle soulignait quant à elle que l’engagement dans le rap ne se limite pas à ça, mais que c’était ce qui était attendu de la part des rappeurs par les médias. Tu as fait un son intitulé « Jamais nationale » dans lequel tu critiques les idées nationalistes. Pourquoi cela parle-t-il encore aux gens ? Que penses-tu de la réflexion de Casey ?
Je suis complètement en désaccord avec le fait de dire que tu es engagé parce que tu craches sur le Front National et qu’il faut cracher sur le Front National pour être engagé. Cela ne me suffit pas ! Ce n’est pas le seul propos de notre album. L’album s’appelle La nausée car il décrit pourquoi je me sens mal dans la société française actuelle. Une des raisons de ce malaise, c’est la montée des idées nationalistes. Ne pas en parler, ça aurait été une forme d’autocensure, cela fait partie du climat nauséabond dans lequel on vit en ce moment. Je n’avais jamais traité cette thématique sauf dans une chanson fleuve sur le premier album qui s’appelle « Allons enfants ! » dans laquelle j’incarnais cette voix nationaliste en prenant sa place. Depuis, je n’avais plus traité ce thème car je me disais que tout avait été déjà dit.
Je réagis beaucoup à l’affect quand j’écris, et on se rend compte en ce moment que les idées du Front National progressent dans toutes les strates de la société. J’avais envie de faire un morceau un peu « coup de gueule » ! C’était l’idée de reprendre un slogan de manif’ « Mon identité ne sera jamais nationale » et fédérer tous ceux qui se reconnaissent dans ce genre de discours. C’est quelque chose qui me représente. « L’identité est plurielle » comme disait Rocé sur « Chante la France » et je trouvais important de le mettre au goût du jour ! Mon engagement c’est pas sur une chanson à la Yannick Noah, je ne vais pas être politisé sur simplement un titre. Si tu regardes toute la discographie de La Canaille, tout est politique ! Parce que je ne peux concevoir l’écriture que de manière politique. Non pas juste dire être partisan, mais être concerné par ce qu’il se passe.
Dans la même interview que Casey, Vîrus soulignait que prendre un micro et dire quelque chose, peu importe que l’on soit dans l’amusement ou la dénonciation, est obligatoirement un acte politique !
Je suis d’accord avec ça ! Prendre un micro est une prise de position. Si tu regardes, sur toute la discographie de La Canaille, à chaque chanson il y a une thématique qui est dans la même direction artistique. J’analyse soit un sentiment, soit un événement, mais toujours par les yeux d’un prolétaire. C’est donc nécessairement hautement chargé politiquement. Être un prolétaire, ce n’est pas un gros mot, ce n’est pas dénigrant, c’est juste la majorité de la population qui en temps de crise en prend plein la tronche en première ligne de front. Ce sont ces gens-là à qui j’ai envie de faire honneur, à qui j’ai envie de m’adresser quand j’écris ou quand je fais des concerts. C’est hautement politique et ce serait hyper réducteur de dire qu’on va faire une chanson contre le racisme et ensuite on va faire de l’entertainement.
Cette position politique n’est-elle pas en contradiction avec ton passage sur Deezer ou ta diffusion sur Canal + ?
J’ai découvert que mon son était passé sur Canal + en même temps que les gens. Malheureusement, tu n’es pas maître de tout… J’ai été le premier surpris quand j’ai reçu des messages me disant que j’étais passé à La Nouvelle Edition. Je suis allé voir ça. D’ailleurs ça m’a saoulé car les photos n’étaient pas actuelles, c’était encore l’ancien groupe. En plus, balancer ça comme ça sous un dossier qui s’appelle « Le Pen n’aime pas le rap »… Vive la vérité de polichinelle ! Évidemment que Le Pen n’aime pas le rap, on lui crache dessus à longueur de temps.
Après, tu ne maîtrises pas, s’il parle de toi cela te donne un peu de visibilité. J’ai toujours peur de me faire récupérer mais bon, ils décident de parler de ça, ils n’ont pas craché dessus donc si ça peut permettre à des gens qui n’avaient jamais entendu parler de La Canaille de prêter une oreille au projet, ce sera toujours ça de pris. Je préfère qu’on me présente sur Canal + en disant « ce mec répond à Le Pen » plutôt qu’en disant « ce mec a fait huit millions de vues dans un clip avec des meufs à poil ».
