Féfé & Leeroy, l’interview « 10 Bons Sons »

Se replonger dans les carrières de Féfé et Leeroy, c’est fouiller dans des discographies qui ont débuté il y a 22 ans, avec le Saïan Supa Crew bien sûr, mais également dans leurs binômes respectifs au sein du groupe (respectivement OFX et Explicit Samouraï), et leurs carrières solos à partir de 2007. Et à y regarder de plus près, les deux rappeurs ne se sont vraiment jamais lâchés depuis leur rencontre en 1997, jusqu’à  la parution de leur album en duo 365 jours en fin d’année dernière. Nous les avons soumis à l’exercice de l’interview « 10 Bons Sons », afin de retracer ce cheminement commun en 10 chapitres, de 1998 à aujourd’hui.

Photo : Xavier Dollin ©

1 – Saïan Supa Crew – Ton heure a sonné (maxi Saïan Supa Crew, 1998)

Féfé : KLR. (Le rappeur, pas l’album, ndlr)

Leeroy : C’est « Ton heure a sonné » ! Le premier morceau où on est tous ensemble, qu’on a enregistré au studio Nomad de DJ Fun. C’est là qu’on a fait notre morceau « all star » avec tous les gars du crew, sur un sample de Claude François. L’instru a été faite par un peu tout le monde je crois.

Vous vous rencontrez par le biais d’une compil, c’est ça ?

Féfé : Carrément. Je ne sais pas si cette compil est sortie d’ailleurs. Il devait y avoir Sly, OFX et Explicit Samouraï dessus. DJ Fun était l’ingé son du studio, il a enregistré cette compil et nous a présentés en fait.

Avant ce morceau, Leeroy tu étais apparu sur « Affaire de famille » d’Ärsenik, « L’homme qui ne valait pas dix centimes » de Doc Gyneco, sur l’album de Mafia Trece…

Leeroy : J’étais un peu au four et au moulin, je traînais un peu de leur côté ouais.

Féfé, tu as des faits d’armes avant le Saïan ?

Féfé : Des faits d’armes inconnus ! (rires) Des faits d’armes microscopiques, j’étais apparu sur une compil avec Complices Du Vice, un groupe de Bondy, et le groupe E.K Tomb que j’ai rencontré à cette occasion, tout comme DJ Fun. J’étais aussi sur sa mixtape. Et puis sinon plein de soirées au Gibus en tant que MC, et c’est tout. J’avais aussi un crew, mais on n’avait jamais rien sorti.

Leeroy : On s’est rencontré un an avant « Ton heure a sonné », qui est le premier morceau sur lequel on se mélange.

Féfé : C’était vraiment encore l’époque des possee comme on disait. Il y avait encore ce truc de compet’. On s’était tous un peu flairés, on aimait le style de chacun.

2 – Saïan Supa Crew – J’adore (KLR, 1999)

(Féfé rappe le morceau en riant, ndlr)

Leeroy : A cette époque-là on enregistrait le premier album du Saïan, KLR, justement. On avait fini l’album.

Féfé : Vraiment ce morceau c’était la pression, en mode : « On va tout donner ». Comme si c’était notre dernier morceau ! (rires) On avait fini l’album, c’était la dernière nuit, je crois qu’on partait à Paris le lendemain. On était à Toulouse, à Blagnac, pour l’enregistrement. Alsoprodby, un des producteurs, nous fait un challenge et nous dit : « Bon, j’ai cette instru, vous écrivez maintenant et on l’enregistre avant de partir. Freestyle. » C’est parti comme ça, et au final il était patate sur scène. On ne sait pas pourquoi, il n’a rien, c’est juste un freestyle ! Il n’y a pas de thème, tout le monde balance dessus, pas plus !

Leeroy : Il est resté, il a bien vieilli, et on le refait sur scène en mode Féfé / Leeroy, parce qu’il a cette énergie. On aurait pu chanter d’autres chansons de Saïan, mais on l’a gardé pour le live. L’énergie, c’est House Of Pain !

