10 Bons Sons US en mars 2021

Encore un décès à déplorer et non des moindres, puisque c’est le géant du Yonkers DMX qui nous a quittés en ce début de mois d’avril. Nous avons tenté de passer outre ces jours sinistres en vous proposant le meilleur du mois de mars. R.I.P.

Bishop Nehru – New Tulips (Prod. Ohbliv)

Boom-bap un jour, boom-bap toujours. Si vous parcourez nos lignes depuis quelques temps déjà, vous ne serez pas étonnés de voir Dillon Cooper, Chester Watson ou encore Bishop Nehru figurer régulièrement dans nos éditions mensuelles. Sinon, une rapide intronisation pour Bishop Nehru : éternel rookie, digne héritier d’un certain Joey Bada$$, petit protégé de feu MF Doom et DJ Premier, l’ami Bishop vogue dans le « classique à l’ancienne » jusqu’aux profondeurs des expérimentales.
Très discret en dehors de la promotion de ses projets, Bishop Nehru nous revient donc pratiquement un an après son dernier projet Nehruvia : my disregarded thoughts avec le morceau « New Tulips ». Sur une instrumentale des plus madlibienne, à savoir, aucune drum et une seule loop sur plus d’une minute trente, Bishop Nehru crache son feu habituel, porté par ses infatigables placements et sa science de la punchline. – Clément

$ha Hef & Jay Worthy – Sleep Talking

Alors qu’il nous avait plutôt habitués à sortir des LP pratiquement dépourvus de featuring à intervalles réguliers, $ha Hef s’est cette fois-ci associé au très éclectique Jay Worthy pour un EP thématique, comme toujours de haute volée. Si le thème des lyrics ne sort pas des standards habituels de notre somnambule préféré, évoquant tour à tour, la rue et son quotidien, le trafic de drogues et autres moyens de gagner sa croûte, le EP jouit d’une atmosphère musicale planante, quasiment sans batterie, sur des mélodies tantôt soulful, tantôt jazzy. Et le meilleur exemple en est le dernier morceau, « Sleep Talking », et sa légère boucle de saxophone du plus bel effet. – Xavier

Young Dolph & Key Glock – Cheat Code (Prod. Bandplay)

Deux ans après le premier volume, les cousins de Memphis sont de retour en duo pour une nouvelle rasade de Dum & Dummer. Avec cette fois une place bien plus grande laissée aux morceau solos, qui, que ce soit d’un côté comme de l’autre, constituent souvent les meilleurs morceaux de l’opus. Pour le symbole, nous avons néanmoins choisi de mettre en avant ce très bon « Cheat Code », avec son refrain en passe-passe et la très entêtante mélodie pianotée de Bandplay. Plus globalement, il est nécessaire de noter la grande qualité des instrumentales de l’album dans sa globalité. – Xavier

Lord Apex – Like You Know (Prod. Angus Luke)

Il n’y a pas que de la drill de l’autre côté de la Manche. Le Britannique Lord Apex avait attiré l’attention de nos esgourdes l’an dernier avec Supply & Demand, entièrement produit par l’inénarrable V Don. Le voilà qui revient avec « Like if you know », un banger triomphal où on l’entend (et voit) faire l’éloge des plaisirs simples tels que les balades dans la nature, la weed et les cocktails molotov. 2020 a été l’année de la révélation, et l’énergie du morceau montre qu’il est prêt pour celle de la confirmation. En tout cas, on n’en espère pas moins. – Xavier

Rejjie Snow – Relax feat. Cam’Obi & grouptherapy (Prod. Dee Lilly)

Le prodige irlandais Rejjie Snow remet le couvert après son très bon « Cookie Chips » sorti en juillet dernier en featuring avec le regretté MF Doom. Cette fois-ci c’est avec le morceau « Relax », en featuring avec le producteur/topliner Cam O’bi et le collectif grouptherapy et sur une prod’ très « Teebsienne » de l’ami Dee Lilly. Ce n’est pas la première fois que ces compères se retrouvent, en particulier Cam O’Bi que l’on avait donc aperçu sur la track avec MF Doom, mais aussi sur deux autres titres sortis en 2020. La connexion est donc solide et ce ne serait pas vraiment une surprise de retrouver les deux compères en collaboration sur le prochain opus de Rejjie Snow. En attendant, profitons de ce titre aux effluves très estivales et faisons comme on nous l’indique : « Relax, relax, relax, relax ». – Clément