Pour Deezer, les choses se sont passées différemment. Deezer est une plate-forme musicale avec des « Deezer Sessions » qui sont de haute qualité au niveau de la vidéo ou du son. Alors tu prends ça comme de la promo et de la visibilité. Quand tu es en auto-prod, le nerf de la guerre est la visibilité. C’était une belle proposition puisqu’ils nous laissaient carte blanche. On a envoyé un track comme « Omar » qui dure huit minutes, j’ai halluciné qu’ils acceptent. Les mecs ont suivi car le boss des Deezer Sessions a kiffé artistiquement notre projet et le propos. Je m’entends très bien avec lui.
Au-delà de se dire que tu collabores avec le grand gourou Deezer, c’était plutôt de me dire que j’avais une fenêtre d’expression. Fallait-il y aller ou refuser ? On me donnait une liberté artistique totale. J’y suis allé car je considérais que c’était important pour le projet de faire parler de La Canaille dans le bon sens. Je considère qu’en live La Canaille prend encore une autre dimension. Tu vois qu’il y a des musiciens, que c’est un groupe, qu’on peut vraiment varier d’atmosphère. Quand tu écoutes le disque et que tu viens voir en live, tu te rends compte qu’il y a un travail qui a été fait pour adapter les titres sur le live. Ce n’est pas simplement une redite de l’album.
Parfois je suis déçu quand je vais voir des concerts de rap car c’est exactement la même chose que sur le disque mais avec un son moins bon. Je reste sur ma faim et je me dis que j’aurais aimé qu’il y ait autre chose, c’est une autre écoute quand tu es en live. Travail de live et travail de disque sont deux énergies différentes. Il est important de ne pas délaisser ce côté-là. Le rap a une vocation première qui est le live, c’est cette énergie !
Si demain Canal + te contactait et te demandait de faire un live, tu accepterais ?
Je pense que j’irais car je me dirais que c’est une tribune de plus. On n’ira pas pour chanter « levez les bras de gauche à droite »… ça me ferait délirer car c’est un gros média à grosse audience dans lequel je pourrais cracher mes titres avec le propos de La Canaille. Si on te tend une perche, tu vas t’en servir et l’utiliser de manière politique. Cela ferait du bien qu’au lieu de cette espèce de variété, on ait sur les grandes chaînes une sorte d’attentat sonore ! Voir par exemple, au milieu de cette grosse messe médiatique, un groupe comme l’Asocial Club, ça me ferait rire ! Après ça ne changera pas le monde, mais en tant que public je me dirais que ça fait plaisir que la direction artistique change de temps à autre.
Le tout, c’est de ne pas se fourvoyer. Si tu as cette vitrine-là et que tu fais un titre hyper consensuel, alors là tu joues le jeu. Si on m’appelle, je vais sortir le titre le plus hardcore de La Canaille. C’est comme cela que l’on va se positionner. Tout dépend de ce que tu fais de la tribune qui t’est donnée. Si tu vas à Skyrock, que tu te réappropries la vitrine médiatique et que tu la retournes, les auditeurs qui n’auraient pas eu connaissance de ton projet et de tes idées en ont connaissance. Le tout est d’être cohérent dans ta direction artistique. Ce qui me fait le plus mal, c’est quand les artistes changent leur direction artistique pour avoir plus de succès. Mais si tu ne bouges pas dans ta direction artistique et que l’on te donne une tribune pour t’exprimer, je ne vois pas pourquoi il faudrait refuser. Si tu vas faire ton art comme tu as envie de le faire et qu’il te représente complètement, alors va cracher ta valda sur tous les haut-parleurs du monde ! Je pars de ce principe-là !
Se fourvoyer, c’est présenter un projet duquel tu vas couper tous les mots qui fâchent, faire une direction artistique de boum-boum. En faisant cela, tu renies d’où tu viens, l’origine sociale du rap, le côté politisé et haut-parleurs de la rue ! Le tout c’est d’être cohérent avec soi-même ! Je sais très bien que mon son ne passera jamais sur Skyrock car ma direction artistique ne colle pas avec la direction artistique de la radio. Je sais que je n’y serai jamais invité car on ne défend pas la même vision du rap. Si un média comme celui-ci décide de te passer, c’est que ta direction artistique est étrange… Si un média aussi pourri s’intéresse à ton travail, ça veut dire que tu vas dans une direction susceptible de rentrer dans leur grille. Tout le rap que j’écoute ne passera jamais sur Skyrock ! Ma direction artistique est pointue et sans concession, du coup si on m’invite j’y vais grave !
