Flynt – l’interview « 10 Bons Sons »

Le 16 mai, une affiche alléchante nous était proposée par Street Addict au Queens kong club de Neuchâtel : nous avons eu droit à un plateau en deux parties, commençant par Les 10′ et se terminant par Flynt. L’occasion pour nous de rencontrer Larry pendant une vingtaine de minutes et de revenir sur une longue carrière riche de notamment deux albums.

1. Splifflife [Skunk Anthology, 2001]

Mon premier morceau solo, posé en one-shot, enregistré en une seule prise. Bon souvenir parce que ça avait été fait pour la compil Skunk Anthology. C’est un morceau que les gens aiment bien, je le remarque en concert. C’est marrant de voir 15 ans après quelle vie a eu un morceau et c’est vrai que celui-là a une belle vie. Ce titre est sorti en cassette à l’époque, la qualité n’est pas exceptionnelle mais moi j’aime ça. C’est ce que j’ai retrouvé dans le couplet que j’ai fait pour la compil Marche arrière pour Le Gouffre l’année dernière. L’instru de Char dans Marche Arrière a ce grain un peu sale que j’aime bien.

2. Vieux avant l’âge (Feat Koma & Mokless) (prod. L’agence) [Explicit Dix-Huit, 2002]

C’est le premier morceau que j’ai produit moi-même pour la compilation Explicit Dix-Huit. Avec Choc frontal ce sont les premiers de mes morceaux que j’ai produit moi-même. Pareil, c’est un morceau qui a eu une belle vie, les gens s’en souviennent.

3. Crazy (feat Lyricson & Iris) (prod. Para-One) [N-Recordz, 2003]

Morceau avec Iris et Lyricson, enregistré un tout petit peu après Explicit Dix-Huit. C’est Iris qui m’avait invité sur son maxi, d’ailleurs il est prévu que le maxi soit réédité, parce que ça fait un moment qu’il est épuisé. Lyricson c’est le mec le plus impressionnant que j’ai croisé en studio. On était dans un home-studio chez Paraone, on a posé Iris et moi et après il est venu, il a mis le casque et il a envoyé des vibes pendant 20 minutes. On est resté scotchés. Après il enlève le casque et il nous fait « Voilà les gars, je sais pas si c’est bien ». Je lui ai dit « Mais tu rigoles man ! Ce que tu viens de faire là c’est violent ! » Il venait de poser plein de refrains différents, plein de flows et de vibes différentes, on n’avait plus qu’à choisir. Et puis parlons de l’instru de Paraone ! Paraone vient de mixer pour l’ouverture du festival de Cannes, il fait le tour du monde, il a une très belle carrière. Il ne fait plus de beats de rap par contre, ça c’est dommage. L’instru de Crazy est magique et n’a pas du tout vieilli.

4. Comme sur un playground (prod. Keumaï) [Maxi Comme sur un playground, 2005]

Mon deuxième maxi, morceau qui figure dans mon premier album aussi. Sur une instru de Keumaï qui avait aussi produit Fidèle à son contexte, et qui est un putain d’instru. C’est un morceau qui fait un parallèle entre la musique et le sport, il y a beaucoup de similitudes entre les deux disciplines. Donc j’ai utilisé le champ lexical du sport pour parler de mon rap. Playground parce que je jouais au basket à l’époque, avant d’avoir des problèmes de dos. Et sur ce terrain y avait des mecs qui avaient envie de faire du beau jeu. Ils venaient pour s’amuser mais ils avaient envie d’être bons et de gagner. Comme sur un playground transposé au rap ça veut dire « je viens quand je veux, je fais du rap quand je veux, j’ai pas de contrat, je ne fais pas partie d’un label ou d’une équipe, c’est pas mon métier mais j’vais quand même vous montrer ce que je sais faire ». Cet état d’esprit ne m’a jamais quitté. La grande différence c’est qu’aujourd’hui on me paie pour venir jouer.

5. Fidèle à son contexte (prod. Keumaï) [Maxi 1 pour la plume, 2007]

Mon premier maxi. C’est-à-dire le premier projet où il n’y avait que moi dessus, que j’ai produit moi-même et pressé à 500 exemplaires à l’époque. Mon premier vrai solo en quelque sorte. Je l’ai réédité il n’y a pas très longtemps d’ailleurs. J’avais envoyé avec un pote une centaine de CD gravés avec le titre à toutes les émissions radio rap dans toute la France, ça avait fonctionné comme ça.

6. Tourner la page (prod. Drixxxé) [J’éclaire ma ville, 2007]

« Tourner la page » c’est le dernier morceau de mon premier album. Ça a été le fil conducteur de l’écriture de mon album. C’est-à-dire que j’ai commencé par ce morceau et il a été écrit tout au long de l’écriture de l’album. Je me suis dit en l’écrivant que ce serait mon fil rouge. C’était une période de ma vie où c’était un peu le bordel et du coup chaque chose que je vivais qui était en rapport avec ce thème de « passer à autre chose », je l’écrivais pour ce morceau. C’était l’idée. Ça m’a pris trois ans pour l’écrire au final.

Est-ce que tu as commencé à l’écrire dans l’optique de le terminer à la fin de l’album ?

Non, mais je ne pouvais pas l’écrire vite. Je me suis dit au départ que ce serait mon fil rouge, mais pas forcément que je le terminerais à la fin.