Féfé : Il est signé nineties, avec l’énergie et tout le délire. Il est cool !

Entre « Ton heure a sonné » et KLR il se passe un an. Sur « L’heure a sonné » vous n’avez pas encore tout à fait votre patte, tandis que sur KLR vous avez trouvé une énergie que vous allez garder jusqu’au troisième album. A quel moment trouvez-vous votre formule ?

Féfé : C’est une très bonne question !

Leeroy : C’est une bonne question parce qu’on s’est trouvé en studio. On est parti enregistrer KLR avec trois morceaux et demi dans la poche, et quelques idées d’instrus. C’est comme ça qu’on est partis le faire à Toulouse pendant trois semaines ou un mois.

Féfé : Ce qu’il faut savoir c’est que cet album on l’a fait avec tous nos morceaux. On avait tous une certaine carrière de MC, on avait eu des groupes qui s’étaient cassés la gueule. On avait fait plein de MJC, de concerts pourris, et on avait tous un stock de chansons à nous, de thèmes, de refrains, de mélodies. On a tout mis sur la table, on a fait all in. C’est à Blagnac, sous le contrôle de DJ Fun et Alsoprodby, qu’on s’est trouvés ! Et puis, au-delà de ça il y avait le décès de KLR qui faisait qu’on était au vraiment au fond du gouffre. Il fallait qu’on se transcende, qu’on donne tout, ou bien qu’on reste en arrière. C’est comme ça qu’on a pu faire le morceau « KLR » justement, où on commençait à chanter et à se permettre des choses.

Le toulousain que je suis demande si vous l’avez enregistré au Polygone ? (Studio dans lequel de nombreux classiques du rap français ont été enregistrés, ndlr)

Féfé : Oui ! C’est donc à Polygone que le Saïan est né !

Leeroy : On peut le dire !

Féfé : Le Saïan est toulousain en fait ! (rires)

3 – Cut Killer feat. Saïan Supa Crew – Saïan Supa Cut (Double H DJ Crew, 1999)

Leeroy : Pour ce morceau je crois qu’on nous a appelés, c’était avant le premier album parce que je me rappelle qu’on était à Toulouse quand ils nous ont envoyé le morceau fini pour savoir si on validait. C’était à l’époque de l’album Double H DJ Crew.

Féfé : Que des super DJ’s : Cut Killer, DJ Mouss, DJ Abdel…

Leeroy : Que des arabes !

Féfé : (rires) C’était aussi une des premières fois où on s’aventurait hors de nos sons à nous. Ce n’était pas un exercice facile pour nous, parce qu’il fallait qu’on trouve comment le prendre… On avait tellement l’habitude de partir sur des trucs faits à la maison par Alsoprodby, DJ Fun ou Leeroy et moi… C’était la première fois qu’on s’aventurait hors de notre zone de confort.

Leeroy : C’était dans l’esprit de l’époque, et ça se fait encore comme ça aujourd’hui. Cut Killer avait fait un son, et il fallait écrire dans la journée, enregistrer tout de suite, et salut ! On a fait ça en une après-midi.

Ce qui est marrant c’est que sur ce projet vous avez trois morceaux, c’est plus que certains DJ’s du collectif.

Leeroy : Oui il y avait un autre truc avec DJ Mouss, des bruitages, une radio.

« Course poursuite ».

Féfé : Oui c’est vrai !

Ils vous invitent à faire du beatbox alors que c’est un projet de DJ’s

Leeroy : Le fait qu’on fasse des scratchs vocaux parlait aux DJ’s, ça les rendait ouf à l’époque. Et encore jusqu’à aujourd’hui merci pour l’invitation Cut Killer ! Il a toujours été bienveillant, dénicheur de choses et d’autres. Il a donné de la force à beaucoup depuis ses mixtapes, etc.

Féfé : C’est un peu révélateur à cette époque-là. Quand tu étais invité par Cut Killer, c’est que tu étais validé quelque part, que ton nom commençait à buzzer. On était hyper content quand il nous a demandés de participer, ça voulait dire : « Ça y est, on rentre dans le game ! »

Leeroy : Grave !

