10 Bons Sons US en novembre 2019

Le troisième mois de l’automne est à ranger au rayon challenge, avec le « Movember » qui enjoint les hommes à se mettre en mode Georges Brassens et Les Brigades du Tigre, à savoir porter la moustache pour sensibiliser à diverses pathologies masculines. Cette année également, c’est le « No Nut November » qui consiste à ne pas jouir pendant 30 jours. Le réel but ? Aucune idée. Le rapport ici ? Simplement pour dire que l’orgasme n’est pas forcement sexuel, il peut être aussi auditif. Voici donc notre sélection de 10 morceaux qui vous feront, on l’espère, connaitre l’eargasm.

Action Bronson & The Alchemist – Dmtri

Alors que l’on pensait notre rouquin préféré du Queens perdu dans le plaisir gastronomique et l’onanisme gustatif, le voilà de retour, sans forcer et qui plus est, accompagné de celui qui partage sa passion pour les chandeliers rares, j’ai nommé The Alchemist. Intitulé Lamb Over Rice (un titre qui prouve que Bronsolino n’est pas prêt d’abandonner la bonne grosse graille) et composé de 7 morceaux assez homogènes, l’EP se déguste d’une traite et ravira toutes vos papilles auditives. Le morceau « Dmtri » en est le parfait exemple, si ce n’est la quintessence… Mention spéciale pour la sauce sample qui nous vient d’une recette de ce bon vieux Roberto Larcos. –Clément

Ymg Shooter – Silence (Prod. 84 Music)

Véritable découverte pour nous que lascar qui se nomme Ymg Shooter. Et malgré quelques recherches, pas grand chose sur lui sur la toile, excepté quelques lignes sur son bandcamp. Ymg Shooter est donc un rappeur américain qui nous vient du nord de New York (l’upstate) et qui est passé par la case prison pour possession d’armes à feu. Il est, semblerait-il, sorti en 2018 après avoir purgé 7 années à l’ombre (information non officielle) et il vient donc de sortir son premier opus, intitulé The Shooter Tape.
Sur une prod’ de 84 Music dont le sample pourrait clairement être du François De Roubaix, le emcee new yorkais délivre un morceau sauvage et agressif qui rappellera peut être à certains la (belle ?) époque G-Unit et ses productions cossues et nerveuses.
Pour la petite histoire, le gus sur la cover n’est autre que l’acteur/humoriste Tim Allen (aka Buzz l’Éclair).
-Clément

Reason – Same Ol Shit (Prod. Kelvin Wooten, Lonestarrmuzik & S1)

Le petite pépite du label Top Dawg Entertainement (SiR, Ab-Soul, Sza ou encore Isiah Rashad) travaille sur son prochain opus, après son premier album There You Have It (sorti en 2017) qui l’avait révélé. Le rappeur californien nous gratifie ici d’un morceau à l’atmosphère un poil « ballade » et au refrain très cynique, qui serait apparemment extrait de son second album, à venir très prochainement. Le second extrait du projet, intitulé « Flick It Up » et en featuring avec Ab-Soul est d’ailleurs sorti récemment. Un titre parfaitement antagoniste à celui que l’on vous propose, beaucoup plus taillé au format « banger radio » mais assez qualitatif tout de même. On attends donc impatiemment la prochaine sortie du rappeur, qui on l’espère, répondra un jour à une question qui nous taraude depuis longtemps : sur quel logiciel compose Reason ? -Clément

Tha God Fahim & DJ Muggs – Phantom Knights

Increvable DJ Muggs ! A 50 ans passés, le légendaire producteur de Cypress Hill n’en finit plus de vivre une seconde jeunesse aux côtés des nouvelles têtes du rap aux sonorités new-yorkaises, restées attachées à des productions traditionnelles dans lesquelles le sample garde une place prépondérante. Après moults projets en commun avec Meyhem Lauren, Roc Marciano, Crimapple, Lil Eto ou encore Mach Hommy, le voilà aux côtés de Tha God Fahim, rappeur d’East Atalanta ayant le même goût pour la productivité effrénée, dans un style différent toutefois, qu’un autre rappeur bien connu de ce coin. Avec Dump Assassins, le duo revisite l’imagerie du Moyen-Orient, la voix juvénile et l’intonation agressive de Fahim se mariant parfaitement aux productions mélodieuses de Muggs. Sur « Phantom Knights » (référence à Yu-Gi-Oh ?), l’utilisation de la harpe donne une dimension merveilleuse à la production, déjà excellente du beatmaker originaire du Queens, et sublime les couplets du MC. – Xavier

Blac Youngsta feat. Moneybagg Yo & Yo Gotti – Goodbye (Prod. Da Vinci)