Un morceau comme ça, à quel moment tu te dis « c’est bon, c’est fini » ?

Quand tu arrives au moment où tu dis « Je referme l’album sur une instru de Drixxxé » (rires). D’ailleurs, magnifique instru de Drixxxé, qui a vraiment un truc spécial. Et quand je lui ai fait écouter le track bouclé, je me souviens que ça lui avait fait quelque chose, comme moi ça m’avait fait quelque chose quand j’ai écouté cet instru pour la première fois. C’est vraiment une belle collaboration ce track.

7. En froid (prod. Soulchildren) [Itinéraire bis, 2012]

Là aussi magnifique instru de Soulchildren, même si je les aime toutes je dois dire que celle-là c’est celle que j’ai le plus écoutée. Ça tournait en boucle, en boucle. Si tu regardes mon compteur iTunes, tu vois que je l’ai saigné des milliers de fois. Bon en même temps j’avais une version qui ne durait qu’une minute (rires) mais quand même. Sinon c’est le premier thème que j’ai pensé à développer dans mon deuxième album. Je voulais casser les clichés, un peu comme dans « Les clichés ont la peau dure », c’était un thème qui me tenait à cœur et que je voulais vraiment traiter dans cet album.

8. Quand tu s’ras mort (prod. Just Music Beats) [Itinéraire bis, 2012]

Ça c’est une chanson de haine. C’est le premier morceau que j’ai écrit pour mon deuxième album. Je voulais faire une chanson de haine, parce que dans mon premier album j’avais fait une chanson d’amour et je trouvais ça marrant de faire l’opposé et de l’adresser à son pire ennemi. C’est un exercice de style et c’est une chanson que tu peux t’approprier. Il n’y a pas de personnage ou d’histoire en particulier. C’est vraiment un morceau qui a été fait pour que chacun puisse se l’approprier et l’adresser à quelqu’un qu’il hait.

http://youtu.be/dMVUTsnHuBU

9. J’en ai marre de voir ta gueule (prod. Soulchildren) [Itinéraire bis, 2012]

L’écriture de ce morceau c’est mon meilleur souvenir de rap tout confondu. C’est un morceau que j’ai écrit en un après-midi, ce qui est assez rare pour être signalé. Je ne sais pas ce qui s’est passé ce jour-là mais je l’ai pondu d’un trait. C’est un morceau qui a mûri au cours des voyages que j’ai fait ces dernières années. J’ai eu la chance d’aller aux États-Unis, en Asie, à droite à gauche en Europe et c’est tellement bien de voyager que ça m’a inspiré une chanson. En plus c’est un morceau qui fonctionne très bien en concert avec ce refrain. Je le considère pas comme mon meilleur morceau mais ce que j’ai ressenti cet après-midi, les rimes qui s’enchaînaient comme ça, j’avais jamais réussi à le faire, même pas pour un couplet. J’ai ressenti une puissance ce jour-là et ça m’a fait du bien. Et y a beaucoup de gens qui se reconnaissent dans ce morceau. Je reçois beaucoup de messages « Je suis en Malaisie, en Inde, au fin fond du Texas et j’écoute ton morceau ». J ‘ai réussi à faire ce que je voulais faire avec ce morceau. D’ailleurs quand j’étais en Thaïlande je suis tombé nez à nez avec un Français qui était venu me voir en concert au New Morning et la première chose dont il m’a parlé c’est de ce titre. Je suis content d’avoir écrit un morceau pour les voyageurs ou qui donnerait envie de voyager.

10. Le dernier seize (prod. Just Music Beats/Soulchildren) [Itinéraire bis, 2012]

C’est toujours difficile de conclure un album. Je pense qu’un album doit avoir une intro et une conclusion. Dans « J’éclaire ma ville » je rentre sur 1 pour la plume, c’était une bonne entrée en matière et je finis sur Tourner la page qui était une bonne fin. Pour « Itinéraire bis » il me fallait un morceau d’intro que j’ai écrit avec J’ai choisi mon camp et il me fallait une sortie. Pour le dernier morceau j’avais deux instrus qui sonnaient parfaitement pour conclure. Complétement différentes l’une de l’autre. Une sombre, une lumineuse. Je ne savais pas laquelle choisir, les deux collaient bien pour finir mais pas possible de raconter la même chose dessus. Je voulais écrire un couplet pour dire ce que je dirais si c’était mon dernier couplet. Et grâce à ces deux instrus que je n’arrivais pas à départager j’ai eu cette idée de faire deux couplets, opposés l’un de l’autre, un couplet yin et un couplet yang. Un couplet avec ce que je dirais si j’étais aigri et si je voyais les choses de ce point de vue, et un couplet avec ce que je dirais si je prenais les choses d’un point de vue opposé.

Et c’est seulement après, en écrivant, que j’ai eu l’idée de garder la même trame pour les deux couplets, et de ne changer que la deuxième mesure. Dans chaque couplet la première mesure, la troisième, la cinquième etc… sont les mêmes et les deuxièmes, quatrièmes, sixièmes… changent. Le sens est compltement modifié, le deuxième couplet devient l’inverse du premier. Et avec l’instru ça amplifie l’effet. Mais ce n’est pas mon dernier seize, y en a eu d’autres après et y en aura d’autres encore.

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Un commentaire

  • Bien vu l’itw en reprenant juste les sons, intéressant, ça rend bien hommage à ce MC un peu hors norme

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