4 – Saïan Supa Crew – Ils étaient une fois (X Raisons, 2001)

Leeroy : « Ils étaient une fois ». C’est un morceau sur lequel on se raconte, deuxième album du Saïan.

Féfé : Déjà c’est à New York. On avait été validés, on a cartonné avec le premier album, on se retrouve à mixer à New York, c’est un rêve, un bordel !

Leeroy : On a enregistré un peu à Toulouse aussi. Ce morceau a été mixé en partie par Troy Hightower, qui a ramené un bassiste sur ce morceau, parce que je suis encore aujourd’hui assez pourri dans les basses. Le mec a tracé, il a fait une ou deux prises et salut, merci et au revoir. Féfé et moi avions acheté des sampleurs après le premier album. Féfé a fait son premier son officiel sur le premier album du Saïan, qui n’est autre que « Raz de marée ». A partir de ce moment-là ça m’a donné envie, et pour le deuxième album c’était beaucoup nous, Féfé et moi, à la prod.

Vous opériez incognito au niveau des crédits.

Féfé : On brouillait les pistes, à chaque instru on changeait de nom, on était vraiment des gamins. (rires)

Entre le deuxième et le troisième album il se passe 5 ans, vous aviez besoin de souffler ? De vous retrouver dans vos binômes ?

Leeroy : On était sur les routes.

Féfé : On a beaucoup été sur les routes c’est vrai.

Leeroy : On ne s’arrêtait pas. Ce n’était pas une tournée pour un album, on avait des dates tout le temps en fait.

Féfé : C’est aussi là qu’on a sorti les projets en solo / duo. Leeroy comme moi, on avait besoin de souffler, de se retrouver dans les duos, mais surtout dans autre chose que le Saïan. Explicit Samouraï (duo formé par Leeroy et Specta, ndlr) ne pouvait pas être Explicit Samouraï dans Saïan. Chacun avait besoin de retrouver son identité, hors Saïan.

Leeroy : C’est vrai.

Féfé : Et puis on n’a pas arrêté de tourner, partout ! C’était dur de dire non. On se retrouvait à l’autre bout du monde, c’était incroyable.

Aujourd’hui, il y a beaucoup de rap français en festival, alors qu’à l’époque il n’y avait que vous.

Leeroy : C’est vrai. A l’heure des réseaux sociaux, dès qu’on fait un concert à l’étranger ou sur une scène prestigieuse dans un festival on le partagerait immédiatement, alors qu’à l’époque ce n’était pas trop su des gens. Et c’est vrai qu’on a fait des gros festivals anglais, européens, on est allé aux Etats Unis, partout sur la planète.

Féfé : On était presque comme un groupe de rock à l’époque, en termes de couverture et de placement dans les festivals. Notre énergie primait, au-delà de la langue. On pouvait en jouer.

J’ai eu l’opportunité de rencontrer des rappeurs chiliens à plusieurs reprises, et ils connaissaient tous le Saïan Supa Crew.

Féfé : On sait.

Leeroy : Quand on y est allé on a halluciné, ça nous a fait bizarre parce que pour eux, la base du rap, sans prétention aucune, la base c’est Saïan.

Féfé : On a fait quelques grosses dates au Chili. On sait, par des retours, que le Saïan Supa Crew est connu là-bas. C’est dingue. On est un des piliers du rap là-bas.

5 – Saïan Supa Crew – Jacko (Hold Up, 2006)

Leeroy : Je me suis toujours demandé pourquoi on avait pris ce morceau aussi bas. Il est dur à chanter à cause de ça !

Féfé : C’est con, mais tu as raison.

Leeroy : On avait cette mélodie, qui existait déjà d’ailleurs, d’une chanson antillaise. Au-delà de ça c’est une chanson… Sur Jacques Chirac en fait ! (Fou rire des deux) Elle est passée à l’as parce qu’il était malade à ce moment-là ou je ne sais plus, ou dans des affaires, donc ce n’est pas passé. Que dire de plus ? Chanson dérivée du gwoka.

