Cyanure, entretien à mic armé

« Il y avait un crew avant Saïan Supa Crew : son nom est ATK. Il regroupait lors de sa création deux équipes de foot de rappeurs dont Matt et Pit furent les plus célébrés. Ensuite, il ne restera que sept membres. Ensemble et seuls, ils firent Heptagone en 99 dont les ventes dépassèrent 25 fois le chiffre prévu. Axis, Test, Fredy K, Freko et Antilop Sa devaient se réunir ce soir-ci pour l’anniversaire de Cyanure, le sixième membre. »

C’est ainsi que Metek, aujourd’hui Riski, introduit une des très rares interviews du groupe ATK (qui comporte un septième membre en la personne de DJ Tacteel) en 2003 pour le magazine Groove, en se trompant légèrement sur la date de sortie d’Heptagone qui sort fin 98, mais en soulignant le statut très particulier de l’album : une sortie underground sans promotion à gros budget, qui connaîtra un succès dépassant toutes les attentes, au point de s’imposer comme un disque phare de l’année 1998 et du rap français en général. Il révèle également le rôle fédérateur de Cyanure au sein du groupe, que nous avons choisi de rencontrer il y a quelques mois pour revenir sur l’histoire d’Heptagone qui fêtera ses vingt ans en 2018, ainsi que sur l’ensemble de l’épopée ATK. Rencontre.

Photo : Rap Mag ©

MICROTEST – « DE 21 ON PASSE A 7 »
Quand Micro Test sort en 1996, c’est un peu le disque de la survie. C’est-à-dire qu’en 1995 on crée ATK, on est plus de vingt, et à un moment donné il y en a plein qui se barrent à droite à gauche. Une bonne partie va chez Time Bomb. Il y en a qui arrêtent, d’autres qui font leur truc de leur côté comme Loko qui commence à monter Neochrome… Donc tout le monde dit : « ATK c’est mort ». On sort Micro Test pour dire : « Non, ATK n’est pas mort ». Effectivement nous étions 25, et nous ne sommes plus que 7. Il y avait un peu une concurrence avec ceux qui étaient partis, notamment ceux de chez Time Bomb. Pour eux ils étaient arrivés dans la « grande école », et ATK était mort. C’est aussi pour faire taire ceux-là qu’on a fait ce disque. Je me souviens que Micro Test installe un peu le nom, parce que ce n’était pas facile de sortir un vinyle, c’était une démarche, ça montrait que tu étais impliqué dans ta musique.

En 1995, et même avant la création d’ATK, Test et Fredy rappent déjà ensemble. Dans ATK ils forment l’Integral Posse avec deux frères : Slowa Dileggi (Sloa à l’époque), et Emotion La Folie qui s’appelle alors Physka. Par contre avant le passage à sept, Freko rappait avec Watchos au sein de l’Akadémie, avant que celui-ci n’intègre les Jedi de Time Bomb. Moi je rappais avec Axis et Kesdo, Tacteel était notre DJ. Et Antilop rappait avec Boramy et Pit Baccardi dans un groupe qui se nommait Doté2. Quand on se retrouve à 7, les trois binômes qui en ressortent (Légadulabo, Apocalypse et Maximum de Phases, ndlr) sont donc artificiels. Mais le hasard fait bien les choses puisqu’Axis habite à Porte de Montenpoivre et Antilop à Porte de Vincennes, donc ils sont proches géographiquement, se connaissent et vont finalement bien ensemble. Moi je me retrouve avec Freko dont je suis le premier fan. La première fois qu’il a rappé devant nous, il nous a mis une grosse claque. Me retrouver avec lui c’était avoir un binôme de luxe. On avait en commun ces flows rapides et ce côté un peu fou à l’époque. Ce sont des binômes, mais il n’y a jamais eu de projets en duo après, il n’y avait pas vraiment de frontières, c’était plus pour le fun. Chacun était le bienvenu sur les morceaux, on traînait tout le temps ensemble à l’époque. Par exemple, sur « Sortie de l’ombre » il y a Freko, Test, Antilop et moi. Sur « Les rêves partent en fumée » il y a Apocalypse et moi…

HEPTAGONE, AXIS ET TACTEEL A LA PRODUCTION

Sur l’album Heptagone, Axis a fait 90% des instrus. Tacteel en a fait deux : « 20 ans », et un morceau de Test paru sur un maxi. Cependant, Tacteel était présent en studio sur pas mal d’étapes de l’album, notamment pour les scratchs. Il faudrait leur demander leurs points de vue, mais entre Axis et Tacteel il y avait deux choses : Tacteel avait une connaissance musicale très poussée avec ses vinyles, alors qu’Axis avait la connaissance des machines en studio pour sampler. Je pense que les deux se sont complétés et ont évolué ensuite. Axis est donc à l’origine de 90% des prods de l’album, mais pour le travail dans son ensemble c’est peut-être différent. Il faudrait demander à Axis, parce que je t’avoue qu’à l’époque ils nous faisaient écouter des boucles, on choisissait, et ils se démerdaient de leur côté. On les laissait seuls des nuits entières devant leurs ordinateurs, on s’en foutait, on écrivait nos textes. Ce qui confère à Axis une double casquette de producteur et de rappeur. Et au-delà de ça, Heptagone et ATK n’auraient pas pu exister sans Axis, parce qu’en plus de faire les prods et de rapper, c’est lui qui nous enregistrait, qui mixait les morceaux…

