Dry, l’interview « 10 Bons Sons »

De par son histoire, la Mafia K’1 Fry a un statut à part dans le rap français. Au sein de ce collectif, Dry a également un parcours singulier, entre ses différentes aventures avec son groupe Intouchable, l’épopée Wati-B et ses albums solos. Avec le sourire et la simplicité qui le caractérisent, Dry a évoqué avec nous son cheminement, ses différentes mues, ses premiers cartons dès la fin des années 90, et les liens qui l’unissent aux différentes équipes qui ont croisé sa route.

1 – Ideal J feat. AP, Karlito, Dry & OGB – Showbizness 98 (1998, Le combat continue)

C’est le premier morceau que j’ai fait pour un gros album. J’avais déjà posé dans Légendaire de la Mafia K’1 Fry, sur lequel j’ai posé mon premier couplet. Mon vrai premier, sur un vrai support, c’est celui-ci, « Show Bizness 2 » sur l’album d’Ideal J. Franchement bon souvenir, qui me rappelle la belle époque, quand tout le monde était présent. Il n’y avait pas de gens disparus. Je me rappelle que sur ce couplet-là c’est L.A.S. qui avait fait mes backs. Je pense qu’on entend sa voix sur le son. J’ai donc un très bon souvenir de cette époque.

Sur Le combat continue tu peux retrouver tous les membres de la Mafia K’1 Fry, y compris Titi l’Ancien. C’est vraiment l’album où il y avait tout le monde. Que ce soit sur le disque ou sur la tournée, c’est vraiment toute la Mafia qui était présente dessus pour un couplet, un mot ou une phrase. C’est un classique intemporel. Même aujourd’hui, quand je l’écoute, ça n’a pas pris une ride.

J’ai l’impression qu’avec Demon et le reste d’Intouchable vous rappiez depuis déjà assez longtemps, et que cette première apparition discographique arrive assez tard.

Oui, et à la fois je ne rappais pas vraiment depuis très longtemps non plus. Je suis arrivé à Orly en 1991, j’avais quatorze ans. Demon One et les autres rappaient, mais il n’y avait pas de support à l’époque. Ça rappait dehors, ou quand il y avait des concerts, puisqu’à l’époque il y en avait beaucoup entre Orly et Choisy. Il y avait beaucoup de trucs pour les jeunes. Il n’y avait pas beaucoup de support, donc que ce soit moi, Demon One, L.A.S. ou M.S, on n’avait jamais vraiment posé sur quoi que ce soit, et c’est avec le premier disque Légendaire que tout le monde a posé sa voix pour la première fois sur un CD. Il n’y avait qu’Ideal J et Different Teep qui avaient sorti des disques, nous on rappait pour le plaisir. Quand je suis rentré dans Intouchable, je ne voulais pas spécialement rapper, j’étais là pour le kif, je faisais les backs, et ça me suffisait amplement. C’est Kery qui m’a vraiment poussé à faire un premier couplet, ce que j’ai donc fait sur Légendaire. Pour en revenir aux autres, ils rappaient depuis beaucoup plus longtemps que moi, notamment Demon, mais il n’avait jamais posé sa voix sur un disque.

2 – Intouchable feat. Karlito & Manu Key – Il est bien temps (2000, Les points sur les i)

Alors le titre… (rires) Je ne me rappelle plus, mais c’est un morceau des Points sur les i.

« Il est bien temps »

« Il est bien temps », merci. C’est un album qui a été réalisé par Karlito et OGB, donc tu sens leur présence sur tout l’album. Ce morceau-là c’est le feat avec Karlito et Manu Key. C’est l’époque de l’insouciance, c’est comme ça qu’on a fait l’album, sans se prendre la tête, que du plaisir, en famille. On mangeait ensemble le soir, ça traînait jusqu’à pas d’heure en studio… On a fait le disque sans pression ni calcul. Aujourd’hui on calcule beaucoup, on est tourmenté par les chiffres, les tubes, les radios… A cette époque-là on voulait juste faire du son. On avait hâte de faire notre premier album, on avait envie ! On l’a fait nous-mêmes, avec nos sous. Franchement pour moi c’était les meilleurs moments. On me parle encore de l’album Les points sur les i alors qu’il a vingt ans. On me parle de certains morceaux comme « La nuit je ne dors plus ». Quant à « Il est bien temps de concrétiser », c’est quelque chose qu’on se disait à l’époque alors qu’on venait d’arriver. (rires)

Il sort assez vite finalement par rapport à ta première apparition.

Exactement. Après on voyait aussi ce qui se passait autour de nous avec 113, Rohff et surtout Kery. Pour nous les portes étaient ouvertes. On avait la chance d’aller en tournée avec les autres, de passer en radio avec « Hold up » de 113. Ça nous a mis un coup de projecteur incroyable, donc on était pressés. Je ne saurais pas te dire pourquoi… (rires) Mais le titre du morceau est arrivé comme ça, et on a écrit autour.