Féfé : Ouais c’est une tentative de gwoka, qui est un rythme traditionnel créole, on voulait le moderniser.

Leeroy : C’était le challenge.

Suite à cet album, le groupe se sépare. J’ai lu dans une interview que vous aviez eu besoin de ne plus vous voir pendant un certain temps, un peu à la manière d’une séparation amoureuse. J’ai l’impression pour vous deux, au vu de vos collaborations postérieures, que vous ne vous êtes jamais vraiment perdus de vue.

Féfé : Je n’arrive pas à me rendre compte, mais peut-être ouais. Mais je pourrais dire la même avec Sly. Même si ça ne se voit pas, ou qu’on ne collabore pas, on se croise de temps en temps, il y a toujours des big up. Personnellement j’aurais aimé pouvoir dire la même avec tous, mais ce n’est pas possible, c’est comme ça. Mais oui, Leeroy et moi on ne s’est jamais vraiment clashés, il y a toujours eu un respect mutuel, de la force donnée dans un sens comme dans l’autre. Après, ce n’est pas pour nous envoyer des fleurs, c’est la vérité, mais on a toujours été… Comment dire ? Les instigateurs du Saïan Supa Crew.

Leeroy : Un jour à Bondy, on s’est dit : « On fait un crew ? » et on a fait un crew. On ne va pas dire que nous sommes les fondateurs du Saïan, mais les initiateurs oui.

Féfé : Les initiateurs oui. On est très fiers de ce qu’on a fait en groupe, bravo Leeroy !

Leeroy : Bravo Féfé, je te félicite ! (rires) C’est même Féfé qui a eu l’idée de faire un crew, et je lui ai dit : « Mais grave, viens on fait un crew, on prend que des mecs forts ! » On ne s’est jamais perdus de vue, invités ici ou là, sur scène, sur les projets…

Vous étiez les seuls à faire des prods parmi les membres du groupe ?

Féfé : Les deux premiers c’est sûr, après tout le monde a commencé à s’y mettre.

Leeroy : Nous on travaillait vraiment le truc, ça a commencé à ressembler à quelque chose parce qu’on lâchait pas l’affaire. On fait de la prod jusqu’à maintenant encore.

6 – Idir feat. Féfé & Leeroy – Je viens de là où m’aime (compilation La France des couleurs, 2007)

Féfé : C’est presque un morceau de retrouvailles avec Leeroy.

Leeroy : C’est vrai !

Féfé : Parce que c’était après la fin du Saïan.

Leeroy : Oui, c’est un morceau qu’on a fait ensemble, après la fin de Saïan.

Féfé : J’étais invité sur l’album d’Idir, qui s’appelait La France des couleurs. J’avais une prod, une idée de refrain, il manquait un MC, et j’ai pensé à Leeroy puisque je suis fan de comment il rappe. Je crois que ça s’est passé comme ça.

Leeroy : Et puis on a rencontré Idir, grand artiste de Kabylie, qui représente beaucoup de choses en Algérie, mais aussi en Afrique, pour les peuples berbères. Une personne simple, super humble, comme le sont les grands artistes comme lui. Il a un peu fait le papa qui nous a réunis sans le savoir. Je trouve que c’est un beau morceau, j’aime encore ce qu’il dit. Il était aussi dans un bel album, dans lequel il y avait plein de jeunesse, plein de fougue. Idir a été intelligent en s’entourant de la jeunesse du moment.

Féfé : Super projet, super gars.

