10 Bons Sons US en juin 2019

Pendant que les températures estivales atteignent des sommets assez incroyables, les sorties musicales s’empilent et s’amoncellent. Voici donc notre sélection, qu’on espère la plus rafraîchissante possible.

Blaq Poet – Contract Killer (Prod. DJ Premier)

Même si on a souvent l’impression que Premier fait les mêmes instrumentales depuis plus de 20 ans, il se trouve que ça fait toujours l’effet identique aux premières fois : on est ravi. La sempiternelle boucle de violons marchera pour toujours, quoiqu’on en dise et les perpétuels 90 BPM resteront à jamais le tempo favori de Christopher E. Martin. Pour ce qui est du reste, ça fait quand même plaisir d’entendre le quinquagénaire Blaq Poet avec sa verve (presque) intacte et son envie de clasher les jeunes tocards du rap jeu. Ici c’est Lil’Xan qui en prend pour son grade et qui est gentiment sommé d’aller se faire f*****. Clément

Benny The Butcher – Crowns For Kings feat. Black Thought (Prod. DJ Shay)

Voila un morceau qui pourrait pratiquement passer pour un petit banger du milieu des années 2000. Une sorte de « Hate It Or Love It » pour les plus nostalgique de cette époque (2005, cela ne nous rajeunit pas).
Benny The Butcher est un emcee qui nous vient de Buffalo et qui fait partie de Griselda Records (avec les fameux Westside Gunn et Conway), mais ça vous le saviez surement déjà. Sinon, vous pouvez toujours lire l’excellent papier de mon confrère Wilhelm.
Revenons à nos moutons donc, avec ce jolie morceau intitulé « Crowns For Kings » et son sample de Al Green.
Les références sont multiples et celle à propos de son quartier (le Montana), toujours présente, que ce soit à travers les lyrics ou simplement en clin d’œil visuel (coucou Tony Montana). C’est d’autant plus efficace quand on traduit le nom du morceau et quand on connait l’importance du mythe Scarface dans le rap. En bref un morceau des plus qualitatifs, qui nous conforte dans l’idée que Benny reste un formidable kicker. Clément


Bas – Fried Rice feat. JID (Prod. KQuick)

Les acolytes du label Dreamville, Bas et J.I.D, s’associent pour mettre en évidence leurs villes respectives, et leur amour pour le riz cantonais et le poulet fris. C’est la première sortie de l’édition de luxe de Milky Way, le troisième album studio de Bas. Les deux emcees apparaissent également sur le troisième volume de l’orgie Revenge Of The Dreamers du même label Dreamville Records, ou une soixantaine d’artistes (rappeurs et producteurs) se sont réunies en janvier dernier pour confectionner le projet. On y retrouve J. Cole, EarthGang, T.I., Young Nudy, DaBaby, Maxo Kream, Key!, Guapdad 4000, Baby Rose, Jace, Buddy, Smino, Vince Staples, Ty Dolla $ign, Mereba ou encore Dreezy. En somme du beau monde, et ce n’est pas tout, le projet est accompagné d’un documentaire, comme si ça ne suffisait pas. Chapeau les rêveurs. Clément

Common – HER Love feat. Daniel Caesar (Prod. J Dilla)

«HER Love» est le troisième morceau de la trilogie -qu’on pourrait appeler- « Her » de Common. La première track, «I Used to Love HER» est parue en 1995 et la deuxième, «The Next Chapter (Still Love HER)» est publiée en 2013. Dans les trois chansons, Common raconte une histoire d’amour-son histoire d’amour- à propos d’«Elle», qui s’avère être, en quelque sorte la personnification du hip-hop. Une déclaration d’amour à la Femme en général, mais aussi à son art, dans lequel il excelle depuis bientôt trente ans. A noter le choix de la prod’, qui n’aurait pas pu être mieux. Clément

The Underachievers – Randy Moss (Prod. YDNA)