Avec Heptagone on a eu de la chance : on a donné le bon son au bon moment. En 1998, est-ce que les gens attendaient ça ? Je ne sais pas vraiment. Entre Micro Test et Heptagone, notamment sur les Dontcha, Axis sortait déjà des prods avec des samples de musique classique. Mais c’est avec Heptagone, qui est quand même notre grosse sortie, qu’est révélée notre patte, en termes de couleur et de production. Même si Axis n’est pas le premier à sampler du classique, il a amené toute cette vague, lui plus qu’ATK puisqu’il faisait les prods. Proposer de la musique classique, ce n’était pas très commun dans le rap à l’époque. Par ailleurs, on retrouve également des samples de soul, de variété…

Aujourd’hui, certains articles parlent de cette époque du rap français en disant que « les samples de piano / violon tristes auront fini par tuer le rap ». Je lis beaucoup de papiers qui critiquent pour critiquer, qui se trouvent des points de vue pour écrire des trucs, notamment dans les Inrocks, même si je ne lis plus la version papier. Tu te dis des fois que l’auteur a envie d’avoir un point de vue pour aller à contrepied, ou pour faire du contenu. Les gens ont besoin d’écrire du contenu sans fond journalistique.

Dans un autre registre de sonorités, « Heptagone » est un morceau sous-estimé, parce que le sample rock de Toto sort de nulle part. Personne n’avait rappé dessus à l’époque. Si ce morceau avait été samplé par Puff Daddy, il aurait lancé un courant de mecs qui auraient samplé uniquement ce type de morceaux. Ce morceau est un OVNI, il commence comme aucun autre morceau de rap français, avec une patate pas possible.

LA TOUCHE MELANCOLIQUE

Antilop, Axis et moi y sommes pour beaucoup, parce que nous avons des flows très mélancoliques. « Qu’est-ce que tu deviens ? » est un des morceaux qui revient le plus et le thème est mélancolique. Les samples de musique classique amènent aussi de la mélancolie, dans notre façon de les traiter en tout cas. Mon morceau « 20 ans », ou « Tricher » d’Antilop sont également dans ce registre d’émotion. On rappait ce qu’on était au jour le jour, notre inquiétude d’adolescent qui va rentrer dans l’âge adulte dans un monde qui était déjà flippant à l’époque, avec du chômage, et la situation de nos parents ouvriers et eux-mêmes fils d’ouvriers. Les gens aimaient bien ATK parce que nos textes les touchaient directement. Axis le dit bien dans « Avoue que tu kiff » : « Tu connais mon histoire car c’est aussi un peu la tienne ». On ne rappe pas qu’on est des gros dealers ou des super héros, on rappe juste qu’on est des gens communs. On a des thèmes pas forcément légers, et je sais aussi que la mélancolie est profondément ancrée en moi, tout comme chez Antilop et Axis. C’est ce qui a fait qu’on s’est réunis. Test et Fredy pouvaient partir dans des titres plus funs en gardant leur crédibilité, du genre « Burning zone », alors que le fun était parfois plus assimilé à un truc commercial, de retournement de veste, pas très authentique.

Maximum de Phases (Test et Fredy K, ndlr) avaient un côté plus « rue » mais aussi technique. Pour moi Test est un des mecs les plus techniques. Je suis le premier fan d’ATK : quand on enregistrait les morceaux, qu’on s’enchaînait, j’étais ravi. Je pense qu’on avait tous ça. D’avoir Axis, Fredy comme équipiers… Fredy est plus jeune que nous, et même si je n’ai rien à dire sur sa prestation sur Heptagone, il est encore en construction à ce moment-là, il n’est pas encore à maturité artistique. Même s’il est déjà super fort son potentiel se révèle ensuite sur son album solo (L’Onction, paru en 2004, ndlr), puis sur Silence Radio. De mon côté, mon point culminant c’est Heptagone je pense, ou peut-être un peu avant ou un peu après.

Le travail de producteur d’Axis a-t-il un peu parasité son travail d’écriture ? (Il réfléchit) On trouvait les couplets d’Axis moins techniques alors qu’ils sont les plus efficaces. Plus je les écoute, plus je me rends compte que c’est comme Freko, ce sont des couplets du cœur. Il aurait pu être le rappeur commercial d’ATK, dans le sens où il est compréhensible dans le sens comme dans la forme : sa diction est claire, son flow n’est pas rapide comme le mien…

IMPACT RESSENTI VS IMPACT REEL

Aujourd’hui si ton clip fait un million de vues sur internet, tu le sais. Nous à cette époque, on n’avait aucun indicateur. Quand on allait dans les concerts les gens nous aimaient bien mais on se disait que c’était normal, puisqu’ils étaient venus pour nous. On pensait aussi qu’on ne nous connaissait pas ailleurs en France. Il n’y avait pas internet, et je me suis rendu compte… (Il réfléchit) il y a peut-être 10 ans, vers 2006, de la portée d’ATK en 1998. J’ai l’impression qu’on était assez humbles, pas trop grandes gueules, ni exposés. A chaque fois que je croisais quelqu’un qui connaissait ATK, je me disais que c’était normal, parce qu’il habitait à Paris, et qu’il connaissait aussi les groupes parisiens de l’époque comme Mafia Trece par exemple. Avec le recul, on s’est rendu compte que c’est allé au-delà de ce qu’on pensait. Les choses auraient été certainement différentes si on avait été conscients d’être écoutés en dehors de Paris. Après un album comme Heptagone, la logique de développement aurait été de sortir un autre album, de faire une tournée, mais on a été freinés par la dislocation du groupe. Dans notre histoire, pour les gens, ATK c’est Heptagone. Les gens qui creusent un peu plus connaissent Silence Radio (2007), Micro Test (1996) et les Oxygène (2003, 2004).