7 – Leeroy feat. Féfé – J’n’ai jamais choisi (Open Bar, 2007)

(Féfé entonne le refrain)

Leeroy : « J’n’ai jamais choisi » c’est un refrain qu’avait Féfé, une instru d’Alsoprodby qui faisait mon album Open Bar. J’ai fait tourner l’instru à Féfé puisque je voulais l’inviter sur mon album, il a mis son refrain dessus tout de suite, bam ! Merci au revoir. Sample de « Is it because I’m black » de Ken Boothe, qui est lui-même une reprise de Syl Johnson. Je m’étais mis à chanter, à trouver la mélodie, c’était cool. C’est un morceau un peu perso mais qui peut parler aux autres. J’adore ce morceau par le sample et la manière dont il est traité par Alsoprodby, qui a fait un reggae qui n’en est pas un, le refrain qui t’amène, etc.

Féfé : Le son est sale !

Leeroy : Je n’arrive pas à chanter ce morceau en live, c’était un moment en studio. Mais il m’a amené sur un morceau qu’on a fait avec Féfé pour notre album qui s’appelle « Qui suis-je ? ».

8 – Leeroy feat. Féfé – Personne (Noir Fluo, 2016)

Leeroy : Sur Noir Fluo, mon deuxième album solo, j’ai beaucoup expérimenté, et j’ai appelé Féfé à l’aide à un moment où je n’étais inspiré. Il a vu que j’étais dans la panade, il m’a proposé ça et voilà, j’ai essayé d’écrire autour de ça. J’adore ce morceau pour plein de raisons.

Ce morceau a plusieurs versions, dont une acoustique, que vous jouez sur scène.

Leeroy : Oui, c’est la meilleure version, à la gratte.

Féfé est venu sur tes albums solos, mais toi Leeroy tu n’es jamais allé sur les siens.

Féfé : Laisse-moi réfléchir…

Leeroy : Non, sur ses albums solos non.

Féfé : On fait des albums ensemble, c’est pas mal.

Leeroy : Ça se fait comme ça, sans calcul

Féfé : Il n’y a pas de calculs, ça se fait plutôt en fonction des morceaux, de leur énergie, si ça collerait bien…

9 – Leeroy feat. Féfé – I.T.T. (Fela is the future, 2017)

Leeroy : Là j’étais obligé d’inviter Féfé sinon il ne m’aurait plus parlé. Je ne connaissais pas Fela Kuti, artiste nigérian, avant de rencontrer Féfé. A l’époque où on samplait beaucoup on avait des vinyles, et Féfé en avait de Fela Kuti. Puis un jour on m’appelle pour travailler sur ce projet, Fela is the future, par l’intermédiaire de BMG, et j’ai la chance d’aller là-bas pour faire ce que je veux de cette musique. J’ai testé des trucs, et normalement j’amenais des chansons aux artistes. Là c’est Féfé qui m’a dit : « Je veux chanter cette chanson, elle me dit quelque chose, depuis tout petit. » Et puis voilà, ça s’est fait comme ça, naturellement.

Quel a été ton rôle sur ce projet Leeroy ?

Leeroy : J’ai fait toutes les prods. Sur cette chanson je fais la prod et des chœurs, comme dans tout le projet en fait. Je suis crédité comme directeur artistique, mais en fait je suis producer. Et ce sont des chansons de Fela, grande artiste nigérain. Une montagne. Un monstre.

Féfé : Un Bob Marley.

Leeroy : Vraiment. Il a cette empreinte, cette dimension… Il a même plus morflé en termes de combat, c’est un vrai révolutionnaire.

Ce projet sort en 2017, à quel moment vous mettez-vous d’accord pour faire un album ensemble ?

Leeroy : Dans ces eaux-là, un peu après. Il y avait cette envie des deux côtés, mais j’aime bien cette idée du Nigéria qui nous a réunis, ou plutôt qui a été le déclencheur. Ça s’est calé quand on en est revenus. On s’est dit que c’était peut-être le moment et bim bam boum.

Specta, Vicelow et Samuel ont fait une tournée cet été, Sly a sorti un album il y a quelques mois, vous aussi. Vous avez tous eu une actualité en 2019, vous n’avez pas été tentés de faire un truc pour les vingt ans de KLR ?

Leeroy : Non parce que ce n’est pas possible en fait. J’en ai pas eu envie en tout cas.

