Salle Le Cap, Toulouse, le 4 décembre. C’est entre les balances et leur concert de présentation de Projet Ludovico à domicile que nous nous sommes entretenus avec la Droogz Brigade. Sept ans auront séparé le maxi Dissection de leur premier album programmé pour le 26 février prochain. Sept ans durant lesquels Rhama Le Singe, Staff L’Instable, Sad Vicious et Al’Tarba n’auront pas été inactifs pour autant, entre scènes, projets annexes, et ébauches de ce premier long format… Autant dire que l’attente est palpable, pour le public comme pour le groupe. Rencontre.
Pouvez-vous nous rappeler vos débuts, et ce qui vous à amenés à ce délire des Droogies du film Orange Mécanique, des références pas forcément hip-hop à cette époque-là.
Al’Tarba : Il y avait Cage quand même, qui avait fait son délire sur son EP avec Necro sur Agent Orange… Après ça vient du film qu’on aimait tous, et aussi parce que le nom sonnait bien.
Staff : A la base il y avait un groupe qui s’appelait M.A.V avec Sad Vicious, Herken et moi. Et il y avait un autre groupe, Sad, avec Sad Vicious aussi et Al’Tarba. Vu qu’on faisait nos concerts ensemble et qu’on disait « M.A.V Sad ! », on s’est dits qu’il fallait trouver un nom de groupe, et l’union s’est faite petit à petit, vu qu’on était déjà en train de crier ensemble comme des bâtards dans un micro…
C’est vrai qu’il y avait Necro, mais en rap français il y avait peu de monde sur ce créneau-là.
Al’Tarba : C’est vrai qu’en France peu de monde avait repris le thème… Il y avait L.I.M qui avait repris la musique d’Orange Mécanique, sur le premier volume (sur l’intro, ndlr). Tekilatex aussi.
Rhama : Longtemps après quand même…
Au-delà du film Orange Mécanique, je parlais plus de votre vibe en général, les délires sombres et cinématographiques. Vous étiez un cas assez isolé dans le paysage rap français.
Al’Tarba : C’est vrai que la référence au film dans notre nom était plus par rapport au côté cinématographique, et aussi pour pouvoir utiliser tout le dictionnaire Nadsat (argot anglo-russe inventé par l’écrivain britannique Anthony Burgess pour son roman L’Orange mécanique, ndlr). On a vite vu qu’on pouvait aller piocher dedans pour finir des rimes.
Sad Vicious : Vice Magazine ils ont dit que c’était nul les groupes qui reprenaient le concept d’Orange Mécanique. (rires)
Rhama : D’ailleurs ils les ont tous listés et nous on n’y est pas !
Sad Vicious : Ils nous connaissent sûrement pas.
Al’Tarba : C’est parce qu’ils se sont dits qu’on était le seul groupe bien. (rires)
Al’Tarba : « J’en ai eu marre de faire de la musique de babtou fragile, et je me suis dit que j’allais refaire du vrai hip-hop. » (rires)
Vous ne venez pas forcément du hip-hop, mais quelles étaient vos influences rap à cette époque ?