On n’a jamais traîné avec des « grands », même si les gens nous mettent au même niveau que d’autres groupes et qu’on se connaît tous. Artistiquement on a toujours fait ça pour le fun, et les côtés argent et business étaient très secondaires. On ne traînait pas avec les rappeurs de notre niveau et de notre époque, qui étaient plus connus, et qui allaient enregistrer leurs albums dans des gros studios. Je vais te dire sans fausse modestie : les groupes du niveau d’ATK enregistraient leurs albums dans des gros studios, ils louaient des maisons pendant un mois. Nous on allait juste à Belleville ou Stalingrad, et on enregistrait.

PROMOTION « BOUCHE A OREILLE »

On peut dire qu’on s’est fait sans l’aide des médias de masse et du label qui nous a sorti à l’époque, ni celle de ceux qui nous supportaient vraiment. En 1997, on fait notre premier gros morceau, « Attaque à mic armé » avec Zoxea sur la compilation Nouvelle Donne. Avant ça on avait fait les mixtapes Dontcha qui avaient pas mal marché. Ce qui se passe, c’est que quand on trouve une maison de disques pour sortir le projet en licence, on n’est pas leur priorité. La stratégie de certaines maisons de disques, c’était de signer beaucoup de projets, le rap se vendait beaucoup, même pour des projets pas aboutis artistiquement. Il y avait une grosse demande de rap, les gens étaient friands et en achetaient beaucoup. En province encore plus, ils étaient plus curieux, achetaient tout ce qui sortait, s’y connaissaient même mieux que les gens de Paris. C’étaient des acharnés. Nous on sort, on vend 12 000 albums sur les deux premiers mois, et personne ne réinvestit sur notre album.

Encart dans le magazine Groove de novembre 1998

A la sortie, dans la presse spé, on a deux demi-pages de pub et une entière. Aucune interview. Il y a juste deux journalistes qui nous supportaient beaucoup : Paula Haddad et Michael Night, qui a notamment fait la compilation Plaidoiries plus tard, et qui est décédé à la fin des années 90 de manière assez tragique. Ils poussaient pour qu’on ait des articles. Mais je me souviens de L’Affiche pour la sortie de notre album, ils avaient une double page « actu ». Sur la gauche il y avait une pleine page avec une grosse photo sur la sortie d’un maxi. Pour Heptagone on avait un tiers de page, avec une photo de nous au pied de la colonne de République sur laquelle il manque Test. Il devait y avoir six lignes sur le fait qu’on sortait un album, et que « Qu’est-ce que tu deviens ? » était un peu le meilleur morceau. On n’a vraiment pas eu de soutien. En radio c’était différent : on était joué par toutes les radios de province justement : étudiantes, black list… Les émissions spécialisées sur Paris aussi : Kool & Radikal, Vague Nocturne sur FPP, on passait beaucoup sur Générations… Mais sinon en médias papier que dalle. On dira ce qu’on voudra mais il faut faire du copinage, et nous on était dans notre coin, même si j’avais travaillé à L’Affiche en stage à l’époque…

Il y a six ou sept ans, Rap Mag a sorti un spécial rap français, et le rédacteur en chef a demandé une interview d’ATK, ça m’a fait plaisir. En fait tu avais quatre interviews de quatre pages : Booba, Oxmo Puccino, Logilo et ATK. Les mecs dans leur numéro spécial rap français, ce qu’ils voulaient mettre en avant, c’était Booba et Oxmo qui étaient installés, Logilo qui est un artisan super talentueux, et ATK. Il y avait des articles sur plein de groupes français sans que ce soient des interviews aussi imposantes. Cette interview de quatre pages on l’a attendue parce que tu ne retrouveras aucune autre interview d’ATK qui accorde autant de place. Sauf peut-être une par Metek sur le Groove avec le 113 en couverture. Sinon les médias papier ne nous couraient pas après pour faire des interviews. On en a fait une dans le cadre de Section Est avec Rost dans L’Affiche, deux ou trois pages axées sur l’indépendance.

Nous étions aussi en écoute dans certaines FNAC. Il n’y avait aucun accord, et j’ai plaisir à penser que c’étaient les choix des vendeurs. A la FNAC Champs Elysées, il y a encore cinq ou six ans, quinze ans après sa sortie, l’album était toujours en facing, avec une étiquette « coup de cœur ». Dans ce cas ce sont des vendeurs qui poussent, et ça fait plaisir. Avant la sortie d’Heptagone, notre premier manager, qui s’appelle Kopda’s, faisait tout le tour des Fnac de Paris, et demandait : « Vous avez ATK ? » D’autres potes faisaient la même chose, pour que les vendeurs disent : « Ça fait cinq fois qu’on m’a demandé ATK cette semaine, on va peut-être y prêter une oreille particulière. »

On n’a jamais fait de gros featuring mis à part avec Zoxea, et on n’est sur aucune des grosses compils genre Première Classe. Comment j’explique qu’Heptagone soit une référence ? Le bouche à oreille. Quand tu demandes aux gens quels sont les albums qu’ils aiment bien à l’ancienne, ils vont te dire d’écouter Opéra Puccino, Si Dieu veut, Heptagone, La Brigade, Scred Connexion, Mafia Trece… On fait partie des gens qui ont touché le public rap de cette époque.