Tu as une relation particulière avec Karlito, tu as beaucoup de morceaux avec lui.

Au-delà de ça c’est mon cousin donc la relation est forcément spéciale. Mais j’ai toujours kiffé son rap, j’ai toujours trouvé qu’il avait une plume sombre et mélancolique. J’ai toujours aimé ce délire-là chez lui, et puis il était toujours avec moi, avec nous. Il a beaucoup d’idées, donc il nous a énormément aidés en studio. Tu lui dis « on va faire un son sur ça » et dans la demi-heure qui suit il a déjà son couplet, et c’est un couplet qui tue, pas écrit à la va-vite. Il avait vraiment un don, et je pense qu’il l’a toujours sauf qu’il le travaille un petit peu moins. C’est sûr qu’on a une relation privilégiée, on dormait dans la même maison, c’est la famille.

Dans son livre « Les liens sacrés », Manu Key explique que c’est toi qui l’a présenté à la Mafia K’1 Fry.

Exactement. D’ailleurs j’ai une anecdote. Une fois j’étais avec L.A.S, on rentre chez moi, Karl était là, il était en train d’écrire. Je lui demande ce qu’il fait, il me répond qu’il écrit un texte. Moi je le calcule pas, je le néglige, malheureusement. (rires) Et c’est L.A.S. qui lui demande de faire le couplet. Il nous le fait… J’étais sur le cul. Je lui dis « pose le cahier on va à la Demi-Lune ». On l’a ramené à la Demi, il y avait pas mal de monde, notamment Kery je me rappelle. Je lui dis : « Fais-leur le couplet ! » Il leur a fait le couplet et depuis ce jour-là, il a été signé, c’était acté, ils l’ont tous invité dans leurs albums respectifs. Il a aidé pas mal de monde, même Rohff sur quelques albums. Après il a fait la carrière qu’il a fait. Mais c’est vrai que c’est L.A.S. et moi qui l’avons présenté à la Mafia K’1 Fry en tant que rappeur. Ils le connaissaient, mais pas sous l’angle du rappeur. Ils savaient que c’était mon cousin, mais rien de plus.

Ce n’est pas pour rien si on l’appelle « le secret le mieux gardé de la Mafia K’1 Fry ».

Même chez lui c’était un secret, même moi je ne savais pas ! (rires) Il a toujours été comme ça, il est très dans son monde, il est dans sa werss comme dirait Rohff.

3 – Mafia K’1 Fry – Pour ceux (2003, La cerise sur le ghetto)

Ça tu n’as pas besoin de m’en faire écouter beaucoup. (rires) « Pour ceux », classique de la Mafia K’1 Fry, c’est un son qu’on joue encore à l’heure d’aujourd’hui, qui fait bouger les foules presque vingt ans après. Je crois que c’est Manu qui a ramené la prod de Jakus, un mec de Jacques Cartier avec qui on a toujours travaillé. Après ça s’est fait tout seul. Housni a écouté le truc, il a fait un refrain direct et bam bam. Quand on le fait pour nous c’est un bon son, c’est pas une dinguerie. Sauf qu’après on l’a mis en image, et c’est le mélange du son et de l’image qui a donné la puissance de ce morceau-là. Aujourd’hui je trouve que la prod n’est plus vraiment d’actu, mais le son si. C’est un son légendaire, classique pour moi. Il a mis tout le monde d’accord, et le clip aussi. On était des précurseurs dans ce délire-là. On a ramené le délire de plein de monde dans les clips. On voyait ça chez les américains, mais en France ça ne se faisait pas vraiment. On a ramené ce truc de cité, on a mis en valeur le bon côté de la cité. Quand tu regardes le clip il n’y a pas de calibres, pas de drogue, ce n’était pas cette ambiance-là. On a essayé de ramener vraiment le côté authentique, propre, du quartier. C’était mon quartier, mais ça aurait pu être le tien ou celui de n’importe qui. Je pense que tout le monde s’est un peu reconnu là-dedans. S’il y a un truc dont je suis croc, c’est qu’on a été les précurseurs dans ce genre de clips. Aujourd’hui tout le monde le fait, même vingt ans après.

Effectivement, on montre vos différents quartiers, mais ce n’est pas fait avec les sourcils froncés.

Ah non c’est jovial. C’est pour ça que je te disais que c’est un peu les bons côtés du quartier, même si c’était le bordel. C’était un truc de fou le tournage. C’était marrant des fois, mais quand j’ai fait ma partie à Orly c’était relou : les petits avaient déjà sorti les bécanes deux heures avant, il y avait des keufs partout. Il fallait s’expliquer, ils voulaient se battre avec les condés… C’était une ambiance un peu spéciale, mais sans ramener l’esprit sombre du quartier. Tout le monde pouvait le regarder, même si c’était un peu « cas sociaux ». Tu pouvais le regarder normal avec ta mère. Dedans il y a des darons d’amis à nous… Tous les gens qui sont dedans sont des amis à nous finalement. Tu y vois des petits du quartier de Rim’k, des petits de Joinville… Un archi bon souvenir, que ce soit le tournage, le clip et l’enregistrement. C’était de bons moments. C’est juste dommage qu’il n’y ait pas eu Kery avec nous sur cet album-là, sinon ça aurait été un album d’anthologie.

