Ce qui caractérise la vaste salle du Bikini, en plus de sa programmation variée et de son ambiance cosy, c’est une acoustique exceptionnelle. Les toulousains les plus chauvins parlent de la meilleure acoustique d’Europe. Et ce sont donc des Jenifer, IAM, et autres Tété qui se retrouvent habituellement programmés dans cette salle. Ainsi, quand 10vers et sa Bim Bam Prod y organisent un plateau de rap indépendant c’est un évènement, mais aussi un pari, puisqu’il va s’agir de remplir la salle.
On ne laisse pas planer le suspense plus longtemps : le gros travail de communication effectué par l’équipe a porté ses fruits, et les aficionados sont venus d’un peu partout en Francophonie. Et tant qu’à faire, on soulignera aussi la ponctualité et le travail carré de programmation et de logistique, qui ont permis un déroulement sans fausse note ni temps mort, même pas le temps d’aller en griller une entre les sets. Un écran géant en fond passera des animations en lien avec chaque set tout le long du concert, on ne se contente plus d’une paire de bâches en guise de décor.
1ère partie : Omerta Muzik et Open Mic
Ouverture des portes à 19h30, et après un bref warm up de DJ Jof et DJ Black Pig, ce sont les toulousains d’Omerta Muzik qui ouvrent le bal à 20h pétantes. Le public commence à investir la salle, il y a encore du monde dans la queue dehors, mais Melan, Diaz, Fadah, Selas, Capdem et Rilcy arrivent à rameuter de plus en plus de monde devant. La foule se fait plus compacte, et sur l’intro du désormais classique « La vingtaine », on peut voir les premières mains se lever. Le collectif toulousain en profite pour payer son coup au premier rang, et c’est sans transition que débarque le groupe Open Mic, composé de Vasco et L’oncle Tom, à 20h30. C’est solide et technique, et la complicité entre les deux compères est flagrante. Entre extraits de leur tape sortis en décembre dernier (Le train en route), et morceaux issus de l’album en préparation, les deux membres de la Bim Bam Prod lâcheront une petite dizaine de morceaux. Diky The Kid aka DJ Black Pig viendra lâcher un couplet, et L’oncle Tom payera sa démo de breakdance, accompagné de deux acolytes venus pour l’occasion.
Jeff Le Nerf
On est de suite plus nombreux à l’arrivée du MC grenoblois qui débarque quelques minutes plus tard, affublé d’un T-Shirt « F*** you i’m infamous » (dont le clip aurait dû être dévoilé en même temps sur la scène que sur YouTube, mais qui n’étant pas prêt, sortira un peu plus tard). Jeff se fait plaisir sur scène, et le fait savoir : « Quel régal, quel plaisir !« . Son backeur est omni présent, et le jeu de scène nous rappelle que Jeff est passé par la case « IV My People ». Il dédicacera d’ailleurs son « grand frère » Kool Shen entre deux morceaux. Du débit, des grosses lignes, des inédits, des extraits déjà connus issus de l’album Kilos de plumes et grammes de plomb, et quelques anciens morceaux, pour une petite heure bien remplie, qui laisse présager le meilleur pour l’opus à venir. Une mention spéciale à « Petit voleur » et « Électron libre » qui soulèveront la foule. Il en profite pour tenter de démoder l’autotune sur un inédit, et lance quelques piques à la radio première sur le rap, »même pour Fred on est trop nocturne. » Son set se termine par l’outro de l’album à venir : « Si demain j’arrête ».
Scylla
Une voix sortie d’un film qui exhorte des soldats à se révolter, un piano, puis une annonce de la compagnie aérienne « Abyssale » avertissant le public des risques encourus par la plongée en profondeur qui les attend… bref, une intro appropriée qui débouche sur le titre « Abysses ». Scylla enchaîne les titres, de « Second souffle » qui fait son petit effet, à « Rien à remplacer » et son premier couplet acapella, en passant par « Coupable », « J’réclame », etc. DJ Alien paye son set, et là aussi on sent le technicien. Un tour de passe-passe débute entre Scylla et le DJ qui conclut les lignes du MC par des phases cultes du rap français. Ultra efficace. Le poto Bilel vient aussi poser un morceau et sa poignée de punchlines. La température monte à mesure qu’on s’enfonce dans les profondeurs, et l’on soulignera les qualités d’interprétation du MC bruxellois qui réussit l’exploit de tenir un public désormais bouillant avec des discours posés et des acapellas soignés. On sent que le set est rodé, et que contrairement aux autres artistes programmés, il n’est pas là pour présenter un album en préparation. L’ ‘abyssal public’ répond à « Répondez-moi », et Scylla termine sur une prod « patate » en guise d’au revoir, l’assistance est prête à recevoir la Bastard Prod.