Sad Vicious : C’était surtout du gros hip-hop New Yorkais, ambiance Wu-Tang, Mobb Deep… Des trucs plus underground aussi comme Non Phixion, Necro…
Al’Tarba : Je me souviens quand j’ai rencontré Sad Vicious, dans un skate park… On dirait les débuts d’un groupe de punk californien. (rires) Bref, ça s’est fait par le biais d’un pote et en fait. Je ne sais plus comment s’appelle le logiciel qu’on utilisait à l’époque pour télécharger, mais tu voyais arriver les morceaux petit à petit. C’est comme ça qu’on s’est tapés toute la discographie de Necro petit à petit vu qu’on ne connaissait pas trop. A chaque morceau c’était comme une révélation. Jedi Mind Tricks aussi…
Sad Vicious : Cage… En fait c’était tous les trucs un peu…
Al’Tarba : Tous les trucs de blancs, dis-le ! (rires)
Sad Vicious : Pas que, c’est pas vrai ! M.O.P à fond, Wu-Tang, Mobb Deep, tout le Quennsbridge…
Staff : Al’Tarba venait aussi du ska et du punk à la base, nous on écoutait plus du rap français avec Rhama. Eux nous ont fait découvrir Necro et les autres…
Al’Tarba : Il faut savoir qu’on allait à l’Aposia quand même ! (grosse discothèque Toulousaine qui a brûlé à la fin des années 2000, ndlr) Ça c’est un dossier… Et on y allait souvent ! (fou rire général)
Aujourd’hui, par rapport aux années 2000, le rap s’est beaucoup diversifié, mais est-ce qu’à l’époque les gens ne vous trouvaient pas chelous avec vos délires d’Orange Mécanique ?
Al’Tarba : Ils ne nous prenaient pas au sérieux par rapport au fait qu’on gueulait comme des porcs surtout !
Rhama : Et puis les gens ne comprenaient pas forcément…
Sad Vicious : On a toujours plus ou moins eu des bons retours. Des gens qui accrochaient, qui disaient que c’était original, que c’était quelque chose qu’ils n’entendaient pas trop. Et c’était vrai quand même, sans se branler…
Al’Tarba : Ça a commencé par de la gentillesse, et maintenant c’est plus des bons retours.
Sad Vicious : Et ceux qui détestaient ne nous le disaient pas forcément aussi…
Staff : Rapidement on a eu des bons retours, mais au début, c’est vrai que les anciens qui étaient là depuis longtemps sur Toulouse, ils nous regardaient un peu genre : « C’est qui ces gremlins ? » On nous appelait « les pits du rap ».
Sad Vicious : C’était une manière détournée de dire qu’on rappait mal et à l’arrache. (rires)
Al’Tarba : A l’époque on gueulait, les gens ne comprenaient rien à ce qu’on chantait sur scène, alors que maintenant… (rires)
Vous vous sentiez plus proches d’une scène plus alternative ?
Sad Vicious : On ne se sentait proches de rien…
Al’Tarba : On allait à l’Aposia !
Staff : Non mais par exemple, nos premiers concerts c’était…
Al’Tarba : A l’Aposia !
Staff : Non c’est pas vrai, même si je rappais sur Calabria pour tester les beats rapides. Pour revenir à nos concerts, on était un peu tout seuls dans notre coin, on faisait ça au P.V., on a dû en faire dix là-bas. Avec des affiches détournées genre « C’est arrivé près de chez vous » mais avec un micro.
Rhama : Il y avait du monde qui venait, entre 100 et 200 personnes à chaque fois.
Al’Tarba : On prenait des affiches de films d’horreur avec un couteau, et on mettait un micro à la place. Le P.V. ça a été un lieu important, le gars nous faisait confiance, on a dû bien jouer une dizaine de fois là-bas.
Staff : On a fait des records même : 300 personnes en tout dans la soirée. Sachant que tu ne peux rentrer que 120 personnes.
Al’Tarba : Combien de verres cassés aussi ?
Staff, on te sent plus branché rap français, comment s’est réalisée la greffe avec le reste du groupe ?
Staff : Avec Sad Vicious on s’est rencontrés au lycée, ainsi qu’avec Rhama et Herken d’ailleurs, mais lui m’a fait écouter plus de rap américain, je connaissais moyen à part les Wu-Tang, M.O.P… Et j’ai accroché direct, j’ai découvert une autre partie du hip-hop, et ça s’est fait naturellement, petit à petit.
Al’Tarba : On s’est dits que c’était bien d’avoir quelqu’un qui sache se battre dans le groupe. (rires)
Sad Vicious : Mais on était férus de rap français aussi, on fouinait tout ce qui sortait : Lunatic, La Rumeur…
Votre projet antérieur, Dissection, est sorti il y a 8 ans…
Al’Tarba : Le groupe le moins productif ! Les Casseurs Flowters ne peuvent pas test !