CYANURE EN SOLO

Après la séparation d’ATK à la fin des années 1990, j’ai eu le projet de sortir un solo et j’ai commencé à écrire. Puis il y a eu L’Atelier, je me suis consacré là-dessus. J’ai ensuite donné deux titres solos pour Silence Radio : « 150 mots » et « Ils versent un sourire pour mes larmes». A chaque fois j‘utilise les solos que j’ai de côté. Je préfère les donner pour des projets de groupe que pour moi. Là j’en ai 5-6, mais j’en réécrirai pour ATK s’il le fallait. Je n’ai pas de plan de carrière, ce n’est que du kif. J’ai quasiment trois morceaux clippés. J’aimerais les balancer comme ça. Ça fait 20 ans que je parle de faire un solo, mais si on me dit qu’il y a un album d’ATK je serai à fond dedans, et j’oublierai mon solo. Je préfère largement les projets de groupe. J’ai ma face avec ATK, et puis j’ai ma face avec mes autres potes comme James Delleck, Le Jouage, Gérard Baste, sur lesquels on se voit aussi pour d’éventuels nouveaux projets. Mon solo passera toujours en dernier.

Quant à « 20 ans », mon solo sur Heptagone, je suis fier de pouvoir me dire que le jour de mes 20 ans, j’ai écrit 20 mesures d’un morceau qui s’appelle « 20 ans » et que les gens écoutent le jour de leurs 20 ans. Je l’ai écrit dans cette optique-là, et c’est un des trucs qui me font le plus plaisir. Je le fais souvent en freestyle parce que c’est le solo auquel je tiens le plus, il a du fond et de la forme. Il est assez rapide sur certains passages, mais il a quand même du contenu. J’aime le jouer parce que les gens le connaissent, et qu’on me le demande beaucoup.

SECTION EST

Section Est arrive juste après Heptagone. A cette époque-là on reste beaucoup au studio Belleville où on enregistre, parce qu’Axis est souvent ingé son pour d’autres projets. Le fait qu’on y ait enregistré Heptagone ramène d’autres projets hip-hop, alors que le studio n’était pas forcément habitué à en accueillir à la base. Donc Axis fait souvent office d’ingé son, comme sur la compil 1er Round sur laquelle on a un titre. Puis Rost, qui est un de nos proches parce qu’on se connait depuis longtemps, décide de monter Section Est. Il pourrait en parler mieux que moi, mais en gros son truc c’est de monter un projet avec les groupes de l’est parisien, notamment ceux dont il est proche, c’est-à-dire nous, son groupe CMP et les X-Men qu’il connait bien. C’est censé être l’album des trois groupes réunis, mais c’est un peu mensonger parce qu’ATK et CMP sont présents sur pas mal de morceaux, alors que l’école X-Men n’est présente que sur deux titres. Et surtout, il n’y a pas de connexion X-Men / ATK, ce qui est un peu dommage, et révèle qu’on n’est pas foncièrement potes les uns avec les autres. Il y a des anciens membres d’ATK qui sont partis chez Time Bomb : Pit Baccardi, Watchos, Kassim, Kamal, Celsius… De leur part, je dirais qu’il y a une espèce… Ce n’est pas de l’animosité, mais le truc ne se fait pas. On croise les X-Men par la force des choses, parce qu’il y a des affinités entre Antilop et Cassidy qui sont cousins. Chacun reconnaît un peu les uns et les autres, mais il n’y a pas de vraies affinités entre les groupes ATK et X-Men. C’est dû à plusieurs choses, mais autour de Time Bomb il y a une espèce de truc un peu afrocentré, qui a parfois pu rendre certains de leurs membres un peu acerbes. Nous en l’occurrence on n’est pas là-dedans, et on ne supporte pas vraiment le fait que n’importe quel rappeur, aussi bon soit-il, soit présomptueux ou hautain avec l’ingé son à cause de la couleur de sa peau. Dans le projet il n’y a donc pas de morceau X-Men / ATK, ce qui est vraiment dommage parce que l’album est vendu comme ça. Je ne sais plus comment ça s’est fait, mais pour son album solo, Fredy K réalisera un morceau en featuring avec Ill, en 2004. Ill était là à l’enterrement de Fredy, on s’est serré la main, un peu comme des gens qui ont vécu la même époque ensemble, sans qu’il y ait vraiment d’affinités, mais qui sont gardiens d’une même histoire. J’ai trouvé ça pas mal qu’on se salue à cette occasion. Il est ensuite venu poser sur le projet hommage, je pense que dix ans avant on était ados, et que nos caractères n’allaient pas trop ensemble.

PRESTIGE, PHONOGRAPHE, SECTION EST… MODE DE VIE STUDIO

On fait le premier volet des Section Est surtout parce qu’on est potes avec Rost et qu’on est dans la dynamique d’Heptagone. S’ensuivront un deuxième volet sur lequel on est moins présent, et un troisième sur lequel on ne l’est quasiment plus. C’est un album qui me tient beaucoup à cœur parce que je trouve vraiment que les morceaux sont bons, qu’ils sont dans la couleur de l’époque, et on y retrouve les TPS qui sont super forts. Il y a Loko, Odji Ramirez qui est aussi un ancien d’ATK qui vient faire un refrain sur « Ma vie dans le rap ». Ça reste un truc « familial » sur certains morceaux.