Le duo de Brooklyn, spécialiste de la trap psychédélique, a profité du mois de juin pour sortir un nouveau volet de Lords of Flatbush. Une mixtape sur laquelle, entre des titres perdus dans les méandres d’Internet, l’on retrouve quelques inédits pas piqués des hannetons. Et parmi eux, ce très angoissant « Randy Moss » qui clôt l’opus de la plus belle des manières. La production aux allures de film d’horreur du toujours excellent YDNA, aux manette de tous les titres, est un parfait terrain de jeu pour le flow sentencieux et saccadé d’Issa Gold et celui plus fluide d’AKTHESAVIOR. Pas vraiment un morceau à écouter à la plage, mais néanmoins une petite perle de ce mois de juin caniculaire. Xavier

Vado – Around Here

Vado continue de faire son chemin à travers le court-format, après sa série d’EP Sinatra. Le voilà déjà de retour avec un EP au titre bien senti de Crime Square. Et le bandiera d’Harlem ne change pas son style d’un iota, restant dans des sonorités familières pour ceux qui l’écoutent depuis un certain temps. Avec « Around Here », il met le costume du gangster de côté pour prendre celui du grand frère, conseillant aux plus jeunes de ne pas venir traîner par ici. La production (non-créditée) lente et solennelle sied parfaitement aux sages paroles du MC de 34 ans. Xavier

Big K.R.I.T. – K.R.I.T. Here (Prod. Darhyl Camper Jr.)

La canicule passée, l’été pourra véritablement commencer en juillet avec des températures plus humaines, et l’album parfait pour l’accompagner. On parle évidemment du quatrième album de Big K.R.I.T., annoncé début juin et qui verra le jour en juillet, près de deux ans après 4eva is a mighty long time. K.R.I.T. IZ HERE a en effet été annoncé dans la foulée de son premier single « K.R.I.T. Here ». Et ce n’est pas un rappeur installé bien confortablement dans son domaine préférentiel qui va changer sa recette à 30 ans passés. Mais c’est avec plaisir que l’on retrouve le rap sudiste, énergique et musical du MC du Mississippi avec un titre qui préfigure parfaitement ce que devrait être une des B.O. favorites de vos futurs barbecues à la plage. Xavier

Freddie Gibbs & Madlib – Palmolive feat. Pusha T & Killer Mike

Il aura fallu attendre la fin juin 2019 pour réunir Freddie Gibbs et Pusha T sur un titre mais l’attente ne fut pas veine. Ces dernières années, les deux semblent littéralement marcher sur l’eau – enfin peut-être pas littéralement, et Madlib, sans se réinventer outre mesure, reste l’un des meilleurs de la discipline, toutes époques confondues. Le refrain de Killer Mike, revêtant son plus beau cheveu sur la langue, s’avère être une transition parfaite entre les deux pontes du coke-rap. Enfin, non, nous n’évoquerons pas la ligne anti-vax de Frederick Tipton. On fait bien ce que l’on veut de notre sélection. Wilhelm

Gucci Mane – Proud Of You (Prod. Nils & Kenny Beats)

Alors que nous demeurons toujours sans nouvelles du Gucci Mane originel, son clone se porte à merveille et continue d’enrichir la discographie du premier. Delusions of Grandeur fait suite à Evil Genius et il n’y pas grand chose à dire de plus qu’alors malgré une préférence personnelle. En revanche, au sujet de « Proud Of You », là les habituels ego trip liés à la drogue ont souvent tendance à vanter de fructueux business ou une consommation abondante, Guwop est un avant-gardiste qui préfère s’auto-congratuler en louant sa sobriété et son état de santé exemplaire (entre autres choses) tout en restant un trappeur de la sainte triade. Comble de bonheur, il fait tout ça sans ni être moralisateur ni balourd. Wilhelm

Future – Government Official (Prod. FXXXXY)

Musicalement, Save Me ne marquera sans doute pas son temps. C’est d’autant plus regrettable que le MC d’Atlanta cherche la paix dans ce court format, une nouvelle direction textuelle qui mériterait peut-être plus d’expérience musicale, sans nécessairement tomber dans un excès ou un autre. Il faut bien dire que la fin de The WIZRD nous laisser espérer « plus » mais, paradoxalement, si « Government Official » est probablement le banger le plus cliché des 7 plages, un chiffre sûrement pas anodin, il est l’archétype du morceau efficace made in Nayvadius Wilburn. Wilhelm

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