Qu’est-ce qui explique un tel délai ?
Al’Tarba : Trop de soirées à l’Aposia.
Staff : En trois mois on avait réussi à sortir un maxi, on s’était dit qu’on sortirait l’album l’année d’après. Suite à ça, j’ai eu des galères d’écriture pendant une petite année, je n’y arrivais plus. Et après ça a été un autre, puis Al’Tarba est parti à Paris. Ça a joué grave, même si Internet facilite les choses, mais lui découvrait Paris, il a galéré pendant pas mal de temps là-bas… Du coup ça n’a pas été évident, et pour finir avec l’album, je pense qu’il y en a eu deux ou trois versions.
Al’Tarba : Je dirais qu’il y en a eu trois avant d’avoir celui-là. De la première version on n’a gardé qu’un seul morceau, « Coffre à jouets », sur quatorze morceaux.
Staff : « Je pense qu’il y a eu deux ou trois versions de l’album. »
Comment maintient-on le lien en étant séparés géographiquement ? Staff tu vis à Béziers, Al’Tarba à Paris, Sad Vicious et Rhama sur Toulouse…
Sad Vicious : On a une amitié forte.
Staff : Avant d’aller à l’Aposia on était partis en vacances en Espagne tous ensemble, pas du tout pour le rap, mais parce qu’on était potos, qu’on avait la voiture… On était vraiment soudés, de base. On a développé le rap en même temps, et c’est resté. Et puis quand tu passes du temps à faire un truc qui ne sort pas, tu as la motivation pour le finir aussi quelque part. Sinon ce serait avoir gâché toutes ces années, c’est dommage.
Al’Tarba : Et on a toujours des raisons de se voir vu qu’on est vraiment potes, on n’a jamais perdu le contact.
Rhama : Et en plus même si on n’a rien sorti, on a continué à faire des concerts régulièrement, on est restés ensemble.
C’est vrai que vous avez continué à sortir des morceaux, au rythme d’environ un ou deux par an au gré des sorties des projets d’Al’Tarba notamment…
Al’Tarba : Tous les ans, quand l’été arrivait, on se disait « On va faire l’album », et à la fin on terminait avec un morceau fini, difficilement… Entre deux chistes sataniques. Mais là on y est arrivés, ça y est !
Sad Vicious : Après il y a eu 10 000 trucs qui sont partis à la poubelle, qui ne sortiront peut-être jamais…
Rhama : Des trucs très biens en plus…
Ces morceaux sortis sont souvent parus sur les projets d’Al’Tarba : Lullabies For Insomniacs, Sad & Vicious, Blood Out Connections…
Al’Tarba : Sur « Retour à l’âge de pierre », sur Blood Out Connections (2009), tu as la voix d’Herken qui dit : « Bientôt l’album ! » (rires)
Rhama : Il est salaud Herken parce qu’il a dit ça et après il s’est barré.
Sad Vicious : Il a vu que ça ne servait à rien…
Al’Tarba : J’ai récupéré un couplet d’Herken qui date d’il y a huit ans au moins !
Rhama : Ce sera le meilleur de l’album.
On parle d’Herken, il était là au début, et je me souviens vous avoir entendu dire lors d’une interview : « Herken, même s’il ne rappe plus avec nous, il y aura toujours un couplet de lui à un moment… » Il sera donc sur l’album ?
Staff : On va essayer de faire en sorte qu’il soit présent.
Al’Tarba : On a ce couplet qu’on a gardé de côté, un peu vieux… Il est actuellement au Mexique en fait.
Staff : Un couplet qui va bien quand même. C’est un frère, c’est vraiment la famille. Droogz Brigade c’est un peu une famille, on est unis, c’est comme ça. On s’est embrouillés un paquet de fois, mais malgré tout on est encore là.
Justement, j’allais vous demander : vous ne vous êtes jamais séparés, au moins une fois ?