Dans le même temps, Axis est ingé son sur tout le projet, je pense qu’il a dû tout enregistrer, et il y a une connexion qui se fait entre Grodash d’Ul’Team Atom et Test. Grodash et certains de ses associés viennent au studio, un morceau se fait, un vrai feeling naît avec eux et Prestige se construit autour de ça. Axis et Test pourraient mieux te raconter l’histoire de Prestige. De mon œil extérieur j’arrive un jour en studio, et on me dit : « Tiens c’est les gars d’Ul’Team Atom ». J’en avais peut-être un petit peu entendu parler mais pas plus. Tous les jours, quand j’arrive au studio, il y a un couplet ou un refrain à poser pour un morceau en cours d’enregistrement. Il y une vraie dynamique, toujours avec des gens différents, dont Sinik. A cette époque, le fameux « Plus d’une fois trahi » est enregistré au studio, et paraît sur 1er round, une compilation entièrement enregistrée par Axis.

Dans mon souvenir j’ai du mal à dissocier, savoir si Section Est est sorti avant Prestige, ou l’inverse. C’est un peu les mêmes personnes que tu retrouves sur les deux projets, notamment parce que tu as les TPS. A noter que sur certaines premières versions des morceaux de Section Est tu retrouves Freko. « L’histoire de 2 lascars », duo de Rost et Freko, se retrouvera finalement sur le volume 2. Sur « Onpeupadir » avec TTC et La Caution, le couplet de Hi-Tekk remplace celui de Freko. Mais Rost et notre manager de l’époque s’étant un peu fâchés, les voix de Freko ne sont plus disponibles sur le premier volet.

En parallèle Antilop sort Phonographe avec un peu les mêmes MC’s (TPS, TTC, Ul’Team Atom, ATK, Le Barillet…). Section Est, Prestige et Phonographe sont vraiment trois projets qui peuvent être groupés, tout s’est un peu chevauché à cette époque. Une fois Prestige fini, on se dit que c’est une compilation qui a un certain niveau, et qu’on aimerait la sortir en CD. Sauf qu’on n’est pas forcément les meilleurs pour faire les démarches, que le temps passe un peu… Le rap français connaît une grosse effervescence, il y a plein de trucs qui sortent tout le temps, et nous on est en perte de vitesse, ATK commence un peu à se disloquer avec le départ de Freko, Antilop qui ne va pas tarder à partir en solo. C’est aussi pour ça que Prestige ne sort pas, par manque de détermination.

Puis avec l’avènement d’internet et des projets gratuits, dix ans plus tard, on se dit que c’est dans un coin, que ça ne sortira plus, mais que ça a soudé une espèce d’amitié avec Ul’Team Atom. Dans nos esprits on fait partie d’un collectif commun, même s’il n’a pas d’existence officielle. Donc à un moment donné le projet est donné en libre téléchargement, plutôt que de mourir dans un tiroir pour le simple plaisir de nos oreilles.

SEPARATION TEMPORAIRE

Je le raconte souvent, mais notre ex manager avait rencontré quelqu’un de chez Sony qui lui avait dit, comme ça, sans contrat : « Qu’ATK vienne chez nous, je les signe pour 10 albums ! Un solo pour chacun, un album par binôme et un album d’ATK. Tout ça sur cinq ans, avec une sortie tous les six mois. » L’idée en soi était mortelle, et le premier album que le mec voulait sortir c’était celui de Légadulabo. Quand notre manager, qui était très lié à Freko, nous a annoncé ça, il y a eu quelques tensions. Freko me disait : « Ecoute, pour vivre je n’ai que ça, si les mecs de mon propre groupe ne comprennent pas que c’est ma seule chance de m’en sortir, je partirai. » C’est pour ça qu’il s’est mis à l’écart quelques années qui sont aujourd’hui comme de la poussière. Moi j’ai toujours été le chaînon entre tout le monde, avec Fredy.

On se connaît depuis si longtemps qu’on prend du plaisir à se voir, mais je pense aussi qu’à un moment donné, on a eu autour de nous des exemples de mecs avec qui on traînait qui commençaient à exploser. Tous les matins, je voyais les clips de Pit Baccardi à la télé avant d’aller à la fac, et je repensais aux fois où ensemble on a dû dormir dans des cages d’escaliers, taxer les gens dans la rue pour avoir de quoi goûter. Et puis de voir Pit à la télé, ou même des mecs moins forts que nous qui nous admiraient à l’époque, ça nous faisait peut-être nous demander : « Pourquoi je ne peux pas accéder à ce stade de reconnaissance ? », tout en étant conscients qu’ils avaient aussi travaillé pour ça. C’est ce qui a poussé certains à faire des solos, sans qu’il y ait de grosses animosités. Il y a juste eu quelques tensions, quelques écarts.

Une des rares interviews d’ATK, par Metek, pour Groove. 2003.

La séparation du groupe assez rapide après la sortie d’Heptagone qui fait qu’on n’a pas pu défendre le truc, ce qui est fortement dommage. On n’a pas eu non plus le temps de se rendre compte de la portée du groupe. Il pouvait y avoir des froids entre deux personnes, mais dans l’ensemble on arrivait tous à se parler, pas forcément tous ensemble. Je pouvais croiser Axis, qui me disait « Je viens de croiser Test, il m’a filé son numéro », puis je voyais Test qui me disait : « Je sors de chez Fredy ».