Si Memphis traverse une période difficile, entre les blessures et le coaching de l’infect Rudi Garcia, la ville qui porte son nom ne se porte pas trop mal. En atteste cet excellent banger, où Blac Youngsta convie deux des pontes de la ville, Moneybagg Yo et Yo Gotti, nous rappelant les plus belles heures de 2 Federal, l’album commun entre les deux derniers sur lequel apparaissait le premier sur l’incroyable morceau « Gang Gang ». Le morceau est issu de l’album de Blac Youngsta Church on Sunday, également sorti en ce mois de novembre. Et comme si cela ne suffisait pas, le morceau est accompagné d’un clip de toute beauté, aux fonds verts resplendissants, qui nous permet de constater le déficit esthétique évident du visage de Moneybagg ainsi que le forme toute particulière du crâne de Yo Gotti. – Xavier

Joe Moses – Westside

Quelle excellente surprise de ce mois de novembre que cet album de Joe Moses, qui vient redonner toutes ses lettres de noblesses au gangsta rap californien énervé, comme l’évoque le titre de l’album, ainsi que le morceau éponyme que nous avons choisi de mettre en avant. Brutale démonstration de force sur une production énergique, dans la plus pure tradition angeline, les mauvaises langues parleront de Jojo comme d’un YG époque DJ Mustard du pauvre, et même si c’est un peu vrai, le monde a besoin de gangsta rap californien. Oui, même en novembre. – Xavier

G Herbo – Hunnit Bands (Prod. DJ Victoriouz)

Après ses deux albums collaboratifs avec le beatmaker Southside, G Herbo est de retour en solo, avec PTSD, son nouvel album qui devrait sortir prochainement. Quelques extraits ont été publiés en ce mois de novembre, et parmi eux, cet excellent « Hunnit Bands », produit par DJ Victoriouz. Si les petites notes de guitare du début ne sont pas dans la tonalité habituelle du MC de Chiraq, elles se marient parfaitement à la voix rauque de Petit Herbert au moment où la batterie démarre. Pour le reste, le Chicagoan est fidèle à lui-même, et nous parle un peu des difficultés de son parcours, mais également d’argent. – Xavier

03 Greedo & Kenny Beast – Disco Shit (feat. Freddie Gibbs)

Alors que 03 Greedo est toujours emprisonné pour les 20 prochaines années, Netflix and Deal a une saveur particulière. Mis en musique par Kenny Beats, le disque s’inspire des films vus par le MC durant ses années de labeur pharmaceutique. C’est un terrain de jeu total au sein duquel le rappeur californien, demandant expressément au producteur, californien lui aussi, de faire fi de tout ce qu’il aurait pu concocter en amont afin de faire quelque chose de différent et spontané. Plus rap que le projet précédent, plus construit, la galette ne manque pas d’envolées mélodiques propres à son vocaliste. Nous avons jeté notre dévolu sur « Disco Shit » pour la présence de Freddie Gibbs, et c’est largement suffisant. De plus, le clip en pâte à modeler est du meilleur effet. Libérez Greedo il fait mention de Lilo & Stitch. – Wilhelm

Griselda Record – Freddie HotSpot (prod. Daringer & Beat Butcha)

Jadis annoncé comme la réunion des deux frangins, What Would ‘Chinegun Do est renforcé par Benoît le boucher. Face à la pression capitaliste du Michigan, les humbles bougres n’ont pas renoncé à leurs principes : la production musicale est assurée par Daringer et les compositions de Beat Butcha. De l’autre côté de la cabine, on aurait pu craindre un déséquilibre entre les deux rappeurs exceptionnels que sont Benny et Conway et les qualités globalement plus modestes de Westisde Gunn, mais celui-ci se surpasse et maintient un niveau qu’il n’avait pu atteindre avec régularité que sur Hitler Wears Hermès 6 jusqu’alors.

Aussi, puisque le septième volet est sorti en début de mois, tendez une oreille sur « Kensington Pool ». – Wilhelm

Dave East – Need A Sign (feat. Teyana Taylor) (prod. Araabmuzik)

Point d’orgue de l’excellent Survival, « Need A Sign » est le morceau préféré de Nas, de Dave East lui-même mais aussi, et ce n’est pas rien, de la rédaction du Bon Son. Après une intro/interlude beaucoup trop longue, le rappeur d’Harlem y enchaîne les exemples soulignant l’importance de recevoir un signe dans les épreuves de la vie, quelles qu’elles puissent être. Le splendide refrain de Teyana Taylor ne saura qu’amplifier un message finalement plein d’espoir, bienvenu dans un rap qui tend chaque jour davantage vers la dépression chiante. – Wilhelm

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