10 Bons Sons US en octobre 2020

Alors que chez nous, la pandémie reprenait de plus belle ces dernières semaines, les occupations étaient tout autres chez les zinzins de l’autre côté de l’Atlantique. L’U.S. Postal n’ayant pas pu utiliser les mêmes produits qu’à l’époque où Lance Armstrong franchissait l’Alpe d’Huez comme une route vallonée, il a fallu atteindre plusieurs jours pour qu’au bout du suspense, un vieux pédophile raciste remplace un autre vieux pédophile raciste dans le bureau ovale. La scène rap quant à elle, a tranquillement suivi son cours, lors d’une période traditionnellement creuse.

21 Savage x Metro Boomin – Runnin

En ce mois d’Octobre, tandis que la plupart des américains s’apprêtent à célébrer Halloween, 21 Savage marque son grand retour avec l’album Savage Mode 2. Avec un sample de Diana Ross – « I thought it took a little time » et Metro Boomin derrière les manettes, l’anglais revient sur la génèse de son premier projet sorti il y a 4 ans. Il en profite bien évidemment pour tailler la concurrence, leur conseillant de courir loin (comme le stipule le refrain) et de ne pas forcement revenir. Pour conclure , le Londonien ne manque pas de rappeler sa dernière victoire aux grammy awards, histoire de se pavaner comme il faut et de mettre tout le monde d’accord. Après ce premier extrait on peut donc aller écouter le reste de la mixtape ou on pourra retrouver Drake, Young Thug ou encore Young Nudy. – Clément

Raks – Jungle In My Mind

Finalement on reste en Grande Bretagne avec une pépite découverte sur GRM Daily, une chaîne Youtube qui se concentre en général sur la culture urbaine UK et qui très souvent, met en avant des jeunes loups (et louves) bourrés de talent et assoiffés d’expérience. C’est le cas de Raks qui, sur une instrumentale nébuleuse (dont je cherche encore le créateur) nous plonge dans son univers très visuel, aux métaphores bien senties et aux références aiguisées. Ici, il compare le rap à un jeu vidéo dont il serait au level maximum, mais dont il comprendrait et percevrait de moins en moins les tenants et aboutissants. – Clément

Statik Selektah – Keep It Moving feat. Nas, Joey Bada$$ & Gary Clark Jr.

Quand un des kings de New-York (coucou Bernard) rencontre un de ses successeurs au trône, ça donne ce genre de petit morceau très sympathique. Sur une instrumentale très smooth et un tantinet old school de Statik Selektah et avec l’ajout des magnifiques cordes du guitariste Gary Clark Jr., on retrouve donc le grand monsieur Nas et son fils spirituel que pourrait être Joey Bada$$ pour découper une prod’ comme ils ont le secret. Si les deux rappeurs étaient des vins, Nas serait un grand bourgogne tandis que Joey serait un beaujolais de quelques années. Bref, cessons l’œnologie bas de gamme et notons que le morceau se retrouvera sur le prochain projet personnel du producteur, le neuvième depuis 2007. Et en attendant d’autres morceaux dans cette veine, profitons. – Clément

Westside Gunn feat. Armani Caesar, Conway & Benny – 98 Sabres (Prod. Just Blaze)

Griselda quasiment au complet sur une instrumentale de Just Blaze, l’affiche avait de quoi faire saliver. Pour conclure son dernier album Who Made The Sunshine, une sortie qui ne dépasse néanmoins pas Pray 4 Paris dans sa discographie 2020, Westside Gunn a convié la grosse équipe pour un pur morceau de kickage dans les règles de l’art. On ne respire pas pendant 4 minutes, et l’on peut sentir les coups que prend la production du légendaire beatmaker de Roc-a-Fella. Paradoxalement, les morceaux de ce type, énergiques et exigeants, avec cette ambiance presque « wutangienne », sont relativement rare dans la courte histoire du label de Buffalo. On regrettera simplement l’absence du cinquième larron Boldy James. – Xavier

Willie The Kid feat. Kiyana – Watch Your Step (Prod. V Don)