Vinnie Paz – Papi Wardrobe (prod. Stu Bangas)

Sur une production rebondie, agrémentée de samples vocaux (style qui lui sied à merveille et qui peut rappeler la grande époque Jedi Mind Tricks), Vinnie Paz délivre un vrai banger, prouvant une nouvelle fois son alchimie avec Stu Bangas. Deux couplets concentrés, aux accents religieux, mythologiques, voire politiques, scandés avec panache et conviction, le tout soutenu par un refrain fédérateur. On connaît la recette, mais elle est ici particulièrement réussie. De quoi créer de l’attente autour de la sortie de « Burn everything that bears your name » prévue pour le mois de mai. – Jérémy

Armand Hammer & The Alchemist – Falling out the sky (feat. Earl Sweatshirt) (prod. The Alchemist)

Un all-star game underground. On en est pas loin avec cette collaboration entre Armand Hammer (Billy Woods et Elucid), Earl et The Alchemist, tous auteurs de projets marquants ces dernières années. La production mêle habilement les synthés aériens 80’s et le reggae, créant ainsi l’ambiance parfaite pour un morceau sur l’adolescence, du point de vue de trois marginaux. Partant du décès de son père, Earl déroule un couplet stellaire, Billy Woods tourne autour de son job d’été avec une écriture elliptique dans laquelle on sent presque le temps s’égrainer au travers des images qu’il fixe. Plus terre à terre, Elucid reconstitue le passé au travers d’objets ou de musique. L’ensemble est lié par des interludes conviant Little Richard et David Lynch. L’ambiance est onirique, voire mystique, et le morceau constitue l’un des temps forts de l’excellent album collaboratif entre Armand Hammer et The Alchemist. – Jérémy

Santana Fox feat. Boldy James – The Chase (prod. The Alchemist)

Santana Fox, la fille du regretté Prodigy, a directement hérité de son flow très laid back. Mais la voix plutôt douce et presque chuchotée de la rappeuse qui flirte avec l’ASMR est une valeur ajoutée non négligeable. Accompagnée par tonton Al et l’un des (le ?) fils spirituels les plus dignes de P, elle nous plonge dans une course-poursuite en pleine nuit à Los Angeles. C’est donc très certainement l’ASMR le plus menaçant que vous entendrez mais quand même. Le seul bémol, hélas pas des moindres, est le plan sur les crocs oranges. – Wilhelm

Flee Lord & DJ Muggs – Eating Never Stressing

Après ses quelques douze (!) disques sortis l’année passée, Flee Lord a pris une bonne pause bien méritée de deux mois avant de remettre le bleu de chauffe. Avec un tel rythme de sortie, on ne se demande plus si mais quand arrivera la sensation de saturation. Et il est bien évident que la réponse n’est pas « quand le disque sera entièrement produit par DJ Muggs ». Pas vraiment de surprise à l’écoute, tous deux excellent dans leurs domaines et l’alchimie est évidente de bout en bout. – Wilhelm

Benny The Butcher & Harry Fraud feat. Ricky Hide – Survivor’s Remorse

Les attentes autour d’un disque de Benny et Harry Fraud étaient hautes. Sur le papier, on sait que le producteur a un goût pour les boucles magnifiques et très produites, ainsi que des batteries d’un peu toutes les époques alors que le Plugs I Met, premier du nom, était très crade du début à la fin. Et c’est exactement ce qui va faire de ce format court une excellente suite. Benny semble généralement plus à l’aise que sur Burden of Proof, et Harry Fraud confirme qu’il est dans le très haut du panier de la production. Nous avons extrait le très touchant « Survivor’s Remorse » avec Ricky Hide, seul feat « maison » diablement bien choisi, pour vous inviter à la (ré)écoute. – Wilhelm

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