Le Bon Son a rencontré St Saoul à Toulouse, trois jours avant la 5ème édition des Rap Contenders et son battle contre Madmax. Et c’est une interview sans langue de bois que nous a accordée le MC québecquois, dans laquelle il est question des WordUp! battles, de sa participation aux Rap Contenders, mais aussi de sa carrière, de la scène Hip Hop québecquoise, et de son séjour en France… Magnéto :
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St Saoul, peux-tu te présenter aux lecteurs du Bon Son ?
St Saoul, Jean-Sébastien Girard, 26 ans. Je suis natif de la Rive Sud de Montréal, je fais de la musique depuis environ 12, 13 ans. Je me suis fait connaître plus récemment par un autre public grâce aux WordUp! battles. Je sors des albums depuis 2004.
Comment en es-tu venu à faire du Hip Hop ?
Je jouais d’un paquet d’instruments, et en fait je crois que je voulais être cool avec les amis de mes grands frères qui écoutaient tous du Hip Hop et qui rappaient. J’ai rapidement évolué, puis de fil en aiguille je me suis mis à faire des concerts assez vite. J’ai été découvert en 2002 par un groupe qui était déjà pas mal notorious chez moi. Donc j’ai eu la chance de sortir sur des albums distribués très jeune. Au final le cheminement « Hip Hop » s’est fait rapidement. J’ai pris toutes les influences que j’avais de tous les styles de musique que je faisais, plus les connaissances théoriques musicales, puis je les appliquées directement à faire une saveur « East Coast » mélodique qui raconte un truc.
Parle-nous un peu des tes différentes participations aux WordUp…
En fait je fais partie des gens qui ont été invités à la première édition WordUp!, et ça collait pas du tout à l’époque avec mes trucs. Donc j’ai été un fan des WordUp! jusqu’à ce que je participe à la 3ème édition, durant laquelle j’ai démembré le « MC of the night » de la soirée d’avant, Osti One. J’suis arrivé aux WordUp! comme une traînée de poudre, ça a fait très mal ! Et je me suis permis par la suite de « call out », de provoquer directement Koriass qui est un des artistes très notorious chez moi, qui vend des albums et qui est reconnu pour être un battler hors-pair. Au final j’ai perdu ce clash-là, mais ça m’a donné une visibilité incroyable. Les WordUp ont aussi changé de salle, ça a ramené un paquet de gens nouveaux aux battles, et à chacune de nos carrières respectives. Ça m’a donc permis de me faire connaître par un plus grand public qui a écouté mes chansons par ce biais-là. Et en même temps ça a mis dans la tête des MC’s, autant que des labels, que St Saoul c’est un gars sérieux et considérablement dangereux comme ennemi dans un clash ! Donc moi ça m’a amené cette crédibilité-là.
Ensuite je me suis fait appeler, comme j’ai moi-même pu le faire auparavant, assez agressivement, par un gars appelé Meunier. Le clash a eu lieu à la grande finale de la tournée WordUp! à Québec avec DJ Premier et plus de 1000 personnes entassées dans l’Impérial. C’était complètement fou, j’ai dégommé le type 5-0. J’ai eu des expériences moins glorieuses aussi, parce que j’aime me prendre contre des adversaires de talent, contre les meilleurs rappeurs ! Et à ce stade-là, que tu gagnes ou que tu perdes on s’en fout, tant que tout le monde est là pour donner un bon spectacle. Je me suis fait battre par des adversaires très très forts, et ce qui est beau dans sport-là, c’est que tu gagnes ou non, à la fin c’est Hip Hop. Et puis tout le monde est venu travailler un truc pour mettre les gens d’accord, heureux de cette journée-là. Ça a pas de prix, c’est ça le Hip Hop.
Tu te livres beaucoup dans tes textes, tu as déjà sorti 3 albums, tu n’as pas peur que ça te desserve pour tes clashs, ou plutôt qu’on s’en serve contre toi ?