Tu sembles parfois être entre le rap et le slam. As-tu une préférence particulière ? Est-ce en fonction de ton ressenti sur l’instrumentale ?
Je m’en fous de savoir comment les gens vont percevoir le truc. Mon travail de base est de jouer avec les mots. Si tu restes dans le spectre du rap, tu réduis tes possibilités. Tu peux jouer avec les mots de manière complètement différente. J’aime aller dans d’autres formes d’expression qui sont moins rap et qui te permettent de toucher d’une autre manière. Si je fais des titres, c’est pour espérer provoquer de l’émotion et toucher les gens. Je considère que tu peux toucher en sortant du format « rap classique » et par exemple en écrivant en prose. « Monsieur, Madame » ou « Omar » sont des morceaux qui ne sont pas au format classique, avec un côté plus théâtral, mais qui me permettent de m’exprimer différemment. Ils créent un décalage risqué mais intéressant artistiquement. Je fais plein de créations dans le milieu de la poésie où c’est plus en prose, tu balances un texte, et ça m’intéresse aussi car j’ai envie de tout explorer. Mon travail est de jouer avec les mots donc peu importe, je ne veux pas revendiquer une identité strictement « hip-hop » qui risque de me restreindre dans mon champ d’expression. En même temps, je considère que les morceaux en prose sont les plus intéressants car les plus audacieux. Cette prise de risque est revendiquée et fait partie de la direction artistique que je défends.
Tu ne fais d’ailleurs quasiment pas de featurings ?
Je n’ai jamais collaboré avec des rappeurs français. J’ai simplement eu Napoleon Maddox qui est venu sur le second album et Sir Jean sur le dernier. Mes featurings ne peuvent pas être faits autrement que par d’abord une rencontre kiffante, et ensuite une direction artistique. J’aimerais vraiment faire un titre avec Rocé et un titre avec Vîrus, ce sont deux plumes avec qui j’ai envie de collaborer car il y a eu une rencontre humaine également. On est en train d’y réfléchir mais ce sont deux artistes avec un emploi du temps chargé, il faut avoir le temps de se retrouver mais un titre avec eux pourrait être vraiment classe.
As-tu d’autres projets en cours ?
Mon projet principal est La Canaille, on défend le troisième album sur scène. Mais à côté de ça je reviens d’Egypte où je faisais une création poétique avec un rappeur égyptien du nom d’Abdallah Al-Minyawi qui a vraiment déchiré. J’ai d’autres projets actuellement, en novembre je tourne la lecture improvisée du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire avec Zone libre, c’est-à-dire Serge Teyssot-Gay et Cyril Bilbeaud. J’ai fait un découpage du texte, on scande ça en improvisation totale. C’est une heure et demie et c’est un seul track !
Après il y a plusieurs autres projets car tu es obligé de les multiplier. Premièrement c’est une contrainte financière, tu ne peux plus vivre sur un seul projet, mais c’est aussi une envie artistique qui te fait évoluer, progresser. Tu te mets à poil sur des terrains où tu n’as pas l’habitude d’aller. Je vis de ma musique mais en multipliant les projets. C’est ce qui me permet d’avoir une liberté artistique totale, ne jamais penser au côté commercial, et de m’éclater.
Vis-tu de ta musique ?
Cela fait quatre ans, depuis la fin de mon premier album, que j’ai la chance de pouvoir vivre de ma musique. C’est un putain de luxe à la sueur du front ! Tu gères tout toi-même et tu taffes. Pour collaborer dans d’autres projets, il faut écrire. Ce n’est pas la vie d’artiste, c’est la vie de charbonneur. Je dis souvent que je suis un ouvrier de la musique, tu as ta seule force de travail et tu ne comptes que là-dessus. Tu n’as pas de passe-droit, plutôt des bâtons dans les roues pour t’en tenir à ta direction artistique !
Un petit mot de la fin ?
Vive le rap subversif !
Vous pouvez suivre l’actualité de La Canaille sur le facebook, écouter La Nausée sur Deezer pour vous faire une idée et vous procurer l’album à la Fnac ou en ligne.
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