Staff : Il n’y a pas longtemps…
Al’Tarba : Pendant une soirée, un jour. En dix ans c’est pas mal quand même.
Staff : Il y a eu quelques embrouilles, mais ce n’est jamais parti en couilles.
Al’Tarba : On est capables de s’embrouiller grave véner, et de faire la paix dans la même heure.
Sad Vicious : A l’Aposia. (rires)
Sur le premier maxi, vous aviez un peu une étiquette de rap sombre avec des références cinématographiques bien spécifiques dont on parlait tout à l’heure. Avez-vous essayé de sortir de ça un peu pour l’album ? D’essayer des nouveaux trucs ?
Al’Tarba : Je rajouterais de l’humour gras aussi.
Sad Vicious : On a un univers assez sombre, mais tout en collant à ça, on a essayé de varier les délires, de produire des ambiances bien différentes, comme des trucs golris par exemple.
Al’tarba : Tu as même des morceaux un peu « emo », des trucs plein d’émotion avec des pianos tristes.
Sad Vicious : Des trucs emos, des trucs baisés du casque, de l’humour…
Al’Tarba : Au-delà des trucs sombres, et malgré les instrus sombres justement, on dit tellement des saloperies au second degré que c’est sombre façon « Gremlins » ou « C’est arrivé près de chez vous », tu es mort de rire en même temps. Tu ne sais plus trop où tu en es, j’aime bien ces délires-là.
Al’Tarba tu as sorti pas mal d’albums, est-ce que ton évolution en tant que beatmaker va se sentir sur l’album ou au contraire as-tu essayé de garder l’identité sonore des débuts ?
Al’Tarba : Pour l’album je suis vraiment revenu aux beats boom baps. En solo je suis parti dans des délires abstract hip-hop, mais j’en ai eu marre de faire de la musique de babtou fragile, et je me suis dit que j’allais refaire du vrai hip-hop. (rires)
Staff : Mais j’ai quand même envie de dire que ça l’a influencé… Sur certaines instrus, le travail de la mélodie fait que sans qu’on rappe dessus, le morceau serait bien aussi. D’autres instrus sont plus minimalistes aussi, mais c’est plus rare.
Al’Tarba : C’est vrai qu’il y a des breaks, et que les instrus sont plus chargées.
Dans votre musique de façon plus générale, au niveau des textes, des flows, de la musicalité… Qu’est-ce qui a évolué entre Dissection et Projet Ludovico ?
Al’Tarba : L’articulation déjà. On a vraiment essayé de faire un effort là-dessus.
Rhama : Je pense qu’on écrit mieux aussi.
Al’Tarba : Voilà, l’écriture a évolué, au niveau du mix c’est un peu plus propre.
Sad Vicious : Je pense qu’on est restés dans la même vibe, mais en essayant de s’améliorer.
Al’Tarba : L’album est plus varié que Dissection. D’un morceau à l’autre, tu peux passer d’un sample de manège à celui d’un film gore.
Rhama : « On n’est pas des collègues. On est des potes, on passe du temps ensemble avant de bosser. C’est peut-être aussi pour ça qu’on a mis sept ans à sortir le truc. »
Quelle a été la logistique pour la conception de l’album en vivant dans des villes différentes ?
Rhama : Souvent ça part d’Al’Tarba qui envoie la prod.
Al’Tarba : Après ça peut aussi partir d’idées de thèmes aussi. Par exemple on a un morceau à l’ambiance « Guerre des mondes », c’est un storytelling, c’est venu de Sad Vicious qui avait déjà son texte, qui l’avait déjà travaillé, et je lui ai fait une instru qui fasse un peu « attaque », comme dans les vieux films des années 50 ou les trucs à la Orson Welles. Et puis des fois ça peut partir d’un refrain. J’avais trouvé un refrain « porno ». Et ça donne un morceau fait exclusivement de samples de films pornos. J’ai dû regarder des heures de porno des années 60 avec des chattes poilues ! (rires)
Sad Vicious : C’est un peu un mix de tout, chacun arrivait avec des idées, des textes…
L’enregistrement s’est fait à distance ou vous avez posé à chaque fois tous ensemble ?
