BLu est devenu au fil des ans l’un des visages phares de la scène hip-hop indé de la côte Ouest. Depuis 2007 et son « Below The Heavens » co-signé avec Exile, il est incontournable. S’il s’essaie de temps à autres à la production, c’est plus naturellement en tant que rappeur qu’il a sorti fin mai « Good To Be Home », double album hommage à sa ville de Los Angeles.
Suivant la traditionnelle intro de circonstance, BLu nous emmène sans escale dans sa Californie natale. « The Return » dresse dès le début un amer constat :
« Yeah “it feels all good in the hood”, I know it ain’t / Should be smellin’ all good, but, I know it stank ».
Pour autant, tout au long de ces 20 pistes, BLu nous fait naviguer dans la nostalgie des quartiers où il a grandi. Pour l’accompagner, le (trop) méconnu Bombay se charge des productions. Un régal, tant ses accents soulful caressent l’oreille. On notera forcément quelques pépites aux couleurs G-Funk, saveurs californiennes par excellence (« The West part2 « , « Rap Dope » par exemple).
Le hip-hop plutôt que le deal, survivre au milieu des gangs, l’attachement à la Californie…. Voilà pour les thèmes récurrents de l’album. Facile ? Déjà vu ? Peut-être, mais BLu, pas franchement « gansta rapper », nous évite quand même des relents trop moralisateurs. Il raconte juste un peu de sa vie et de sa ville, sur fond d’hommage aux anciens : les références au rap et à l’ambiance des années 90 sont nombreuses, jusque dans les titres : « Boyz N The Hood », « Dre Day »…
http://youtu.be/6HfYeMoV8xY
Le style de BLu, lui, paraît toujours désinvolte, mais son flow glisse avec toujours autant d’aisance. Il revendique d’ailleurs ce rap posé (mais diablement plaisant) qu’il décrit de « comfy like Bubbles and Baths » sur « The West ».
On se laisse porter par ce voyage et on écoute sans fatigue les 20 titres d’une traite. Les boucles soul sont légion (« Red & Gold », « Bobby Brown » par exemple), et les invités – quasiment tous californiens – viennent sublimer les productions de Bombay.
On dodeline alors volontiers sur « Can’t Stop Won’t Stop » featuring Evidence, Krondon et Planet Asia (entre autres !). On s’arrête sur « Boyz N The Hood », pour la référence évidente* et les flows du génial Fashawn et du trio Pac Div. On transpire sur le très brûlant et langoureux « The Summer/Angel Dust » : les samples de Gil Scott-Heron et les couplets de LMNO, 2Mex et Imani (The Pharcyde) risquent de vous faire partir loin…
« Good To Be Home » est l’une des belles sorties de l’année. BLu, très bien épaulé par Bombay, nous emmène dans un Los Angeles très 90’s qui fera plaisir tant aux aficionados du rap west coast indé qu’aux dingues de l’époque NWA.
Pour vous procurer « Good To Be Home », ça se passe ici.
Date de sortie : 19 mai 2014 // Label : New World Color, Nature Sounds
*Boyz N The Hood est un morceau de Eazy-E (NWA) écrit par Ice Cube, véritable succès à la fin des années 80. En 1991, un film du même nom raconte la vie d’un jeune homme dans le quartier de South Central à LA. Film culte pour toute une génération, Ice Cube y joue alors son premier rôle au cinéma.
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