De la Guadeloupe à Lyon : l’Exode de Sethemsi et Tervol.

Nous vous en avons parlé lors de notre édition des 20 Bons Sons du mois de février 2016, les rappeurs Sethemsi et Tervol qui forment L’Exode ont sorti le mois dernier leur premier LP, estampillé par le collectif lyonnais La Mégafaune. Douze titres, la plupart produit soit par Vax1, soit par Smok. Le résultat est un album dans la lignée de ce qu’a pu faire Smok en solo, un rap engagé, mélancolique et révolté. Échange avec Sethemsi, aîné de l’Exode.

On débute par la question traditionnelle : Pourrais-tu te présenter?

Alors écoute moi mon nom de rappeur c’est Sethemsi. Je m’appelle Jean, j’ai 25 ans, natif du sud de la France jusqu’à mes 3 mois, et ensuite de mes 3 mois à mes 19 ans, ressortissant guadeloupéen. En exil depuis 6 ans et actuellement habitant de Lyon la Guillotière 69003.

Comment as-tu rencontré Tervol, l’autre moitié de L’Exode ?

On a comme particularité de venir tous les deux de Saint François qui est la commune située sur la pointe Est de la Guadeloupe, sauf que lui vient d’un quartier de Blonval. Du coup c’est un ami d’enfance, on a été au collège ensemble, mas lui est parti très tôt en France, à Paris, et on s’est retrouvés une fois que j’ai passé mon bac et que je suis arrivé en France… Le rap a fait que lui et moi on a gardé le contact, on l’a même solidifié, on a rendu réel le lien d’amitié. On a eu le temps de réfléchir sur ce lien qui avait perduré et ça nous a permis de parler de l’amitié et pas simplement la vivre. Sans la conceptualiser ou la théoriser, on est allés jusqu’à essayer d’observer le lien de l’extérieur tout en étant de l’intérieur…

Depuis combien de temps tutoyez-vous le micro ?

C’est simple. Il y a quelque chose qui a dû se passer de manière égale pour tous les deux, sans qu’on se soit concertés ou renseignés sur le sujet à la base. Moi le rap est devenu vraiment pressant, il m’appelait de manière de plus en plus intense au fur et à mesure que je grandissais. Le rap m’a toujours plu depuis que j’étais gamin, l’époque walkman cassette. Très petit en primaire j’écoutais des sons de rap, mais je ne savais pas encore ce qui me plaisait vraiment dedans. Si c’était le fait d’écouter des gens qui parlaient de choses différente, faire le rapprochement avec les jeunes de ma génération ou celle d’avant moi… En tout cas le rap ça m’a toujours parlé. Ensuite ça m’a vraiment heurté, ça m’appelait de manière pressante. Et ça c’était au lycée quand j’ai entendu des gars rapper. Il y avait des mecs qui s’appelaient Goliate et Stidi, qui étaient des collègues du lycée et qui étaient plus jeunes que moi d’ailleurs. Ils m’ont donné envie de faire pareil. J’ai commencé à gratter fin Première – début Terminale. Ensuite l’été qui a suivit le bac, je suis allé voir Tervol et tout de suite on a écouté du son et on s’est proposés mutuellement de lâcher un freestyle, sans forcement qu’on se soit demandé si on écrivait. On avait des goûts en commun quand on s’est retrouvés, et c’était l’époque TSR Crew (2009-2010) pour ne citer qu’eux, et ça nous a littéralement dopés, donné de l’inspiration, de la force…

Je me rappelle vraiment d’une après midi devant le lycée Paul Bert à Montparnasse, dans le 14ème.  Ensuite on a pas mal tourné en scooter et le soir on a passé une soirée où on a fait que rapper, ça a été une sorte de déclic. Après, pour ce qui est vraiment du côté enregistrement, la première fois c’était grâce à un ami d’enfance qui s’appelle Oxyde. Lui aussi est natif de Saint François. Dans le bourg c’était mon voisin, lui aussi est parti tôt. On est resté en contact et je l’ai revu sur Poitiers. Après deux trois aller retour chez ce vieux loubard, j’ai fait venir Tervol avec moi pour qu’ils se rencontrent et en fait ils se connaissaient déjà ! A Saint François tout le monde se connait au final. C’était génial, le soir grosse fiesta, on fête la réunification. Et le lendemain matin, quand je me suis réveillé, Tervol et Oxyde étaient en cabine en train d’enregistrer. La jonction avait été faite. Ce qui était marrant, c’est qu’on s’était tous les trois préparés à faire quelque chose ensemble. Et bien avant qu’Oxyde et Tervol se rencontrent, ils avaient prévu de s’associer, et ça aussi quelque part c’est la marque de l’amitié… (silence)

Tu as l’air ému.