Je pense que les producteurs d’albums, que ce soit chez Rost ou chez Nouvelle Donne, se disaient : « On a un des albums solos d’ATK, il nous faut un morceau du groupe parce que c’est ce que les gens veulent. » C’était évident sur l’album d’Antilop chez Nouvelle Donne, et c’est comme ça qu’on a « Attaque à mic armé 2 ». On retrouve également un morceau ATK sur l’album de Test et Rost, Testosterost. Néanmoins, il y avait aussi une envie de se voir et de faire des morceaux ensemble. Comme Fredy, j’ai toujours voulu mettre le groupe en avant, c’est pour ça qu’on répondait présent sur les albums solos, et que toutes les occasions étaient bonnes pour se retrouver sur un morceau.

OXYGENE, TRILOGIE A LA GEORGES LUCAS

Fredy est à l’origine de ces projets. On arrive au début des années 2000, on se dit qu’il n’y aura pas de nouvel album d’ATK avant un bon moment. Fredy est toujours attaché au groupe, il décide donc de demander à Axis ses vieilles DAT sur lesquelles il pourrait y avoir des morceaux, et d’en retirer les titres phares autour de deux périodes. Le premier Oxygène s’appelle Oxygène 0, c’était une cassette à la base, même si on a pu le retrouver en CD bonus sur le coffret de la réédition des Oxygène il y a quelques années. Ensuite il a fait les volumes 1, 2 et 3 de son côté, en dépoussiérant d’anciennes versions de certains morceaux, des choses pas connues du tout, enregistrées avec les moyens du bord. Le graphisme aussi de la pochette a été un peu réalisé à l’arrache. Sur la pochette d’un des Oxygènes, il y a écrit « ATK feat. Zoxea – Attaque à mic armé », mais un trait barre le morceau, juste parce qu’il avait demandé l’accord aux personnes de Nouvelle Donne, mais que les mecs avaient fait des chichis. C’est une manière de stipuler sur la pochette qu’il a demandé le morceau, mais qu’on ne le lui a pas donné. Nous ne comprenions pas, Fredy et moi, pourquoi nos morceaux avaient pu être mis sur des compilations sans que quiconque nous demande un quelconque accord, mais que pour notre propre projet on nous fasse des protocoles pas possibles pour disposer de nos propres morceaux.

Avec DJ Battle dans les loges du Batofar, 2005. Crédit : Dominika ©

Cette trilogie est sortie pendant une période durant laquelle l’engouement autour d’ATK était fort, mais sans actualité de la part du groupe. Donc quand les projets sont sortis au fur et à mesure, on ne s’attendait pas à avoir spécialement plus de retombées que pour une mixtape classique. Je m’aperçois en fait que plein de gens m’en parlent encore aujourd’hui. Et puis au début des années 2000, tout n’était pas encore encodé ou facilement trouvable sur YouTube, et ces CD ont permis à beaucoup de personnes de retrouver des morceaux qu’ils ne pouvaient pas obtenir ailleurs. Donc souvent les gens mettent Oxygène et Silence Radio sur un pied d’égalité, parce que Silence Radio n’est pas toujours considéré comme un album alors que c’est le cas, sauf qu’il est sorti trop tôt, parce qu’il aurait dû être mieux mixé, avec des couplets reposés, etc. Finalement Oxygène a permis de combler une période d’absence avec des morceaux assez inédits ou sur des mixtapes difficiles à trouver. Les trois volets ont été mixés par DJ Battle qui a ensuite bossé avec pas mal de gens. Le volume 2, contient des apparitions post Heptagone, mais il est sorti avant le volume 1, qui contient des morceaux datant d’avant l’album. (Les deux sont parus en 2003, ndlr) Fredy avait prévu de sortir les épisodes dans le désordre, un peu comme Georges Lucas. (rires)

Oxygène 3, paru en 2004, ne contient que des morceaux enregistrés exprès pour le projet. Sur ce volet, on ne retrouve que Test, Fredy, Axis et moi-même, et on avait une date de sortie à respecter. On l’a enregistré chez DJ Saber, je me souviens qu’on devait donner le master un lundi, et il se trouve qu’un orage a fait claquer son disque dur. Ce qui fait qu’on a tout perdu, et tout réenregistré chez lui en 24 heures. Saber a mixé le truc dans la nuit, c’était aussi un peu à l’arrache. Il n’y a que des inédits, mais ce n’est pas un projet qu’on a appuyé avec une promotion, vu que les Oxygène étaient plus sur le registre de la mixtape ou de la compilation. Ce n’était pas du 100% ATK puisque d’autres MC’s étaient invités à rapper. On ne le considère pas du tout comme un album, mais comme la continuité des projets Oxygène.

SILENCE RADIO

La décision de faire un deuxième album était quelque chose qui revenait de façon régulière. A un moment donné, il y en a un qui enregistrait un morceau de son côté, qui disait que ce serait bien de se retrouver. La vraie envie vient de Fredy à ce moment-là, et le véritable exploit est d’arriver à fédérer tout le monde. On avait juste besoin d’un truc pour allumer la mèche, de la même façon que pour le prochain projet à l’occasion des 20 ans d’Heptagone. Fredy avait son studio (le studio Oxygène, à Stalingrad, ndlr), il avait récupéré des instrus pour démarrer, ce qui a lancé le deuxième album. Si on avait eu un manager, ou un bon pote qui arrive à fédérer tout le monde, cet album serait arrivé avant.