Il s’est bien rattrapé sur le deuxième album de la Mafia K’1 Fry.

Il s’est bien rattrapé sur le deuxième, mais il en manquait encore un ! (rires) Malheureusement il manque toujours quelqu’un, c’est un peu ma frustration.

Dans ce clip on a appris il y a peu que la personne qui se fait courser par les chiens est Franck Gastambide, que tu as finalement retrouvé en 2020 dans la série « Validé », à travers une petite apparition, et un morceau sur la B.O. avec Lefa et Take A Mic.

(rires) C’est exact. Il était maître chien, et c’était ses chiens, il a fait la scène lui-même. Ça aurait peut-être été dangereux qu’on la fasse à sa place. Il a mis son petit masque, et il l’a fait. Regarde aujourd’hui, il a fait « Taxi 5 », « Pattaya », « Les Kaïra », « Validé »… La vie c’est bizarre ! (rires) Tu ne t’y attends pas, et aujourd’hui c’est limite lui qui nous donne du taf ! Kourtrajmé, qui a fait le clip, c’était une bonne équipe même à cette époque. Regarde ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Ils ont évolué dans leur art et ont tout cassé. Donc franchement bon souvenir. J’en parlais avec Franck il n’y a pas longtemps. C’est un fan de rap, il avait kiffé.

4 – Intouchable feat. Tonton David – La gagne (2005, La vie de rêve)

« Hé tonton ! » (rires) « La gagne », 2005, deuxième album du groupe Intouchable. Tonton David c’est un grand de Champigny à la base. Il venait souvent à Jacques Cartier voir des gens de chez nous, qui nous l’ont présenté. Au final on a fait un son avec lui qui a donné « La gagne ». A la base on n’était pas parti pour faire un son de ce genre-là, mais c’est lui qui a donné le tempo, il nous a fait un putain de refrain, et je crois que c’est la plus grosse carte qu’Intouchable ait pu jouer dans sa carrière. C’est un son qui nous a vachement aidés, qui est passé en télé, en radio… Et nous on avait jamais eu ça en tant qu’Intouchable.

Même pas avec 113 pour « Hold up » ?

Si, mais là c’était notre disque, notre album, c’était différent. On n’était pas en featuring avec quelqu’un, c’est quelqu’un qui était en feat avec nous. Donc ça nous a un peu ouvert les portes du grand public, et ça nous a fait connaître à un plus grande échelle. Paix à son âme, aujourd’hui Tonton David est parti, trop tôt je pense. Mais en tout cas c’est un pilier de notre art, du hip-hop français. C’est grâce à lui que j’ai aimé cette musique. La première cassette que j’ai écoutée c’était Rapattitude, avec Tonton David dedans. C’est pour ça qu’ils nous ont marqués. Le fait de faire un feat avec lui c’était plus qu’un honneur.

A la fin du morceau il dédicace une partie de la Mafia K’1 Fry, on sent qu’il vous connaît bien, qu’il n’est pas là par hasard.

(rires) C’est notre grand ! C’était un kif de faire ce son-là, en plus il est trop marrant, gros fumeur ! (rires) Il bouge pas tant qu’il n’a pas sa weed ! Grand monsieur du hip-hop français, paix à son âme.

Avec Intouchable c’est une période durant laquelle vous faites beaucoup d’apparitions remarquées, sur les albums des autres notamment, comme Rohff, le 113, mais aussi Oxmo Puccino, Booba…

Bien sûr ! C’est grâce à notre petite lumière, notre petit côté ghetto qui plaisait à pas mal de monde. Pour Oxmo c’était un peu différent parce que c’est comme un mec de mon quartier. Ses cousins habitaient à Jacques Cartier, il était souvent là, je ne te cache pas qu’il aurait pu être dans la Mafia K’1 Fry. Booba aussi a fait appel à nous, et franchement c’était un kif, grand big up à lui par rapport à ça, il nous a mis bien, on a fait un gros morceau, on m’en parle encore aujourd’hui. En tout cas à l’époque on avait notre petit buzz de rappeurs ghettos de la Mafia K’1 Fry. Mine de rien on était le côté un peu « cramé » de l’équipe.

Ce qui ne vous empêchait pas d’aller collaborer avec des artistes plus ouverts tels qu’Oxmo, Diam’s, Tonton David, etc. Les gens vous appréciaient au-delà du rap hardcore.

