10 Bons Sons en mars 2017

Cette sélection marque les cinq ans d’existence du site, elle a donc nécessairement une saveur spéciale. Durant cette période, le site a évolué : il s’est étoffé, a changé d’aspect, mais a toujours gardé son identité. Les 10 Bons Sons mensuels en témoignent. Une sélection parfois imitée, jamais égalée, pour vous donner chaque mois le ton du rap français.

Le 10 mars : Gaël Faye – Irruption

Gaël Faye est sorti de la promotion de son livre Petit pays de la plus belle des manières en revenant à ses premières amours. Avec « Irruption », extrait de l’EP Rythmes et Botanique dont la sortie est prévue pour le 14 avril, c’est un retour remarqué qui a valeur de véritable appel à la lutte. Dans un clip noir et blanc réalisé par Rafael Levy, Gaël Faye mêle poésie et révolte comme il sait si bien le faire, pour un rendu final époustouflant. L’intensité de la musique va crescendo lorsque le flow gagne en agressivité, jusqu’à l’arrêt de la voix pour laisser le dernier temps à une partie exclusivement instrumentale dans laquelle la trompette de Guillaume Poncelet joue le premier rôle. Un très beau titre pour un EP qu’il faudra écouter avec attention. – Costa

Le 7 mars : Nodja – Ça s’mérite (Prod. Nodja)

Le rappeur et beatmaker originaire de Perpignan était de retour le 4 avril avec un nouvel album, intitulé « N ». Résultat de deux ans de travail intense, N sera composé de quinze morceaux, la plupart produits par l’artiste gravitant autour du collectif L’Uzine. « Ça s’mérite » est le premier extrait dévoilé par Nodja (suivi de deux autres extraits tout aussi convaincants) et fonctionne sur la -toujours efficace- recette du piano/violons. Les rimes sont acerbes, la plume est aiguisée, l’écriture est juste, la rage grandement palpable. Du fond, de la forme, que demander de plus ? – Clément

Le 13 Mars : Pand’Or  – Hikari (Prod. Street Rockaz)

Il est des morceaux qui traînent pendant des mois dans les tiroirs de leurs auteurs et qui, le jour où ils voient enfin la lumière, vous font l’effet du petit diable qui sort de sa boîte : après vous avoir joué sa petite ritournelle pour vous mettre en confiance, la boîte s’ouvre et le diable sur ressorts vous saute au visage pour vous mettre une bonne claque… « Hikari » est un de ces morceaux. Même pas besoin d’en faire des caisses pour Pand’Or : en 2’40″, son flow incisif et précis plie en toute simplicité une prod bien riche de Street Rockaz. Le clip, tourné à Montréal, est une vraie collection de mises en perspectives d’ombres et de reflets, pour un résultat évidemment lumineux. Au final, ce son nous fait l’effet d’un rideau mal tiré un dimanche matin d’hiver : n’est-il pas plaisant d’être tiré du sommeil par un rayon de soleil quand on ne s’y attend pas ?  – Sarah

Le 31 mars : Scylla feat. Furax Barbarossa & B-Lel – Chopin (Prod. Greenfinch)

Masque de chair, le nouvel album de Scylla, marque le retour de l’Ogre, son alter ego tortureur d’instrus, absent d’Abysses, son premier album paru en 2012. Sur « Chopin », le MC bruxellois prend en effet un malin plaisir à décrire les supplices qu’il s’imagine faire subir à la boucle du célèbre compositeur savamment sélectionnée par Greenfinch et enfermée dans le coffre de son bolide pour une virée nocturne. Furax et B-Lel, embarqués en cours de route, se joignent à la partie pour un morceau qui constitue une bonne contrepartie aux titres plus deep de ce nouvel album, ainsi qu’un son à ajouter à la longue liste des collaborations entre l’Ogre et le Pirate. – Olivier

? Chopin

Le 5 mars : Shétif – Style libre 3

C’est vraisemblablement un jeune talent dont vous entendrez parler de plus en plus à court ou moyen terme. Shétif, jeune rappeur/chanteur parisien, mène sa musique où bon lui semble de freestyles vidéos en clips, d’open mic en émission radios, comme ce Planète Rap du mois dernier où il avait secoué tous les invités et auditeurs. Suffisamment naïf pour nous offrir un instant de répit, Shétif alterne chant et rap avec une surprenante facilité, rappelant Nemir il y a encore quelques années. Si l’on sent un effort d’écriture concret sur cet exercice de style reprenant la face B de Lozt Zoul « Hero », c’est d’ores et déjà la forme de sa musique qui devrait lui ouvrir des portes et lui permettre de voir plus loin, la plume s’affûtant avec le temps. – Antoine