Oui c’est cool. Ça le sera encore plus dans quelques années, avec de la satisfaction en plus.

C’était important de retrouver ces gens-là ?

Oui c’est quelque chose qui me travaillait. Aujourd’hui encore. Ma grande idée c’était de faire du rap avec des personnes issues du même endroit. Saint François c’était évident… Maintenant c’est un peu différent, mais j’ai quand même envie de construire quelque chose avec d’autres personnes qui ont aussi une autre histoire, une autre identité. On peut construite quelque chose de lourd avec des personnes qui ont diverses expériences, qui viennent d’univers différents. Sans se dénaturer soi-même on peut tisser quelque chose avec les autres dans la relation. C’est pour ça que j’ai espoir de tout niquer avec les lyonnais de la Mégafaune

Justement elle s’est faite comment cette rencontre ?

Tout a commencé chez Basileus Le Vil (Ex Triple B) à Grange Blanche. On était à la fac ensemble, je l’ai rencontré via un autre ami. On a tout de suite sympathisé, puis il m’a présenté Zulu. C’est eux mes potes à la base. Et de fil en aiguille eux ont rencontré La Microfaune (Double A, Barbiok, Vax1) qui les ont fait intégrer La Mégafaune. Et c’est comme ça que j’ai rencontré les autres.

Qu’est ce que ça vous a apporté d’intégrer la Mégafaune ?

La Mégafaune nous a apporté la fièvre du rap. Des moyens logistiques, et attention, ils sont ultra lourds ! Ils ont besoin de personne pour faire du son de qualité. Il y a des architectes du son très fort dans chaque entité du collectif, et surtout des apports humains. On peut faire des impro’, des méga soirées, c’est surtout une bande de potes. Ça c’était vraiment important en fait, c’est le plus important. La Mégafaune nous a apporté une bande de pote. C’est ce qu’on avait perdu depuis le grand départ.

Tu utilises de mots très forts, comme « exode », »ressortissant », « grand départ ». On les retrouve aussi dans vos morceaux, c’est engagé…

(Il coupe) Je sens qu’on se rapproche des questions qui font appel à beaucoup de réflexion et à beaucoup de justesse dans les propos. Il y a des choses qui nécessitent qu’on les écrive pour les exprimer, mais je vais quand même essayer de m’y risquer un petit peu… « Exode » parce que le mélange de trajectoire, c’est à dire le fait de partir. D’arriver quelque part, de repartir. C’est toutes ces marches, toutes ces nouvelles sources qu’on trouve dans les nouvelles haltes. C’est très abstrait, ça nécessite réflexion et poésie. Crayon, feuille, pas forcement couplet de rap mais explication écrite.

C’est vrai que je n’aimerais pas parler comme j’écris parce que ce sont deux choses différentes et je n’aimerais pas non plus écrire comme je parle. Mais voilà, « l’Exode » parce que c’est une histoire un peu tragique et elle ne résulte pas d’une affaire biologique. Quelque soit ton histoire personnelle, celle de ta famille, d’où tu viens… Tu peux te solidariser d’une cause si tu sens qu’elle résonne fort en toi. Moi en tout cas je vais tout donner pour cette cause.

Le terme « exode » est peut être un peu prétentieux quant aux références historiques, que ce soit l’exode du peuple juif en Égypte, ou même le déracinement qui a conduit à l’installation de la diaspora africaine sur les territoires caribéens. Mais l’exode parce que le mouvement, le déracinement, le départ et le fait de se chercher. Il s’agit de se chercher et puis de se trouver à un moment donné. Il ne faut pas essentialiser notre identité, c’est justement très grave quand tu es en recherche de qui tu es, d’épouser des causes qui sont encore à définir.

On revient sur votre écriture introspective. Du vécu, de l’authenticité. Mais on voit aussi quelques touches politiques. Du coup, question France 2, est-ce que tu considères que ton rap est engagé ?

