PNL emmène la misère en balade | Live report

L’ascension fulgurante de PNL est connue de tous. En 18 mois et trois albums, ils ont entassé les disques d’or, de platine et de diamant de manière exponentielle, imposant le cloud rap dans le paysage rap français, bien aidés par une communication maîtrisée entre absence totale d’interviews et bons coups. Pour annoncer l’imminence de leur tournée, ils se sont payés le luxe d’une campagne d’affichage massive un peu partout en France, sans prendre la peine de faire figurer le nom du groupe (« osé » diront les communicants), seul le fameux logo aux deux visages permettant d’identifier le duo des Târterets. C’est que l’attente est grande, les prestations scéniques à leur actif se limitant à quelques rares participations à des festivals, et une tournée de showcases de 40 minutes. Avec des retours plutôt mitigés sur ces apparitions, l’annulation de leur prestation à Coachella et le report de leur tournée des Zéniths initialement programmée en mai, Ademo, N.O.S. et leur équipe étaient attendus au tournant. Nous voilà donc au Zénith de Toulouse pour la troisième date de leur tournée, curieux de savoir ce que nous réservent N.O.S. et Ademo.

Après deux heures d’attente et un public de plus en plus impatient alternant entre huées et acclamations, N.O.S. et Ademo débarquent aux alentours de 22 heures avec le morceau « Dans ta rue », niaks aux lèvres et lunettes vissées sur le nez, sur fond de battements de cœur. Le décor, simple en apparence, est constitué de six écrans verticaux pouvant fusionner à l’occasion, d’un arbre (fumant) trônant au bout de l’avancée de la scène dans la fosse, et d’une reproduction immense et en relief de l’anatomie d’un cœur, renvoyant à la pochette de QLF. Ce cœur sera l’objet de projections soignées, répondant aux animations des écrans placés derrière.

Quelques mots pour s’excuser du retard, et c’est parti pour plus d’une heure trente de show, durant lequel les deux frères enchaîneront leurs tubes, mais pas seulement, puisqu’ils joueront quelques morceaux moins connus de leurs trois opus tels qu' »Uranus » (sur fond de planètes et de galaxies colorées) ou « Cramé », l’inédit de la version orange de Dans la légende. Côté gestuelle, N.O.S. et « Adekhey » livrent une prestation toute en économie de mouvements, et déambulent calmement sur la scène, sans aucun faux pas, ni panne d’autotune. Ce flegme, cohérent avec leur musique, est compensé par une scénographie grandiose (qui doit certainement expliquer le report de six mois au vu des moyens déployés) et la présence des proches. Peut-être peu habitués à la scène par rapport à des groupes de même niveau de popularité (rappelons qu’ils jouent dans des zéniths sans être passés par la case « petites salles »), il paraissent parfois surpris par les réactions enthousiastes du public, manquent un peu de conviction quand ils lui demandent de faire du bruit, mais ces légères hésitations sont largement compensées par l’emballement du public. L’osmose entre le groupe et l’assistance est bel et bien présente.

En plus de l’arbre, qui fait référence à Mowgli et au Roi Lion, et de l’accent espagnol soigné, toute l’imagerie symbolique du duo est représentée dans ce grand show au moyen de projections diverses : vues aériennes de paysages naturels époustouflants, animations façon mangas japonais… et même un jeu-vidéo de type arcade voyant le duo évoluer dans différents milieux sur le morceau « Dans la légende », affrontant tour à tour ennemis, employés de maison de disque, et un boss de fin aux allures de « Coca Cola », le terrible ennemi de l’équipe dans la trilogie de clips / court-métrages parue ces derniers mois. Assurément un des moments inoubliables du concert. Dans le rayon « temps forts », on citera pêle-mêle « Je vis, je visser » reprise en cœur par le public, « Naha » et l’apparition des potos acteurs des clips dans les gradins, « Jusqu’au dernier gramme », « Béné »… La « famille » occupe d’ailleurs une place centrale dans leur show, que ce soit via leurs amis sur scène par moments, ou dans leurs discours de transition entre les morceaux  « Merci pour l’accueil la mif’, on va tout niquer ce soir. » Les paroles des deux frères en dehors des morceaux sont relativement rares, et rappellent que le public ne les a jamais entendus « hors musique » que ce soit en interview ou dans une quelconque vidéo adressée aux fans. Cohérence, encore et toujours.

Visiblement ravis d’être là et beaucoup plus expressifs que leurs deux compères, Bené, Coca-Cola, Casper et tous les autres rejoignent le duo autour de l’arbre sur le morceau « Da », qui fait office de bouquet final. Un dernier rappel sur « Le monde ou rien », et c’est l’heure pour les 7000 spectateurs venus ce soir de rejoindre le parking du Zénith Toulouse Métropole. Les deux frères ont réussi à dissiper les craintes qu’on pouvait avoir quant à la qualité de leurs prestations sur leur tournée, et c’est déjà un exploit. En totale cohérence avec leur musique, ils confirment leur statut de groupe à part dans le paysage rap, suivant ses propres codes, loin des tribulations du milieu, en famille.

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager avec les petites icônes ci-dessous, et à rejoindre la page facebook  ou le compte twitter du Bon Son.

Partagez:

Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.