Le 1er mars : Al’Tarba feat. Vîrus – La nuit se lève 

Grosse actualité pour Vîrus en ce mois de mars, avec la sortie du livre-album « Les soliloques du pauvre », réinterprétation et réincarnation du grand classique de Jehan Rictus, 120 ans après la publication du livre. En plus de ça, le Rouennais a gratifié Al’Tarba d’une apparition sur son album La nuit se lève. Outro de l’album et titre éponyme, cette collaboration inédite (à deux en tout cas) se résume globalement à ce que chacun sait faire : labyrinthe de syllabes qui s’entremêlent et texte sombre et introspectif pour l’un, labyrinthe de samples qui s’entremêlent et caisses claires qui tapent fort pour l’autre. Un morceau que l’on devrait sans doute retrouver dans les tops du premier trimestre de cette année. – Xavier

Le 8 mars : Don Choa – Vieille gloire (Prod. Bast)

Les derniers faits d’armes sur disque de Don Choa sont les album Marginale musique avec la Fonky Family en 2006 et Jungle de béton en solo en 2007. L’annonce d’un nouveau morceau solo du « p’tit gars sans gêne » le mois dernier a donc pu paraître surprenante, laissant craindre un énième retour dans le rap en demi-teinte d’une figure du rap des années 90. Cependant, le titre du morceau, « Vieille gloire », aurait pu nous mettre la puce à l’oreille quant au contenu lucide et emprunt d’autodérision du morceau. Et le public toulousain a pu, ces dernières années, l’apercevoir sur scène à de multiples reprises aux côtés de Demi Portion, Melan ou la Bastard Prod, et être témoin de la passion qui l’anime encore. Le clip, réalisé par Chaz Shandora, joue de façon drôle et pertinente avec l’image du membre de la FF. Le flow, la verve, et le grain de voix font toujours mouche, et laissent présager de bonnes choses quant l’EP en préparation, dont la sortie est programmée pour la fin du mois d’avril. – Olivier

Le 30 mars : Saké – Retiens ça (Prod. Mani Deïz)

En cette fin de mois de mars, le rappeur originaire du 78 nous a livré le troisième extrait de son futur album Pièce d’orfèvre. Après les titres précédents  « Je me déteste » et « Original Mc », Saké reviens en force avec « Retiens ça ». Ce morceau pêchu apparaît  dans la lignée de son excellent projet solo La clef de la cave qui avait marqué l’année 2012. La moitié des morceaux avaient été produits par Nizi à l’époque. La comparaison semble donc pertinente puisque c’est Mani Deïz, lui aussi membre des Kids of Crackling, qui a fourni le beat de « Retiens ça »  accompagné de  Dj Venum aux scratchs. Le street clip réalisé par François Chatain et animé par Louise Ménager, respire le tag et le graffiti vandale. Pour l’occasion, Saké a convoqué une véritable réunion de famille en faisant appel à ses acolytes du crew 132. Il a également pu compter sur la présence de plusieurs figures du rap parisien comme Sëar, L’indis ou Sheryo. – Jordi

Le 7 mars : VII – Kevlar

Premier extrait du prochain album de VII dont la sortie est prévue pour la fin de l’année, « Kevlar » pose la couleur d’un projet qui sera probablement dans la lignée d’Eloge de l’ombre : politique, poétique, qui « incite à l’émeute sur du boom-bap balèze ». Sur une instrumentale de DJ Monark, boucle de piano sobre et efficace accompagnée de quelques scratchs, VII vient poser un texte riches de références qui s’entremêlent dans un pot-pourri de culture basque, politique, littéraires et historique. En ajoutant à cela l’art de la formule avec des phases comme « Je ferai du Jul quand Zemmour connaîtra Molenbeek », on obtient un titre fort qui promet un beau projet à venir. Après huit albums, VII arrive encore à surprendre par sa qualité d’écriture. Une discographie qu’il vaut d’ailleurs la peine de prendre le temps d’écouter lors d’une longue nuit ou un dimanche de pluie. On en revient plus riche. – Costa

Le 14 mars : IAM & Lino – Fyia

Depuis 20 ans, chaque couplet de Lino est guetté par tout bon amateur de rap. Chaque sortie d’album d’IAM a, elle, un retentissement national et une couverture médiatique particulière. Alors comment ne pas passer à côté d’un morceau réunissant Shu’, AKH et Mr Bors en 2017 ? Le risque de décevoir était élevé, tant l’attente autour d’une telle surprise était grande. Verdict sans appel : c’est finalement une très bonne fusion, réussie tant au niveau de la prod d’Imhotep, des flows, que des textes. Crédible, cohérent, engagé et moderne, « Fyia » envoie des coups de poings à la classe politique, à la gueule des bons pensants inactifs et dans le menton des médias orientés. Lino, qui confessait il y a peu se sentir « vieux comme un rap à thème », retrouve sa jeunesse en « dragon asthmatique qui tousse et fout le fyia », Shu’ nous rassure après son très décevant projet sorti en décembre dernier et AKH maîtrise. « J’entretiens avec l’État une relation tarifiée » C’est clairement le genre de frappe qui met des tartes à pas mal de monde et remet à l’heure les pendules. À l’image de la tournée L’Age d’Or du Rap Français, c’est une preuve que certains old timers font encore le taf et un flashback nous rappelant la bonne époque des remix d’AKH. Si, pour l’heure il n’existe pas de clip, les images rappées devraient faciliter le travail du réalisateur. On a hâte. – Antoine

? Fyia

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