Ne vous fiez pas à sa voix juvénile ni à son nom de scène. Willie the Kid est un vieux de la vieille, qui arpente la scène underground depuis maintenant de nombreuses années, en atteste sa volumineuse discographie. Ces dernières années, ses meilleures sorties étaient généralement des collaborations avec le légendaire V Don qui lui a produit un certain nombre d’EP. Sorti au tout début du mois, Capital Gains nous est vendu, malgré sa courte durée, comme un album rassemblant de nombreux invités et producteurs. Rien de bien révolutionnaire pour ceux qui ont suivi ses dernières sorties, le rappeur du Michigan s’inscrivant parfaitement dans la veine « néo-newyorkaise », en en intégrant la plupart des codes et pratiques. Difficile dès lors d’extraire un morceau de ce LP de 25 minutes, tant chaque morceau s’articule bien à l’ensemble. Mettons « Watch Your Step » pour la petite touche soul apportée par Kiyana (et pour la prod de V Don bien sûr). – Xavier

King Von feat. Polo G – The Code (Prod. JTK, DJ Ayo & LC)

Une mixtape en forme de chant du cygne. Une semaine après la sortie de Welcome to O-Block, le chicagoan King Von, membre émérite de la OTF Family, a été abattu au cours d’une rixe devant une discothèque à Atlanta, lui qui était âgé de 26 ans. Représentant, jusqu’au bout, de la violente et mortifère scène drill de Chicago, sa voix torturée manquera aux amateurs du genre. Le piano de « The Code », où Polo G rappe à ses côtés, nous paraissait être un hommage approprié. RIP. – Xavier

Dizzee Rascal – Don’t be dumb feat. Ocean Wisdom (prod. Splurgeboys)

Le pape du grime a pris plusieurs virages plus ou moins cohérents au cours de sa carrière, mais chaque retour effectué sur son terrain d’origine est une réussite. Issu de E3 AF, album croisant plusieurs périodes précédemment abordées, Don’t be dumb fait la part belle au kickage. Sur une production minimaliste et synthétique des talentueux Splurgeboys, Dizzee et Ocean Wisdom alternent de courts couplets en fast-flow jusqu’à finir en passe-passe, à deux doigts de la fusion. Le refrain vient ralentir la cadence à deux reprises et offre une aération permettant d’éviter l’étouffement. En bref, de belles retrouvailles avec Dizzee Rascal, et une invitation à découvrir la musique d’Ocean Wisdom pour ceux qui ne le connaîtraient pas. – Jérémy

Elcamino & Camoflauge Monk – Loyalty is a must

Annoncé depuis des mois comme son propre Illmatic, Walking by Faith semble avoir une saveur toute particulière pour Elcamino. L’album est entièrement produit par Camoflauge Monk et l’alchimie entre les deux hommes trouve tôt son point d’orgue. De sa boucle de piano et trompette magnifique aux prêches maladroites du jeune rappeur, « Loyalty is a Must » est un petit bijou. Mais si les imperfections de l’écriture sont largement compensées par la sincérité de l’interprétation dans cette intro, il est plus difficile d’en dire autant de l’album dans son intégralité. – Wilhelm

Flee Lord & Eto – Well Done

Alors que les stigmates de RocAmerikkka sont encore dans les esprits de la rédaction, Flee Lord & Eto reviennent enfoncer le clou. Malgré le flot mensuel ininterrompu et franchement dur à suivre de Flee et la forme olympique d’Eto en cette année, c’est sûrement la sortie à ne pas manquer pour les deux hommes. Alors que Delgado est toujours plein d’énergie, Brigante est plutôt l’homme de la force tranquille. Il est aussi celui qui assure la production dans son intégralité avec, globalement, moins de risques mais plus de réussite que sur ses autres sorties de 2020. – Wilhelm

Dave East feat. G Herbo – My Trap (Prod. Reazy Renegade)

Il aura fallu à la troisième mouture de Karma une première sortie sans grand intérêt et sa réédition pour avoir du contenu digne d’y jeter vos nobles esgourdes. Ne nous méprenons pas, Dave est toujours un bon rappeur ; ses association à G Herbo et Jeezy nous le rappellent comme celles avec Young Dolph et Benny à la première sortie, mais on attend plus que des bons choix de feats de sa part. Profitons de l’occasion pour suggérer aux rappeurs de continuer les éditions Deluxe mais de leur donner un tout autre nom et de ne pas inclure les morceaux précédents. – Wilhelm

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