Bien sûr, nous on fonctionnait beaucoup au relationnel. On est des gens… Comment dire ? On est comme les gaulois : on est très accueillants, très gentils, très avenants, on partage beaucoup, mais quand ça part en couilles, ça part en couilles ! Au-delà de ça on est des gens vraiment très agréables, sans se jeter de fleurs. Quand je dis ça je pense beaucoup à Demon, parce qu’il est vraiment comme ça. Les gens ressentent ce truc-là, qui gomme un peu notre mauvaise image. Même si on est des bendos, qu’on a fait du sale, notre façon d’être est appréciée par pas mal de monde. On a toujours été correct, on n’a jamais manqué de respect gratuitement. On est des gens bien élevés malgré tout. (rires)

Sur ce deuxième album il n’y a pas beaucoup de featurings avec la Mafia K’1 Fry, en comparaison avec le premier.

C’est vrai, mais on sortait de beaucoup d’albums de membres de la Mafia K’1 Fry sur lesquels on apparaissait, que ce soit Manu Key, Rohff, 113, Ideal J, sans compter notre premier album… C’était des combinaisons qu’on avait déjà pratiquées plusieurs fois, c’était peut-être pas essentiel d’en refaire encore sur notre album. On a été voir un peu d’autres gens, on a essayé d’ouvrir un peu, de faire des choses un peu différentes. Housni voulait qu’on mette « Ça fait zizir » sur l’album, mais comme ça faisait un moment qu’il était sorti, on a dit « non, laisse tomber, on le met pas dessus ».

Surtout qu’il avait déjà vécu sa vie ce morceau sur La fierté des nôtres.

Voilà, c’est exactement ça, il était déjà sorti bien avant, et on ne trouvait pas judicieux de le remettre sur notre album. Avec le recul je pense qu’on aurait dû parce que c’était quand même un plus, ça nous aurait permis de faire le clip. Après on ne regrette rien hein, mais bon voilà.

5 – Kery James, Dry & Selim du 94 – Marqués à vie (2008, réédition de Jusqu’à la mort)

Aight ! Morceau avec Kery James sur la réédition du deuxième album de la Mafia K’1 Fry. Il fallait cinq morceaux, tout le monde n’était pas toujours motivé pour poser, Kery m’a proposé de faire ce morceau-là, je l’ai suivi de suite. La prod me parlait grave donc j’ai foncé direct, et on a fait un son qui nous ressemble. On y retrace un peu nos regrets, on raconte un peu ce qu’on a vécu, comment on voit la rue, c’est le genre de choses qu’on sait faire, on a l’habitude. J’ai des regrets par rapport à ce morceau-là, je trouve qu’il n’a pas été exploité à sa juste valeur, on aurait pu en faire un truc encore plus fort, le clipper… Après avec la Mafia on a fait tellement de sons qu’on n’aurait pas pu tout exploiter, tout clipper…

Ce qu’on retient de suite de ce morceau, c’est que vous commencez tous les deux votre couplet par « Tu crois qu’on joue toi ? », présent sur le classique « Thug life » de Kery sur la première édition de Jusqu’à la mort. Et ensuite je trouve que sur ce deuxième album particulièrement, vos prestations à tous les deux sortent du lot.

C’est les retours que j’ai eus, en tout cas me concernant. (rires)

2007, 2008 et 2009, c’est une période où tu poses des couplets qui préparent le terrain pour une aventure solo, on sent que tu trouves l’énergie qui va caractériser ton flow par la suite.

Je crois qu’à cette période-là j’ai réussi à trouver mon style, ma voix. Je suis de l’école du Intouchable, de Demon One et sa voix spéciale. Je me trouvais un peu mince à côté tu vois. Des fois j’appuyais sur des trucs, et je crois que je me cherchais. Cette période du deuxième album de la Mafia, entre 2007 et 2010, c’est là que j’ai compris où étaient mes points forts et mes points faibles. J’étais beaucoup plus en accord avec ma voix. Tu sais que quand je réécoute mes sons d’avant j’ai un problème. (rires) J’ai du mal, mais ça ne dérange personne à part moi !

En premier morceau de cette sélection, j’ai hésité entre « Show Bizness 98 » et « On débarque » présent sur Légendaire, dans lequel on trouve un très bon passe-passe entre Kery et toi, mais j’ai toujours du mal à reconnaître ta voix.

Elle est archi aigue et tout ! C’était ma première fois, on dirait un petit bébé. (rires) C’est pas un exercice que je connaissais vraiment. Il me fallait le temps de me trouver, que je comprenne, que j’aie ma propre technique… En résumé il me fallait mon temps d’adaptation pour me trouver.

« Marqués à vie » montre aussi la relation particulière qui t’unit à Kery James, la même année on te retrouve sur son album solo avec le morceau « Egotripes ».