Sad Vicious : Il y a eu de tout. Dans la manière de faire les morceaux, comme dans la façon d’enregistrer.
Staff : On était en discussions groupées sur Facebook, ou en vrai quand Al’Tarba était là.
Al’Tarba : A chaque fois que je venais on essayait de faire des sessions.
Rhama : Les refrains, on les fait souvent ensemble, ainsi que les passe-passes. Les couplets on les écrivait souvent chez nous, et on était à deux pour les enregistrer en général.
Al’Tarba : Tu le retrouves dans les prises de voix, tu vois qu’elles viennent de différents endroits. Mais tu as des effets, des générateurs d’harmoniques qui peuvent permettre de donner un grain commun à des prises différentes.
Rhama : La plupart des trucs on les a enregistrés chez un bon pote à nous qui est là depuis le début, PX, en mode home studio.
Staff : PX fait partie de la famille aussi. Il a toujours été là, depuis le début, on s’est connus en même temps. En fait avec PX on se faisait la guerre au début : notre classe et sa classe. Il avait mal parlé à Herken, moi j’avais entendu j’étais intervenu, et à partir de là c’était parti en couilles. Et puis un jour on est invités sur une compil, et j’arrive et je serre la main à tout le monde, et je tombe sur PX. On se reconnaît, on rigole, et c’est devenu un frère incontournable.
Et comme vous, il roule avec le label Crazy Mother Fuckers Records. D’ailleurs quand on écoute les autres MC’s du label, on sent une véritable cohérence dans le propos, alors que vous avez un créneau bien spécifique. Vous avez été une influence pour eux, ou bien vous aviez les mêmes influences tout simplement ?
Sad Vicious : C’est surtout qu’on a les mêmes influences.
Rhama : Déjà on se connaît très bien.
Al’Tarba : On a avancé dans la musique ensemble. La première fois que j’ai vu Pedro (du groupe Parazit, ndlr), il jouait dans un groupe de métal, moi j’avais un groupe de punk. La deuxième fois c’était des années plus tard, il avait un t-shirt « Ill Bill » et c’est comme ça qu’on a commencé à parler. Je pense que Stick aussi était dans ces délires-là. Musicalement on était sur la même longueur d’onde. Puis après quand tu traînes avec une bande de potes, forcément tu écoutes les mêmes trucs en soirée.
Comment s’est fait le rapprochement avec CMF ?
Al’Tarba : On était potes avant.
Rhama : Ils nous avaient fait jouer pour un concert qu’ils organisaient, et on est devenus potes comme ça…
Sad Vicious : Pedro avait une asso avant qui s’appelait NRS, et il nous avait fait jouer près d’ici…
Al’Tarba : Tu peux demander à Swed (beatmaker, et membre de CMF Records) qui est là justement…
Swed : C’est surtout via l’album Acid & Vicious (l’album commun d’Al’Tarba et Lord Lhus, ndlr).
Al’Tarba : Mais on était potes avant…
Swed : Oui, moi je les ai rencontrés par Pedro qui les connaissait, et les liens se sont créés.
Rhama : Il y a eu des soirées, puis j’ai aménagé avec Pedro.
Al’Tarba : Il faut savoir qu’avant la musique c’est une histoire d’amitié, et c’est ce qui fait que ça dure. La plupart du temps qu’on passe ensemble on ne fait pas de musique. Après je pense que c’est le temps passé ensemble qui donne de la musique ensuite.
Rhama : On n’est pas des collègues. On est des potes, on passe du temps ensemble avant de bosser. C’est peut-être aussi pour ça qu’on a mis sept ans à sortir le truc.