Silence Radio n’aurait pas dû sortir comme il est sorti. Fredy avait son studio à Stalingrad, c’était un peu le coin où on pouvait tous se retrouver. Si l’un d’entre nous n’était pas là pour un enregistrement il pouvait repasser plus tard pour terminer le morceau. Quand Fredy l’a sorti on n’était pas d’accord parce que pour nous les morceaux n’étaient pas vraiment mixés, on voulait enregistrer d’autres trucs… Fredy nous a dit : « J’ai besoin de le sortir pour pouvoir avancer sur le reste. » On aurait aimé que ce soit mieux, mais a posteriori ça reste un album qu’on est content que Fredy ait fédéré. C’est vraiment lui qui a insisté pour que ça sorte.

Fredy K et Cyanure. Crédit : Dominika ©

L’album a été assez peu annoncé du fait qu’on l’a fait un peu à l’arrache, et qu’à cette époque-là les anciens du rap étaient très peu actifs. Aujourd’hui tu as un retour des mecs des années 90, une reconnaissance des anciens. A l’époque de Silence Radio on est dans un creux. Tu as le début des années 2000 avec tout le côté caillera qui devient un argument commercial parce que Skyrock bastonne ce type de rap. A cette époque les vieux ne sont pas encore assez vieux pour être respectés, et tu as toute une nouvelle école durant laquelle les groupes n’existent pas, en dehors de quelques exceptions comme le Saïan. Tu as Sefyu, Rohff, Booba, Sinik… Ce n’était pas l’heure des groupes. Aujourd’hui si, avec Sexion d’Assaut, 1995, etc. On n’est pas non plus allé voir les gens pour les démarcher, on a fait notre truc. Peut-être que si on s’était bougés, ça aurait pu se construire, mais ça n’a pas été le cas.

On l’a donc sorti avec peu de promo, rapidement. Il nous était plus difficile de nous retrouver tous, alors que sur Heptagone nous étions ensemble tous les jours, tout le temps. C’est Fredy qui a fait revenir Freko. Il a le studio, il est dans le 19ème, le frère de Freko a une poissonnerie pas trop loin donc ils se croisent. Fredy c’était un globe trotter, il n’avait d’animosité avec personne. Je pense que c’était le souhait de chacun qu’on se revoie, comme c’est le cas aujourd’hui, mais c’est parfois compliqué à mettre en place.

HOMMAGE A FREDY K

On s’était retrouvé avec Kesdo le premier week-end après le décès de Fredy dans son studio à Stalingrad, et il avait étalé dans la cour plein de vinyles, des trucs du studio. On a commencé à se parler, puis à se dire que ça faisait des années qu’on voulait se faire un morceau avec tous les ATK du début mais qu’on ne l’avait jamais fait… Il m’a dit : « Viens, on essaie de lancer un morceau ». On a appelé tous les ATK de l’époque, plus de 20 membres. Tous ont répondu présent sauf un. On est partis sur un morceau à envoyer rapidement. Une dizaine sont venus le premier soir, mais certains ne pouvaient pas ce jour-là et sont venus les jours suivants. Donc l’enregistrement a pris un petit peu de temps, et d’autres personnes sont venues spontanément au studio : Ul’Team Atom, Le Klub des 7 (auquel Fredy et moi appartenions aussi). On s’est aussi dit qu’il nous fallait un morceau avec la formation réduite à 6. Et Kesdo avait mis de côté certains instrus qui trainaient sur un disque dur. Il avait en tête de donner un coup de pouce à Fredy pour développer un projet avec des featurings et des connexions qu’il avait et dont il ne s’était jamais vraiment servi pour lui. Donc il avait un stock d’instrus de côté, et cette envie de faire rapper Fredy avec plein de gens, comme Oxmo Puccino par exemple. Petit à petit, les envies des uns et des autres de rendre hommage à Fredy et les instrus que Kesdo avait de côté ont permis d’enchaîner les morceaux rapidement, d’autant qu’il devait repartir en Côte d’Ivoire pour voir de la famille. Certaines personnes sont venues au studio sans connaître Fredy personnellement comme Scylla par exemple, qui accompagnait des potes. Ça nous a fait plaisir de l’accueillir et de se dire que le son de Fredy avait pu aller plus loin que le périphérique, la Belgique en l’occurrence. Je le considère comme un album d’ATK parce qu’on est tous dessus, c’est la dernière empreinte de Fredy K. Il clôt une époque puisque ça a été enregistré dans le studio de Fredy. Même s’il y a plein de featurings, c’est notre projet parce qu’on est tous dessus.

A l’occasion des Awards du rap français, quelques jours après le décès de Fredy, Mokobé, présent sur le projet hommage, avait fait une dédicace à Fredy juste avant de rapper. Ça m’a vraiment touché parce que je lui avais demandé de faire un petit mot, et ce n’est pas évident à faire pendant une transition, en direct à la télé. Freko s’en est servi sur son morceau en hommage à Fredy pour son projet d’ailleurs.