Il y a énormément de respect déjà, de ma part pour lui, comme quand je te parlais de Rapattitude au début. A cette époque j’habitais à Sevran, et les premiers mecs de mon âge que j’ai vu rapper c’est eux. Quand je les ai vus à leurs débuts je me suis dit qu’ils étaient chauds, qu’ils rappaient archi bien ! Quand j’ai débarqué à Orly je les ai rencontrés. Déjà il y a beaucoup de respect par rapport à lui et sa personne, puisque c’est un bon gars. Je sais que c’est réciproque, on sait ce qu’on a fait dans nos vies, il sait que je suis, je sais qui il est, donc le respect est mutuel. On est passé par des épreuves assez jeunes, et pas qu’une seule, il y en a eu plusieurs.  Tu sens qu’il y a un lien entre nous , qu’il y a quelque chose, même si je n’en parle pas tout le temps. C’est mon gars sûr, et j’ai énormément de respect pour cette personne, parce que c’est un vrai. Des vrais on en trouve pas à tous les coins de rue. Certains se disent vrais et sont à côté de la plaque. On a vraiment vécu des choses difficiles, on ne les a pas toujours avalées de la même manière. Il a été touché par certaines choses que j’ai avalées un peu mieux que lui. Donc sans se parler on se comprend. Je sais ce qu’il a ressenti, et ce qu’il ressent aujourd’hui. Je sais comment il me voit, il sait comment je le vois, et ce sont des choses qui ne bougeront jamais.

6 – Dry – Tout le monde à terre (2008, De la pure pour les durs)

Ouh ! « Tout le monde à terre, terre ! » Mon premier vrai morceau solo, même si j’en avais déjà fait un sur Les points sur les i, qui s’appelait « Qui ça ? ». Mais celui-ci c’est mon premier vrai morceau tout seul, c’est mon petit classique à moi. (rires) Donc ça date, c’était en 2008, Demon avait décidé de faire son album solo. Je ne voulais pas rester là à rien faire et attendre la suite. Dawala m’a poussé pour que j’enregistre des trucs, que je fasse au moins une street tape, et c’est le premier morceau que j’ai fait, que j’ai lancé. Je l’ai clippé, et jusqu’à aujourd’hui, quand je vais dans les quartiers, c’est un des sons qui ressortent, comme « La pièce », qui font vraiment partie de mon CV, qui ont marqué des générations. Peut-être pas énormément de gens, mais en tout cas ça a touché plusieurs générations. Il y a beaucoup de gens d’une certaine tranche d’âge qui me parlent de ce son-là. « ‘Tout le monde à terre’, oh là là, j’allais au charbon avec, vous nous avez fait faire des trucs de fou » (rires) J’étais à Marseille il n’y a pas longtemps, et des mecs m’ont dit « vous avez niqué nos vies ! » Des gens qui nous kiffent hein ! Comment le prendre ? C’est un compliment ?

Ça veut dire que c’était un vrai banger.

Le pire c’est que je l’ai fait comme ça, sans calculer, et ça donne un truc qui reste. Si je vais calculer et me dire que ça ça va marcher, ben en fait non. Dans la musique il faut faire les choses par plaisir, sans se prendre la tête à vouloir plaire absolument. Il faut faire ce que toi tu aimes, et si ça plaît tant mieux, sinon tant pis. Ce sont des sons que j’ai fait sans me prendre la tête, avec le cœur, et en racontant ma vie, tout simplement, réelle.

Ce morceau a connu une deuxième vie avec un remix incroyable.

J’en parlais l’autre jour justement. Tu sais pour moi, dans mon top 3 des meilleurs rappeurs il y a Lino, j’étais obligé de le mettre dessus. Pour moi c’est celui qui a fait le meilleur couplet sur le morceau, il a tout cassé, légendaire. Je ne sais pas si à l’heure actuelle je pourrais te faire un solo d’une puissance comme ça… Je ne suis vraiment pas sûr. Mais au moins c’est mon classique, ça a été comme ma petite carte de visite c’est ce qui m’a fait connaître à un maximum de public en tant que Dry, et pas Intouchable. Ça a été ma petite rampe de lancement pour la suite.

Pour clore le chapitre, en ce moment on entend parler de la Mafia, avec les actualités de Manu Key, Rohff, Rim’K, AP…

(Il coupe) J’ai kiffé le projet d’AP ! Allez l’écouter !

Rohff ne s’arrête pas de sortir des trucs non plus. Donc on est obligé de se demander si on reverra un jour la Mafia réunie autour d’un projet, pas forcément un album…

Je verrais bien un film, je pense que c’est une chose qui va se faire. Ça va prendre un petit peu de temps parce qu’on a quelques égos dans l’équipe. Il y a des problèmes difficiles à régler, mais j’ai bon espoir. Quant à faire un disque pourquoi pas, mais à l’ère des chiffres je serais tellement déçu de floper. C’est malheureux ce que je te dis, mais c’est réel, je serais déçu de gâcher l’histoire. Comme je n’ai pas envie de ça, je préfère opter pour un film. On a une belle histoire, elle est unique, personne dans le rap français n’a la nôtre. Tu fais une belle B.O. et tu pars en concert, ce serait vraiment le top pour moi. J’ai bon espoir pour que les choses se fassent.