C’est tant mieux parce que dans un sens, à la fin de la journée, t’écoutes le truc et tu te rends compte que j’ai fait mon taf : St Saoul est imprégné dans la tête des gens. Dans le sens où des fois t’as des artistes que tu trouves ultra talentueux, qui savent écrire super bien, mais au bout tu comprends que dalle. Ils racontent pas leur vie, ils racontent rien. Tu peux pas plus cerner l’individu après avoir écouté des chansons. Donc au final c’est tant mieux si quand je raconte mes trucs, ça aide mes adversaires : c’est juste une preuve que mes chansons entrent dans la tête des gens. Mon personnage pour les clashs est fort et potentiellement dangereux.
Entre nous, Suspek-T n’aurait pas dû gagner contre Lunik ?
Suspek-T a gagné contre Lunik, tout simplement.
Comment t’es-tu retrouvé aux Rap Contenders ?
En fait c’est un truc qui était planifié avant de partir faire la tournée, la demi-douzaine de dates qu’on avait en France. Mon équipe et moi avons rencontré Dony S parce qu’on savait qu’on voulait profiter du fait qu’on était en France pour venir clasher, parce que j’adore clasher ! Donc c’était un truc vraiment logique. J’ai clashé qu’à WordUp : dans les différentes éditions, la finale de la tournée… Mais j’ai envie d’aller clasher en Belgique, en France, dans les différentes ligues du Québec… partout où ça parle en français ! Et tu dois te préparer différemment, où que t’ailles, parce que ce sont différents styles de gags, ou de punchs qui vont rentrer au poste.
Comment te sens-tu pour ton clash contre Madmax ?
Je suis très bien. Je sais que Madmax est très bon, mais je sais qu’il est bon pour perdre aussi. Ce sont deux qualités complètement différentes, être un bon clasheur, et être bon pour gagner. Et je crois qu’on va donner un putain d’bon spectacle ! Je suis prêt à toutes les éventualités.
Qu’est-ce qui t’a amené à Toulouse ?
Avant même de venir en France, tout le monde me disait : « Toulouse, c’est un spot de rêve, la vie nocturne, les chillin’ estivals, c’est vraiment fou !« . C’est une belle ville avec une ouverture musicale vraiment développée. J’anticipais positivement cette ville-là, et au final j’ai des potes qui me l’ont fait découvrir exactement comme on me l’avait dit. J’crois que c’est l’endroit où je pourrais vivre avec la plus longue espérance de vie à travers la France.
Tu as déjà sorti 3 albums, un 4ème est en préparation ?
Absolument, pour le printemps. D’ici là il va y avoir des morceaux, plusieurs compilations sur lesquelles je vais faire acte de présence. L’album devrait sortir vers mars, avril.
Quelques mots sur la scène Hip Hop québecquoise…
La scène Hip Hop québecquoise est jeune et en pleine ébullition. Ça a du soul, ça sait rimer, ça a un paquet de trucs à dire. En même temps ça a aucune prétention… Je crois que les gens qui sont sur cette scène depuis longtemps sont vraiment nobles, parce que ça a pris du temps de rendre plus grand public cette musique Hip Hop québecquoise, c’était pas trop accessible avant. En ce moment y’a un espèce de boom. Et je pense que c’est complètement justifié. Y’a plusieurs artistes qui valent la peine d’être vus, et qui font en majeure partie des WordUp! battles.
Es-tu affilié au collectif 12 Singes ?
En fait je fais partie des membres fondateurs de 12 Singes avec C-Drik (lire l’interview) et JohnJohn. À un certain stade nos horaires coordonnaient très difficilement, j’avais un paquet de trucs à faire et je sentais que j’étais peut-être un boulet pour le groupe, en plus du fait que j’habitais à Québec et eux sur Montréal. C’était difficile de se checker au bon moment. C’est encore tous des potes, des gens avec qui je travaille. D’ailleurs j’attends que Kard débarque du Québec pour faire plein de freestyles sur Paname qui vont sortir sur YouTube, facebook, sur internet…
Le mot de la fin :
T’as jamais bu des bouteilles de Muscador, jusqu’à ce que t’en aies bu 14 sur les berges, à faire des couplets de rap québecquois à des gens qui au final comprennent exactement tout ce que tu racontes, quand on t’avait dit le contraire.
Facebook St Saoul / wordupbattles.net/
Diffusion de la 5ème édition des Rap Contenders prochainement
Nouvel album : printemps 2013
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