Sur le morceau à 20 tu retrouves à la fois des MC’s qui ont pu percer comme Matt Houston sur le refrain, ou Pit Baccardi, mais également des gens qui ont arrêté le rap. Chaque partie était une facette différente d’une des qualités de Fredy, et personne n’a menti ou n’en a rajouté. Metek par exemple dit : « Tu sais qu’on n’était pas très proche… » puis « De retour à Stalingrad, je vois Kesdo contenir ses larmes. Tu sais que ton frère est le mien, que dire ? Paix à ton âme ». Axis aussi fait preuve de sincérité, et aborde des « différends ». Une des grosses qualités d’Axis, c’est que même s’il n’a pas la plus grosse technique ou le plus gros débit, il est sincère dans son écriture. Dans chacun de ses textes je sais de quoi il parle, il se livre pour de vrai. Il est authentique.

LES ANNEES 2010 – CORDE RAIDE, EN ROUE LIBRE, LES SOLOS D’AXIS

Sur « Corde raide », c’est Gwen de Futur Proche, qui est un fan d’ATK, qui est a réuni tout le monde. Il nous a toujours supportés, et un jour nous a parlé de son idée de « Corde raide ». Je suis très content d’être sur ce morceau car c’est un grand écart incroyable entre la old school avec Axis, Seär ou moi, la new school avec 1995 et Pand’Or, et même une génération intermédiaire avec Futur Proche, qui forme le chaînon entre les écoles. Ce morceau a relancé Axis pour commencer son solo, et derrière il a enchaîné six ou sept morceaux. Des fois il suffit d’un petit truc pour te dire : « J’ai encore le truc ». Il s’est motivé, il a sorti de studio 5-6 morceaux, dont le très bon « Addictions » avec Test. Le binôme Axis / Test a toujours très bien fonctionné. Sur Silence Radio, « Cérébral » est dingue. « En roue libre » est sorti très discrètement, sur la compil de Crown, qui contient de gros noms. Notre morceau est un peu passé inaperçu. Là encore c’est Gwen qui s’est démené pour avoir tout le groupe.

Crédit : Rap Mag ©

Il y a trois ans, nous sommes remontés sur scène avec Test et Axis, mais également DJ Vako, qui faisait partie d’ATK au tout début, qui rappait avec Matt Houston. Il y avait Kesdo et Boramy qui faisaient également partie d’ATK quand on était plus nombreux, ainsi qu’Emotion La Folie et Mitch avec qui on était au lycée. Représenter ATK à trois me dérangeait un peu, il manquait les autres, au-delà de Fredy.

« T’AS PAS FINI D’ENTENDRE PARLER DU CLAN QUI FORME L’HEPTAGONE »

Même si on n’a pas fait de grosse annonce officielle, on est dans une période où on a envie d’écrire donc on espère sortir un projet en 2018, pour nous avant tout, pour Fredy, pour les potes… On ne va pas dire que c’est notre grand retour, on va le faire pour notre plaisir en priorité. Ce n’est pas pour faire des thunes ou pour défoncer le rap français.

Je sais que pour réunir ATK il ne faut pas que je parle d’ATK, ou que je dise : « Il faut qu’on fasse un album. » A un moment donné j’avais dans l’idée de faire un maxi avec que des featurings, comme la Scred Connexion par exemple. J’en parlais un peu à tout le monde, et je voyais que ça se motivait. Mais avec ATK on a besoin d’un truc extérieur, on est en roue libre justement. On se kiffe tous, on adore tous le rap, mais on n’est pas assez structurés pour que ça naisse de nous, il n’y a pas de vrai leader. Et puis ça a toujours été compliqué se réunir sachant qu’Axis est à Annecy, Freko à Belfort, que Test n’a pas toujours eu un numéro de téléphone qui marche, qu’Antilop était à Bussy… Je voulais que ce projet de featuring soit le prétexte pour nous retrouver dans une pièce, et qu’à un moment donné on se dise : « Ah mais c’est mortel, faut qu’on se lance ».

Je voulais aussi faire un morceau avec Ul’Team Atom, et il n’y a pas longtemps, Templar nous a demandé de venir sur son projet. Pour des raisons logistiques, seuls Test, Antilop et moi avons participé au morceau sur place et Axis a enregistré ailleurs. Après avoir écouté le rendu final, Antilop s’est motivé et a remis le sujet sur la table. L’envie de faire un projet en 2018 a ainsi été impulsée par quelqu’un d’extérieur qui nous a rassemblés, Templar en l’occurrence. On a tous été tour à tour des locomotives. Axis sur Heptagone et sur Micro Test, Fredy sur Silence Radio, c’est moi qui me suis démené avec Kesdo sur le projet hommage à Fredy. En ce moment c’est Antilop qui est une locomotive pour la suite. Il nous envoie des mails tous les jours avec des idées, et ça me fait hyper plaisir. Déjà ça permet à Axis de respirer, lui qui l’a tellement fait, et puis Antilop était celui qu’on attendait.

J’ai un ami qui s’appelle G High DJo qui avait sorti un mix pour les 20 ans de La Cliqua, et on travaille avec lui depuis quelques temps déjà sur un mix ATK qui serait chronologique. On en avait un mais il durait 4 heures et demi… On va essayer de sortir ce mix-là début 2018 gratuitement, avec des inédits d’époque. Il y en a un qui est la suite des « Rêves partent en fumée », qui s’appelle « Soir de pluie » avec Axis, Antilop et moi, qui date de 1999, et qui n’est jamais sorti. Ça va nous remettre un peu en route, et puis on doit se voir pour un premier enregistrement. On a envie d’être là pour les 20 ans d’Heptagone.

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