7 – Sexion D’Assaut feat. Dry – Wati Bon Son (2009, L’écrasement de tête)

« Wati Bon Son ! » C’est l’arrivée de la Sexion, Dawala a dégoté un petit groupe de jeunes grave prometteur. Il m’a fait écouter et m’a dit « ils veulent faire un feat avec toi ». C’est ce groupe-là qui m’a finalement donné une deuxième vie dans la musique, c’est un autre public, c’était autre chose. J’ai vécu beaucoup de choses avec la Mafia K’1 Fry  et avec mon groupe. On a voyagé, on a vu beaucoup de belles choses, vécu beaucoup de bons moments… Mais avec la Sexion c’était incroyable, on a pratiquement fait le tour du monde, tous les Zéniths possibles. Je les remercie de m’avoir donné cette nouvelle vie. A l’heure actuelle, si je ne les avais pas croisés, je ne serais peut-être pas là, j’aurais peut-être fait autre chose.

A partir de là vous ne vous lâchez plus, on a presque l’impression que tu fais partie de la Sexion. Tu es sur tous leurs albums, eux sont sur tous les tiens.

(rires) A l’heure d’aujourd’hui les gens croient encore que je fais partie de la Sexion, ils n’ont toujours pas compris ! Mais bon c’était un peu confus, entre ça et Wati-B… Wati-B a été créé pour l’album faire La vie de rêve, c’est notre société. C’est le label de Dawala, il fallait qu’on ait une société au sein de la maison de disques, donc on l’a créée. On était là bien avant la Sexion, ça existe depuis 2005, sauf que c’est eux qui ont fait péter le truc, les gens ont un peu amalgamé Wati-B et Sexion D’Assaut, les gens arrivent pas trop à réfléchir non plus des fois, tu connais. Wati-B c’est nous tous, et donc on fait tous partie de la Sexion. Je n’ai jamais eu vraiment de problèmes avec ça.

Après faut être réaliste, pourquoi on fait ça ? Au début on le faisait pour le plaisir, mais si on a continué à le faire, c’était quand même pour essayer d’en vivre, donc ça ne m’a pas dérangé de passer dans ce monde-là. Je ne sais pas comment t’expliquer. Ce n’était pas vraiment le même monde avec la Mafia K’1 Fry, j’avais une autre facette. Là c’était beaucoup plus souple, je pouvais me permettre de chantonner un peu, de faire des tubes. Donc je n’ai jamais eu vraiment de problèmes avec ça et le public ne me l’a jamais vraiment reproché, même si je sais que beaucoup de gens ont lâché parce que ce n’était pas trop leur came. Mais on ne m’a jamais vraiment reproché de gagner ma vie.

Je crois que les gens ont compris aussi parce que c’était la fin de l’aventure discographique de la Mafia K’1 Fry en tant que collectif. C’était normal que tu rebondisses, tu ne les abandonnais pas.

Bien sûr, et même les membres de la Mafia K’1 Fry étaient contents pour moi, ils me disaient « tu as tout compris ». Après le jeu c’était de trouver un groupe ou des artistes à produire dans ce style-là. Cette épopée est magnifique, que du bonheur. Et puis je ne te cache pas que rapologiquement parlant, que ce soit Gims, Lefa, JR O Crom ou Doomams, ils m’ont fait une mise à jour dans la manière de rapper. Ça écrivait plus comme avant déjà, c’était déjà un peu différent. Donc ils m’ont permis ma petit mise à jour, ils m’ont fait grave du bien, et je les en remercie.

Ils avaient l’air ravis d’apparaître avec toi, de t’avoir à leurs côtés.

C’est des jeunes qui ont écouté notre musique, ils sont avec Dry, et la vie a fait que ça a pété pour eux. Moi je suis quelqu’un de simple, tu me connais : tu me casses pas les couilles je te casse pas les couilles. J’aime bien rigoler, je suis plutôt cool, donc ils m’ont pris en mode grand frère qui donne la force, et aujourd’hui c’est eux qui men donnent. Il n’y avait vraiment pas de problème, ils ont toujours été super bons avec moi. Même à l’heure d’aujourd’hui, je peux appeler n’importe lequel, même Gims qui est millionnaire au bout du monde, il va me répondre normal. Il ne va pas me faire galérer, il ne va pas me manquer de respect, c’est ça que j’aime chez eux. C’est des bons, ils méritent le succès qu’ils ont eu, et j’espère que ça va continuer encore.

Tu as des morceaux qui sont des hits commerciaux, mais avec des formules différentes. Si on prend « Wati By Night », « La gagne », « Pour ceux » ou « Hold up » par exemple, ils sont très différents.

Ça me ressemble un petit peu dans le sens où je fais plein de choses différentes. Si tu regardes un peu mes albums, tu vois bien que je fais un peu de tout. Si tu prends mes trois derniers albums, j’ai toujours essayé d’amener un truc un peu différent. Je n’ai pas une recette. Les gens ont aimé « La nuit je ne dors plus » ? « Pour ceux » ? Super, mais je ne vais pas faire que des trucs comme ça. Quand il y a des tendances je m’y essaye. J’aime bien les choses ouvertes, je suis un lover, j’ai toujours fait des sons avec des meufs. Tranquille. (rires) En gros je suis quelqu’un d’ouvert, et dans mes morceaux, plein de recettes différentes ont fonctionné, des tubes comme des sons ghetto. On a eu cette chance de faire des sons qui plaisent aux gens, tout simplement. Il n’y a pas de règles dans la musique. Tu peux faire un son archi hardcore, ça peut être un classique de fou. Inversement, pour toi un morceau peut être un gros tube et personne ne va le calculer.