Engagé moi en tout cas je le prends pas comme une injure. J’espère qu’il l’est. Je suis fidèle à certaines choses et j’idéalise les propos des personnes qui m’ont instruit niveau rap. La phrase du groupe Ärsenik le résume bien : « Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position ? » Mais en fait, l’année de la sortie de l’album 2016 c’est une mauvaise date. Tervol et moi on est un peu des romantiques de la date. On aurait souhaité une autre date, 2014 ou 2015. Peut être pas 2016. L’album a été confectionné pendant 4 ans. Et du coup il y a certaines prises de positions qui manquent de maturité ou qui sont un peu dépassées déjà… Mais ça correspond à un état d’esprit d’une certaine époque. Aujourd’hui j’ai 25 ans, en 2012 j’avais 22 ans. Tout va très vite et tu souhaites aussi que les choses se déroulent comme tel. Tu échanges, tu t’éduques, tu t’instruis. Et un certain temps tu as besoin de crier, de marquer fortement ton camp et de le dire aux autres. Et puis à un moment donné vient l’envie de comprendre. Tu n’as plus envie de casser les couilles aux gens. Tu as aussi envie de comprendre les fondements même de ton ennemi.  C’est pour ça que j’éprouve de l’intérêt à lire un bouquin de Charles Maurras, parce que je l’analyse selon l’Histoire. Je ne le regarde pas comme une arme de propagande ou de destruction mais comme une pièce historique. Alors qu’avant je t’aurais dit de le brûler ce bouquin. Il y a des choses qui sont engagées et ça va continuer, simplement le discours va s’épurer, il va devenir plus précis, plus puissant. C’est ce qu’on aimerait.

Tu viens de citer Ärsenik, du coup quelles sont tes références, tes inspirations ?

Lino surtout. L’entité Ärsenik est surpuissante. Mais Lino pour le discours, la technique et les prises de position. Pour moi Ärsenik c’est l’avant garde insurrectionnelle de Villiers-le-Bel.  Les dynamiteurs du 6eme chaudron. Voilà des gens qui ont choisi leur camp, qui ne vont pas faire que se plaindre de l’état des choses, mais qui vont revendiquer avec fierté le fait de faire la guerre à untel ou untel.

Avec le morceau « L’Ile », on sent bien l’amour que vous avez pour la Guadeloupe… Quel est votre rapport vis à vis de la France hexagonale, en tant qu’Antillais ?

Il réfléchit. Toute façon c’est le destin, la France on ne l’a pas choisie, c’est sur notre carte. On ne va pas s’en plaindre, c’est déjà bien, avec une histoire riche, pleine de controverses et de choses dures aussi. Français oui, mais simplement, nous on a notre poésie de la France. Tu ne nous entendras jamais revendiquer l’assimilation, c’est limite le contraire. Il y a quelque chose qu’on croit fortement, c’est le projet républicain et celui là on va lui donner du contenu et on va faire en sorte que ce ne soit plus juste un nom. Donc on va essayer de réapprendre le langage oublié, on aime bien parlé dans ces termes et essayer de réveiller ces choses qui dorment, et qui feront du bien à la jeunesse, que l’école ne nous apprend pas. C’est quelque chose qu’on revendique : liberté, égalité et fraternité. Mais il faut que ce soit total, il n’y a plus de temps à perdre. Français à ce niveau-là. Républicain.

On va revenir sur la Mégafaune. Il y a pas mal de membres et pourtant sur votre projet il n’y a aucun featuring. Pourquoi ?

Au final il y avait des projets de featurings, avec le Triple B par exemple. Par manque de temps, d’organisation et de volonté, ça ne s’est pas fait. Il devait aussi y avoir des featurings avec des amis d’enfance et ça ne s’est pas fait non plus malheureusement. Du coup on s’est dits qu’on allait faire quelque chose où c’est nous et juste nous.

On t’a découvert avec le morceau Le Rêve D’Alexandre sur le projet de Smok, « Seuls Ensemble ». Un morceau chargé d’histoire, de références. Comment tu as écrit ce morceau ? Alexandre le Grand, c’est un personnage que tu admires, qui t’inspire ?

