Lucio Bukowski – l’interview « Sans signature »

Après « Confiture d’orties » en mars, lundi dernier est sorti « Testament », le deuxième extrait de « Sans Signature », le premier album de Lucio Bukowski (L’Animalerie, 69), prévu pour novembre. L’occasion pour Le Bon Son de soumettre ses questions au MC, qui revient sur son parcours dans la musique et dans l’écriture, son collectif, ses influences, et ses (nombreux) projets. Check it out :

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Le Bon Son : Tout d’abord, quel son se mettre dans les oreilles pour lire ton interview dans de bonnes conditions ?

L’album de JJ Doom : « Key to the Kuffs ».

Lucio, comment te sens-tu à l’approche de la sortie de ton premier album ?

Très serein. Comme toujours. Je n’ai jamais de pression quant aux sorties de projets : les gens accrochent ou n’accrochent pas au fond ce n’est plus vraiment mon soucis. Mon travail s’achève à l’enregistrement. Pour ce qui est de la diffusion je laisse cela aux auditeurs qui sont finalement les seuls à décider. Et puis comme nous ne passons par aucun réseau de publicité ou de communication… Nous demeurons des petits artisans.

D’ailleurs 6 maxis mais seulement un album en 10 ans de pratique, pour quelle raison ?

J’aime beaucoup le format EP. Il permet de tenter des choses très différentes d’un projet à un autre et surtout cela peut se faire très vite. J’évite en général les projets qui s’étendent sur une trop longue période : je trouve que cela tue un peu l’unité d’écriture et la cohérence musicale. Pour « Sans signature » c’est un peu spécial car cette désagrégation est en partie voulue… Le fait de travailler avec des beatmakers différents joue aussi un rôle dans ce choix du format EP : je peux faire un maxi avec Milka et un mois après en enregistrer un autre avec Oster. J’aime cette façon de travailler…

Quelle évolution vois-tu entre tes projets précédents et cet album ?

Cet album nous a pris un an et demi, du coup il traverse différentes périodes et différents styles : on y trouve de « L’ébauche d’un autoportrait raté », du « Lucio Milkowski », du « Feu sacré des grands brûlés » de même que diverses expériences musicales qui seront plus ou moins bien reçues…

Qui retrouvera-t-on à la prod ? Seulement Oster Lapwass ?

Oster produit 80% du disque. C’est notre projet à tous les deux. Néanmoins il y a d’autres beatmakers présents : évidemment Milka et Nestor Kéa (on ne change pas les équipes qui gagnent), mais également mon pote Haymaker et puis Missak.

Et côté invités ?

Très peu d’invités au final, car certains morceaux ont été retirés et gardés pour d’autres projets (notamment un titre avec L’Animalerie presque au complet qui sera finalement sur Lucio Milkowski vol.3). Dans Sans Signature vous retrouverez Anton Serra sur deux tracks, mais aussi Hippocampe Fou, DJ Fly et puis un OVNI sonore et textuel avec Arm.

« J’évite en général les projets qui s’étendent sur une trop longue période : je trouve que cela tue un peu l’unité d’écriture et la cohérence musicale. »

Quel premier bilan tires-tu de ton EP « Le feu sacré des grands brûlés », sorti en août ?

Cet EP est une grande réussite sur tous les plans pour moi et Oster : textes, prods, mix, visuel, vidéo… C’est probablement mon projet le plus abouti (il a pourtant été réalisé en moins d’un mois tout compris). Je suis très satisfait de nos choix autant artistiques que techniques. Ce maxi est assez proche de mon idéal hip hop… D’autant plus que l’on a pris quelques risques, notamment avec le morceau « Feu sacré » qui sort assez de mes habitudes…

Comment se passe la transition entre la grande productivité actuelle de l’Animalerie (foultitude de sons qui sortent) et la structuration du travail (en albums, projets solo ou groupés) ?

L’Animalerie n’étant ni un groupe, ni un crew (au sens propre) mais plutôt un « label de qualité », chacun est libre de son rythme, du choix de ses projets, de ses visions artistiques ou de ses stratégies de communication (si je puis dire…). C’est ce qui fait notre force : cette indépendance autant interne qu’externe. La créativité et le plaisir de faire de la musique ensemble, voilà ce qui a fait gonfler nos voiles. Le tout dans l’intégrité et la productivité.

10 ans d’écriture : pas que du rap je suppose, quoi d’autre ? Des projets dans ce domaine ?

J’ai écrit avant de rapper. Poèmes, courtes nouvelles… Aujourd’hui je continue la poésie et la narration dans mon coin. Mon objectif hors-musique (mais cela prend beaucoup plus de temps) c’est évidemment le roman.

D’ailleurs, que lis-tu le plus (littérature, poésie, philo, BD…) ?

Littérature et poésie en grande quantité. Globalement les arts tels qu’ils soient, de Jérôme Bosch aux bandes dessinées de Will Eisner en passant par le cinéma de Dino Risi ou de Kubrick. Je m’imprègne de tout. Beaucoup d’essais politiques également (les penseurs anarchistes et antilibéraux m’intéressent particulièrement : Kropotkine, Thoreau, Debord, Clouscard…).

En rap, quelles sont tes influences ?

MF Doom. Percee P. RA The Rugged Man. Ce genre d’auteurs-techniciens qu’on trouve finalement assez peu en France où tu es soit l’un, soit l’autre (et pour beaucoup ni l’un ni l’autre)…

D’autres trucs à nous annoncer ?

« Lucio Milkowski vol.3 » pour décembre, « L’Homme Vivant » (EP produit par Haymaker) pour janvier, « L’Art raffiné de l’Ecchymose » (LP avec Nestor Kéa) pour février et enfin l’album Lucio Serra (Lucio Bukowski-Anton Serra-Oster Lapwass) courant 2013.

Le mot de la fin :

Profiter des jours qui passent.

Sans signature : sortie courant novembre

Facebook Lucio Bukowski / Lucio sur www.osterlapwass.fr

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