C’est le public qui décide.

Mon dernier son avec Dadju, ça part d’un délire entre nous deux, on écoutait un son nigérian, je lui ai demandé s’il aimait bien ce genre de son, si ça lui disait de partir là-dessus, et ça s’est fait comme ça ! Il n’est jamais passé en radio, mais il est à plus de soixante millions de vues sur YouTube, c’est un classique j’ai envie de te dire. Quand je le fais en concert c’est le feu, je n’ai même pas besoin de chanter. Donc voilà, j’ai toujours été quelqu’un qui fait des sons différents, je n’ai pas peur de sortir de mes retranchements.

8 – Dry feat. Diam’s – Vice versa (2009, Les derniers seront les premiers,)

Mélanie ! Les derniers seront les premiers, premier album. Vu que ça s’était plutôt bien passé pour ma mixtape, j’avais beaucoup de bons retours, donc je me suis lancé dans l’album. Et pour moi il fallait absolument que Diam’s soit là. C’était vraiment à l’époque où elle commençait à vouloir arrêter la musique par rapport à la religion. Je lui ai quand même soumis le truc, vu qu’on se connaissait bien, et depuis longtemps. C’est Demon qui me l’avait présentée, il l’avait connue cinq ou six ans avant. Je l’ai motivée, elle est venue, on s’est vus en studio, c’est elle qui a trouvé le thème et les idées. Dans le clip tu vois qu’elle a son petit foulard, c’est les prémices de la fin. En femme, pour moi c’est la meilleure, elle a frappé tellement de mecs lyricalement parlant, elle a fait tellement de sale. Pour moi c’était une tueuse à gages. Grand respect à elle. Je ne la remercierai jamais assez, elle a toujours été simple et cool avec nous. Des fois je voulais venir en concert, elle me filait des places normal, je ramenais des petits jeunes de chez moi. Je crois qu’elle avait aussi posé sur le solo de Demon.

Oui, et sur votre deuxième album avec Intouchable.

« Pour une fois honneur aux dames, ok ! » (rires) A partir du moment où tu vois qu’on fait beaucoup de morceaux avec la même personne, c’est que la relation est spéciale. Donc grand respect à Mélanie, et je sais qu’elle a beaucoup de respect pour nous. Quand je l’ai appelée elle n’a pas hésité, c’est une bombe cette meuf. J’aurais bien voulu qu’elle revienne avec quelques sons, mais après je comprends que c’est un peu compliqué.

Dans « Vice versa » l’exercice est intéressant, parce que tu te mets dans la peau d’une meuf, et elle d’un mec. Je ne crois pas que ça ait été refait d’ailleurs.

A la base on voulait l’écrire normal, j’allais parler d’un petit garçon, mais elle m’a dit « viens on fait un truc différent, on essaie de échanger les rôles ». Je ne comprenais pas, je lui dis : « Changer les rôles ? » Elle me dit « Tu fais comme si t’étais une meuf, je fais comme si j’étais un mec. » Et au final ça donne un putain de morceau. Je l’ai appelée pour le clip et elle est venue, normal. Ça me fait bizarre de ressasser tout ça, ce ne sont pas des choses auxquelles je pense en général, et là tu me fais un petit retour dans le passé, il y a de l’émotion.

9 – Dry – Radin comme un économe (Maintenant ou jamais, 2013)

« Radin comme un économe ». C’est Barak Adama de la Sexion qui m’avait ramené la prod. Quand tu écoutes bien le morceau, tu sens que dans la vie j’ai été déçu par pas mal de choses, et ce morceau-là retranscrit un peu mon mal-être à ce moment-là. Quand je dis « radin comme un économe » c’est plus en amitié. J’ai donné beaucoup, et des fois tu te rends compte qu’on te donne très peu à toi. Quand tu donnes beaucoup à des gens que tu apprécies vraiment, tu peux être grave déçu. Quand j’ai écrit ce morceau j’étais dans cette ambiance-là, donc je ne me suis pas étalé non plus sur le sujet, mais le refrain veut tout dire en fait. (rires) Des fois je pars sur des thèmes, tu vas tout comprendre dans le refrain, mais je ne vais pas oser me livrer comme je devrais. C’est un exercice que j’ai toujours eu du mal à faire. On me l’a souvent reproché, on m’a souvent dit que je devrais me livrer, mais j’ai mes secrets, mes maux, et des fois je n’arrive pas à en parler, je préfère les garder pour moi.