Al’Tarba : Et c’est aussi ce qui explique la longévité du groupe. Herken est parti et vit au Mexique, mais sinon ça n’a jamais bougé.
Y aura-t-il des featurings sur l’album ?
Sad Vicious : La famille.
Al’Tarba : Il y a Lord Lhus, Goune, Stick, PX, Pedro et I.N.C.H, qui rappe un couplet. Et Laina Ankh.
I.N.C.H. n’a pas lâché de prod pour l’album ?
Al’Tarba : J’ai fait toutes les prods de l’album, mais I.N.C.H. lâche un couplet sur un des meilleurs morceaux. Un morceau « emoción ».
L’an dernier vous avez lâché un morceau pour notre mixtape sur une prod de Goomar. Est-ce la seule infidélité à Al’Tarba en termes de prod ?
Al’Tarba : Non, et il va y en avoir pas mal aussi puisque Sad Vicious a un disque avec I.N.C.H. à venir, et ça va chier d’ailleurs.
Le fait de vous être motivés à concrétiser cet album vous a-t-il donné envie de livrer d’autres choses derrière ?
Al’Tarba : Il faut finir celui-là déjà !
Sad Vicious : Moi j’ai donc mon projet avec I.N.C.H.
Rhama : Moi aussi j’ai un truc solo sur le feu…
Al’Tarba : Le mieux après un projet en groupe c’est de sortir des trucs solos, à la manière du Wu-Tang Clan.
Sad Vicious : On a des idées de trucs collectifs, de combinaisons…
Un projet collectif avec les artistes CMF ?
Sad Vicious : C’est ça, exactement.
Rhama : Avec Parazit notamment.
Sad Vicious : On n’a pas de noms encore, mais on y pense…
Sad Vicious : « Il y a eu 10 000 trucs qui sont partis à la poubelle, qui ne sortiront peut-être jamais… »
Ce soir vous jouez à Toulouse, vous étiez à Paris il n’y a pas longtemps… Y a-t-il d’autres dates de prévues ?
Al’Tarba : Tourner sans album c’est vrai que ça avait moins de sens, mais là avec un disque à défendre on devrait jouer plus. On a trouvé un booker qui travaillera en partenariat avec CMF. Je ne vais pas dire le nom mais c’est un fat truc quand même, je suis content.
Toi tu tournes pas mal en solo…
Al’Tarba : Dans l’abstract hip-hop oui, c’est un milieu différent, il m’arrive rarement de jouer avec des groupes de rap en France. C’est plutôt des groupes de dub, de drum’n bass, de rock psyché…
Tu penses pouvoir ramener ton public abstract dans le délire Droogz Brigade ?
Al’Tarba : Il y a moyen… Bon dans l’abstract hip-hop il y en a qui n’aiment pas trop le rap, mais ils sont quand même assez ouverts en général. Ils sont quand même capables de s’écouter du dub, du drum’n bass puis du breakcore dans la même soirée… Et inversement, les gens que je connais qui écoutent du hip-hop, l’abstract hip-hop c’est une musique de mollassons pour eux… Le but va être de ramener des gens qui ne connaissaient pas forcément le groupe. On a un clip qui sort dans deux semaines, je vais le partager à fond sur ma page, et essayer de drainer un maximum de public. Morceau par morceau c’est un peu compliqué, mais quand tu sors un album, avec un booker et un label qui suit, il y a moyen, si l’album est bon, de faire quelque chose avec.
Tu n’as pas senti que ton public abstract hip-hop te suivait sur l’album avec Lord Lhus ?
Al’Tarba : Si, après il était vraiment dans le délire horror core, même s’il y avait des morceaux un peu plus légers.
Le mot de la fin ?
Al’Tarba : Cimer Le Bon Son, et big up à l’Aposia pour toutes ces années…
Staff : Ça va chier. « Aye ! »
Al’Tarba : Rendez-nous l’Aposia.
Lire également notre chronique pour la sortie de l’album.
Projet Ludovico : sortie le 26 février (précommander)
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