Non je ne l’admire pas mais il me fascine par contre. C’était un despote faut pas se mentir, il est arrivé au pouvoir à 20 ans, mort à 30 après avoir rallié sous ses bannières la moitié du monde connu. C’est fascinant mais c’est une histoire tragique et cruelle pour les peuples qui se sont faits marcher dessus. Je n’en sais pas beaucoup sur les faits historiques, mais mon grand-père était fasciné par Alexandre le Grand, et il m’avait offert un bouquin qui traitait de son aventure. Et puis j’ai lu un livre qui est un peu bidon, de Françoise Chandernagor, intitulé Les Enfants d’Alexandrie. Ça se passe à l’époque de Marc Antoine et Cléopâtre… L’époque où Alexandrie se disputait l’hégémonie culturelle, politique et économique avec Rome. Et c’est Rome qui a gagné et c’est ça qui est fascinant, ça en dit long sur nos mœurs et sur notre héritage en occident. Si Alexandrie l’avait emporté en -30 avant JC, ça n’aurait pas été pareil. Le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

On pourrait considérer ce morceau comme du rap historique.

C’est un crédo qu’on défend avec Basileus. On devait faire un projet en commun mais ça rame. Lui il a ses études d’Histoire, mais c’est quelque chose qui nous plait et qui nous transcende. On la sent en mouvement, on considère qu’elle ne s’est pas arrêtée au moment de notre naissance et qu’elle ne va pas reprendre à notre mort. On revendique l’Histoire, que ce ne soit plus quelque chose d’ennuyeux comme un catalogue rempli de date, du par cœur pour l’école, ça c’est de la merde. Les gens veulent des histoires, des écrits, des récits. Ce serait cool que ça ne concerne pas que les vainqueurs…

L’envie que vous avez c’est de repartir, c’est si important que ça ?

On n’est pas pressés, mais on a comme ambition d’y retourner, de faire vœu d’endurance. C’est à dire de rester là-bas et de construire. Le temps viendra…

Les instrumentales de l’album sont plutôt « à l’ancienne », dans la pure tradition boom-bap et parfaitement à contre-courant des nouvelles mouvances. Quel est ton point de vue sur ces nouvelles sonorités ?

Je n’ai pas trop d’avis à donner. On ne pratique pas en fait. On reconnait que c’est intéressant. Mais nous ça ne nous intéresse pas plus. En tout cas ce que je rejette avec puissance, c’est l’industrie de la musique qui s’est renouvelée et qui perdure à travers le monopole de certaines radios, et pour ces gens on n’a que du mépris.

Comment tu perçois cet appauvrissement ?

Je ne sais pas si c’est un appauvrissement. Je crois qu’il y a un problème qui est de nature sociologique. Il y a des jeunesses issues d’un même ensemble, d’un même territoire et qui ne comprennent pas, qui ne se parlent pas, souvent ne s’aiment pas parce qu’il n’apprécient pas les même choses. C’est surtout ça qui fait mal. Après c’est plutôt le discours dominant qui me dérange… Je sais pas trop quoi dire, j’ai plus envie de comprendre que de rejeter avec force. Mais c’est pas le rap que j’écoute.

Est ce que tu as un registre de rap préféré ?

(Il prend une pause) C’est super dur d’avoir une préférence, de comprendre la machine de l’inspiration. C’est une science, je ne comprends pas encore tout ça. On ne peut pas théoriser l’inspiration. Ce serait un mélange de plein de trucs, j’aime bien les images frappantes et les choses qui vont chercher des émotions. Quand moi ça me remue je sais que je suis dans la bonne formule… Le frisson, voila quoi.

Il y a toujours une nuance, c’est rarement acté que tel ou tel morceau soit à 100% politique ou 100% storytelling. Regarde Lino sur une ligne c’est de l’égotrip, la ligne d’après c’est engagé. En tout cas je dirais que la revendication me fait envie. Mais pour servir la revendication il faut aussi passer par des moyens d’expressions plus nuancés.

Comment tu vois ton processus d’écriture ?

L’écriture c’est une drogue. Je me sens mal quand je n’écris pas tous les jours. J’ai l’impression de manquer de temps. Mais c’est quelque chose de désociabilisant.  Tu t’isoles pour écrire, tu vois moins de monde, tu vas moins prendre soin de toi. Moi je vais beaucoup fumer et je ne peux plus fumer sans faire de rap et inversement. C’est destructeur mais en même temps c’est une zone de confort dans la zone de confort. C’est quelque chose dans laquelle je me retrouve et le temps peut passer à vitesse grand V quand je suis en train d’écrire. Pour s’inspirer j’ai pas la réponse, ni la solution. J’essaye de passer par des grandes doxas : je bouge, je sors, je rencontre des gens, je m’instruis, je lis. T’es foutu si tu souhaites écrire et que tu ne lis pas.