Ne serait-ce que parler de Mamad ou L.A.S… J’en parle, mais en vérité j’en parle sans en parler. Je ne vais pas réellement dans le sujet, ce sont des choses que je n’ai jamais réussi à faire. Même dans le dernier album j’ai essayé de faire un son où je me livre vraiment, mais je me livre un tiers quoi. En tout cas, « Radin comme un économe » c’était vraiment une période de ma vie où j’étais pas vraiment au beau fixe.

C’est la fin d’une série de trois albums qui se sont enchaînés.

Ouais, il y avait peut-être un an et demi entre chaque album.

Suite à ça il y a eu une longue période sans album en tant que tel.

Ouais, c’était la période où on était tout le temps sur la route avec la Sexion. Mon fils est né en 2011, ma fille en 2008. J’ai pas profité, j’étais pas vraiment chez moi. Même si financièrement parlant c’était cool, je sais que c’est les années où il faut être là parce qu’après vient un âge où les enfants s’en foutent un peu, ils vont un peu leur vie à l’adolescence, ils te calculent pas trop. Je pense que j’avais besoin de profiter de chez moi, de rassurer ma femme, d’être là. Donc j’ai fait une pause, sauf qu’elle s’est allongée, et au final je me suis réveillé sept ans après. (rires) Je n’ai aucun regret par rapport à ça. Le fait de bouger et d’aller en concert c’était lourd, mais au bout d’un moment j’étais gavé je te cache pas. C’était relou. C’est bien au début, c’est des bons moments, et puis ça devient la routine. C’est comme tout, il faut casser ce truc-là pour retrouver du plaisir à revenir. Là, ça parle de la prochaine tournée de la Sexion, et on a hâte ! Il y en qui n’ont rien foutu, qui ont rebossé entre temps. Pour certains ça va être un putain de kif parce que ça fait longtemps qu’on ne s’est pas retrouvés tous ensemble dans le car à se charrier, jouer à la Play, retrouver le public, les autographes… Sur scène on dirait que tu es un super héros. Ce sont des sensations, c’est un pur kif.

Donc tu vas faire partie de la tournée, la question ne s’est même pas posée.

Ben si c’est les classiques je suis obligé d’être là. Il n’y a pas moyen que je ne sois pas là ! Ça fait trop longtemps que je n’ai pas bougé, ça me démange ! C’est le Covid qui nous a un peu mis dedans, sinon j’aurais des concerts. Ça a freiné tout le monde.

Un peu avant le Covid, tu as sorti deux projets : De la pure pour les durs 2 Vol. 1 et 2.

Exactement. C’était pour donner un peu de contenu à mon public parce qu’il y a des gens qui me suivent, et le fait de ne rien faire pendant un si grand laps de temps c’est chaud. J’ai donné un peu de contenu, ça m’a un peu remis dans le paysage, et puis là on reprend tout. Ce nouvel album c’est comme si je recommençais à zéro en vérité. Il faut donc fidéliser, montrer qu’on est là, qu’on n’est pas has been. Aujourd’hui la musique se consomme tellement vite, il faut être tellement productif, c’est des choses que je n’arrive pas à faire non plus. Je suis pas enfermé pendant un mois dans un studio à rentrer à 6 du mat’. Je travaille différemment, c’est pour ça que mon album a pris du temps. Je consacre du temps à ma famille, et puis je commence à être un vieux père ! (rires) Bref, dans la musique actuelle il faut être grave productif pour ne pas disparaître, parce que ça va vite.

10 – Dry – Hollywood (2021, Dysnomia)

« Hollywood » !

Une ambiance plus sombre que tout ce que tu as pu balancer durant la décennie passée.

Plus sombre oui ! Mon album qui arrive est très rap contrairement à Maintenant ou jamais, le dernier album que j’ai fait. C’est l’opposé. Je crois que dans Maintenant ou jamais je me suis un peu perdu dans cette histoire de tubes, de radio. J’étais tellement dans le mood Wati-B et des tournées que je me suis un peu perdu là-dedans. Au final je me suis mis trop de contraintes en termes de tubes, de format, etc. Le nouvel album je l’ai fait différemment, avec plaisir. « Hollywood » je l’ai fait il y a un moment, mais je l’ai sorti maintenant parce que je voyais tout le monde sortir des sons de drill. Il fallait que je le jette, qu’on n’en parle plus. Comme ce que je te disais tout à l’heure, j’essaie de tout. J’aime bien la drill, mais je n’ai pas fait de la drill comme tous les autres. Je l’ai faite un peu new-yorkaise, un peu différente de celle de Gazo par exemple. Si Gazo est la référence française en drill, ben moi c’est un peu différent, à ma sauce, plus new-yorkais. Cet album-là c’est que du plaisir. Ca rappe, ça tranche, il y a bien sûr des sons un peu plus ouverts, mais ce ne sont que des choses que j’aime. J’ai kiffé les faire, je ne me suis pas donné de directives, j’ai pris des instrus que je kiffais, si le son est bon on le garde, sinon on jette et on passe à autre chose. J’ai fait trente-cinq sons, j’en ai gardé seize. Ça sort le 14 mai.

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