Féfé : Il y a l’envie et puis il y a les affinités. Ce n’est pas possible, il n’y a rien d’autre à dire. Dans un monde idéal j’aurais bien voulu personnellement, mais on n’est pas dans un monde idéal.

Leeroy : Et puis de base le Saïan tient sur un fil, c’est une alchimie fragile on va dire. Retrouver ça c’est déjà quelque chose. Et puis la vie a fait que chacun a suivi sa route et qu’il n’y a plus d’atomes crochus à plein de niveaux, ça n’existe plus.

10 – Féfé & Leeroy – Bla Bla Bla (365 jours, 2019)

Leeroy : « Bla bla bla » !

Féfé : On arrive dans les 365 jours. Pour ce morceau, on voulait trouver un truc qui fasse nineties au niveau de l’énergie, mais version aujourd’hui. C’est un peu notre chapata. Tu vois le morceau « J’adore » que tu nous as mis avant ? C’est ça mais version aujourd’hui. On voulait essayer d’avoir cette énergie qu’on aimait, cette folie, sans trahir ce qu’on est, ni le son actuel qu’on aime aujourd’hui. Sinon on n’écouterait que les albums d’avant. Donc on voulait vraiment trouver ce juste milieu, ne pas se poser en donneur de leçons. On a eu nous-mêmes des donneurs de leçons, et on ne veut pas prendre ce rôle-là. Mais amener notre pierre à l’édifice, avec cette vibe qu’il n’y a pas aujourd’hui.

Vous avez beaucoup évolué musicalement, que ce soit en groupe entre 1998 et 2006, puis…

Leeroy : (Il coupe) Le postulat de départ avec Saïan, ça a été de ne jamais refaire ce qu’on a fait. On a évolué pendant toutes ces années en groupe, puis en solo, en voulant ne jamais refaire ce qu’on avait déjà fait, en essayant, à notre niveau, d’innover, tester des choses, essayer. On est un peu des chimistes dans nos laboratoires. Dès qu’on se dit : « On a déjà fait », on met de côté.

Féfé : On ne fait pas des formules.

Des dates ont certainement dû être reportées à cause du confinement, mais vous êtes en tournée. A quoi ressemble votre public ?

Féfé : Il y a des gens qui étaient là depuis le début, des gens qui ont connu sans connaître, des curieux… C’est un peu mélangé. Entre la trentaine et la quarantaine. Et puis il y a un truc comme le fantôme du Saïan, un peu légendaire qu’il faut voir, qui fait qu’il y a aussi des plus jeunes qui découvrent aujourd’hui. Ça ne nous appartient plus, on a donné ce qu’on devait donner à l’époque, mais c’est marrant de voir que c’est transmis, on ne sait pas par qui. Ça traverse le temps.

Comment avez-vous construit votre show ?

Féfé : On a pris de notre expérience, qui n’est pas que Saïan. Ce n’est que la moitié de notre expérience. Donc on a tout pris, avec ce challenge de se challenger déjà. A l’époque du Saïan on n’avait personne en dehors de nous six et un DJ.

Enfin « que les six », c’est pas mal déjà.

Leeroy : Oui, mais il n’y avait pas d’éléments extérieurs.

Féfé : Entre temps on a chacun tourné avec des musiciens, des DJ’s. On voulait essayer de revenir comme avant, tout seuls sur scène, mais avec la technologie d’aujourd’hui, un show patate.

Leeroy : Et puis ramener des trucs qu’on n’a jamais faits : des cubes de lumière, des écrans.

Avec ce confinement, allez-vous dépasser les 365 jours d’exploitation du fait des reports ?

Féfé : Il y a des dates qui sont reportées, et on va les faire. Mais le concept reste le même, 365 jours d’exploitation, sauf les dates reportées, donc profitez-en !

Leeroy : Faudra pas les rater !

Féfé : Ce seront les dernières fois que les gens nous verront sur scène dans cette formation, donc ce seront des bons concerts bien blindés !

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