Tu considères l’écriture comme un échappatoire ?

Carrément, un refuge. L’écriture c’est mon refuge. Et le freestyle c’est un exutoire. C’est un mélange d’instinct, de retenue, d’application. C’est une recette difficile, et quand ça marche tu rentres chez toi et sur la route qui rentre chez toi, tu es refait. Je te le dis parce qu’il y a quelques soirs on a fait une soirée chez Zulu et Basileus et c’était une bête de soirée. Une soirée ou tu rappes d’instinct, naturellement, avec force, énergie et fraternité. J’ai eu l’impression d’avoir tout craché, mais en même temps tout craché pour mieux me remplir. Donc oui le freestyle comme source d’énergie, comme exutoire. L’écriture peut le faire aussi, si tu as réussi ta mission, si tu as trouvé ton ambiance, que tu es content de ton 16.

Question sadique à présent : toutes tes productions du projet sont signées Vax1 ou Smok. Tu as une préférence ?

Il y a aussi une prod’ de Max Palmer. Les ambiances de Smok c’est un peu le rap de Toulouse. Ça pourrait aller à Furax genre. Mais Vax1 sait faire aussi ce genre de chose. Vax1 c’est un peu plus smoothie, mais il peut vraiment faire des trucs à l’ancienne. Smok, une de ses armes c’est son cousin Equis qui est un mélomane, au sens propre du terme, celui de la musique classique. Smok il nous envoie des cargaisons d’instrumentales, à tous les membres de la Mégafaune. Je n’ai pas de préférence. Je ne me ferais pas avoir j’ai beaucoup regardé Ruquier tu sais, je sais quand il ne faut pas répondre à un journaliste ! (rires)

Tu fréquentes d’autres mecs de Lyon, des rappeurs ?

J’aimerais bien voir un peu plus Robse (à découvrir en interview ici). On avait un projet potentiel, on a enregistré un son. J’aimerais beaucoup parce que je trouve que c’est le meilleur MC de Lyon. Super authentique, entier, son rap n’est pas différent de la personne qu’ il est.

Et l’Animalerie ?

Il y a des gars très très lourd. Anton Serra attention… C’est des anciens. Respect aux anciens !

Dans plusieurs morceaux de l’album, des samples assez atypiques sont utilisés en intro ou outro. Qui a fait ces choix, les beatmakers ou vous ?

Souvent Vax1 et Smok insèrent des intros /outros, des vocaux avec des petits clins d’œil. Mais en l’occurrence presque tout ce que tu as entendu c’est de notre propre chef. Après un solo de Tervol on a mis un extrait de musique traditionnelle des petites Antilles (un morceau de Jomimi qui s’appelle « Papa ou paté la« ).  Il y a aussi un sample d’Aimé Césaire dans le morceau « L’Indépendance ». C’est le Césaire en mode homme de terrain politique qui en 1960 met en garde les indépendantistes martiniquais contre un soulèvement qui ne rallierait pas toutes les composantes de l’île…On le retrouve dans le morceau « Le Cœur y est » avec un poème pour son ami Sédar Sanghor. C’est magnifique c’est quelque chose qui évoque plein de choses, l’amitié qu’ils avaient, et les projets qu’ils ont conçus à l’époque ou ils étaient étudiants. Des projets qu’ils ont réussi à concrétiser plus tard, par force de conviction, de volonté et d’acharnement.

Et pour finir, à la fin du morceau « L’Insurrection » il y a du Henri Guillemin. Un historien en vogue qui connait un succès post mortem. Il est mort en 1992 et c’est maintenant qu’on le découvre.

Des futurs projets ?

J’ai envie de faire plein de trucs. Un autre projet avec Tervol. Essayer de rallier nos vieux potes et de les intéresser. En Guadeloupe tout le monde sait freestyler, sait improviser… Tous nos potes pourraient kiffer. En plus, L’Exode est censé être une entité sans limite plus qu’un groupe que deux personnes… Sinon j’ai envie de faire deux projets solos, je te dis ce que j’ai envie hein, pas ce que je prépare ! (rires) Une mixtape avec plein de couplets sur des instrumentales inédites mixé par un DJ et un EP que j’aimerai appelé Rhizome. Et faire un truc avec Basileus ce serait fou aussi. Par contre un truc réel, je prépare un EP en commun avec Vax1.

L’album éponyme de L’Exode est disponible en téléchargement gratuit ici.

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