Bastard Prod
L’équipe toulousaine est attendue, au vu du nombre de spectateurs arborant les couleurs de la Bastard Prod. Ils débutent avec « Le poids du mal », nouvel extrait du tant attendu Testa Nera, et des images issues du clip/court-métrage évènement défilent dans leur dos. Furax, démoniaque comme à l’accoutumée, interpelle la foule comme il sait le faire, entre petites provocations et exhortations à faire du bruit. Les « chiens » du premier rang sont déchaînés, et Furax dévoilera quelques titres issus de l’album à venir, certains, comme « La France sans maquillage », étant déjà connus du public via les vidéos lives qui tournent sur YouTube. Dans la catégorie totalement inédit on aura droit, entre autres, à « Fin 2012 » (qui fait le lien avec Fin 2006) et « De haine et d’eau tiède », sur une prod lourdissime de Mani Deïz, qui laissera une grosse impression. Tout ceci ne faisant bien entendu qu’augmenter l’attente déjà grande autour de la nouvelle galette. On aura même droit à quelques « vieilleries », et ça pour le coup c’est nouveau, avec un « Croisades » très chaleureusement accueilli par le public. Abrazif, Toxine, Sendo et Furax ont également bien tourné cette année, et là aussi on sent le set bien maîtrisé et une grande complicité entre les compères. 10vers vient jouer le « Freestyle de mauvais augure » et « Couleur » avec l’équipe, puis c’est Jeff Le Nerf qui vient interpréter un inédit avec Barbe Rousse, suivi de Scylla pour « Erreurs génétiques ». Le poto L’Hexaler vient backer un « Qui m’demande » en forme de bouquet final.
Inglourious Bastardz
L’instru de « J’rentre dans le rap » débute, et les membres de la clique Inglourious Bastardz déboulent progressivement (dont Neka, Menshen et Swift Guad qu’on n’avait pas encore aperçus), enchaînant avec un « J’commence » endiablé, sur scène comme dans la fosse. La chaleur monte encore d’un cran, malgré l’heure tardive, et s’en suivent « L’âge de raison » et « Appel radio ». Swift paye son solo avec « Majeur et vacciné », et rappelle au public qu’il reste un gros kickeur, malgré ses nouvelles orientations musicales. L’Hexaler vient poser un solo visiblement apprécié par le public, et Sëar Lui-Même joue les invités surprise en lâchant son couplet issu de Marche Arrière. Enfin, toutes les équipes présentes dans la soirée se réunissent pour un « Hommage » aussi bordélique que bouillant, après plus de 5 heures de show.
10vers nous a lâché ses impressions : « Que d’émotions ce soir ! Un Bikini plein, des artistes comblés, une équipe derrière tout ça en béton, un petit succès pour la Bim Bam Prod et j’espère pour d’autres aussi. Accueillir l’ogre bruxellois Scylla avec toute son équipe était juste un grand plaisir, de même pour Jeff le Nerf, Antholoj, et Dj Jerk, les frères d’Inglourious de Suisse, Belgique et Montreuil, ça reste en famille; et puis Bastard Prod, qui ont présenté un show comme jamais ils l’ont fait, un plateau familial voilà comme je définis le truc. Et puis mettre aussi en avant les petites équipes toulousaines comme Open Mic et Omerta Muzik allait de soi, ça reste toujours dans ce cadre « famille ». En tout cas voir un public présent comme celui-ci était juste magique, alors je vais remercier tout le monde pour ce moment mémorable : merci aux artistes Scylla, Lamser, Alien, Ebola, B-lel, Omar, Psyktré, Jeff le Nerf, Antholoj, Jerk, Hdc, L’Hexaler, Swift Guad, Neka et Menshen, Sëar Lui-Même, toute ma Bastard Prod et ma Bim Bam, Omerta Muzik, DJ Black Pig et DJ Jof ainsi que DJ Hesa, Pedro, CMF, Yuma et Le Bon Son ! Mais j’insiste sur les gens de l’ombre, les bénévoles, ceux qui ont géré la vidéo et la projection, et tous les soldats qui ont fait le déplacement. Mon ressenti pour conclure c’est que rien n’est impossible quand on s’y met tous… Toloza. »
Photos : L’Antiquaire – En-tête : Chaz Shandora
Si vous souhaitez suivre l’actualité du Bon Son, n’hésitez pas à rejoindre la page facebook ou le compte twitter du Bon Son.