Chronique – Esprit Collectif : « En son, âme et conscience »

Un clip efficace, un discours positif et une application qui saute aux yeux nous ont donné l’envie de tendre l’oreille sur le premier album d’Esprit Collectif. Originaires d’Avignon, le trio avait auparavant fait ses premières armes sur une mixtape en 2010 La bande annonce puis le maxi solo de Rodm en 2012 Les vrais vers tuent. 2015, c’est donc l’heure pour En son, âme et conscience, titre jeu-de-mot symbolique dans lequel les trois MCs immortalisent leur rap et leur vision de la discipline. Ecoute attentive.

Il va de soi qu’après avoir visionné un clip, puis en se penchant sur la belle pochette réalisée une fois n’est pas coutume par le très efficace Wild Sketch, on s’attend plus à un projet rigoureux, bien écrit et assez sobre qu’à un album déluré, dansant et aux sonorités futuristes. C’est logiquement par « le Son » que l’on glisse dans l’univers des Sudistes, un hommage à la zik, en particulier au rap à qui l’Esprit Co semble vouer une reconnaissance éternelle. Salvateur, accompagnateur, le rap va bien et fait du bien. On peut même dire que le « R.A.P » véhicule un message d’espoir, en témoignent les rimes encourageantes sur la troisième piste « On se noie dans la marre, c’est pourtant pas bien profond, c’est peut-être que la plupart confondent être et avoir, on remet nos rêves à plus tard, et puis au fond, on se laisse croire que l’avenir sera porteur d’espoir. »

L’Esprit Co construit son album sur des valeurs et des principes : fidélité, loyauté, éducation, partage (« 1h20 à 3, c’est trop peu à partager ») et avec un amour indéfectible pour le hip-hop dans sa globalité. Les thèmes sont liés assez logiquement, les textes bien ficelés. Les verbes sortent en toute décontraction, qu’il faille vider son sac « Avec ou sans toi » ou le remplir de souvenirs impérissables « J’oublierai pas ». La recette des sudistes fonctionne d’ailleurs particulièrement bien sur la prod d’Art Aknid et grâce aux scratchs d’Hotkut, avec ce clin d’œil à Fabe et à la Scred Co…nnexion.

Appliqués certes, leur rap apparaitra aux oreilles de certains auditeurs comme trop « scolaires  » car leur flows ne se démarquent pas assez les uns des autres, et que certaines rimes sont du déjà-entendu, voire un peu capillotractées « si rose des fois/cirrhose du foie ». Sous ce reproche de manque de folie, se cache peut-être le sentiment qu’un album de 19 titres est un format un peu lourd en 2015, où les rappeurs privilégient les EP ou les albums courts.

Rodm, Bub et Than se succèdent sur des prods mélancoliques, exprimant tour à tour nostalgie « Chemins parcourus », méfiance « Trop d’vautours » ou reconnaissance envers leur public « Avec nous ». L’ossature musicale profite, elle, d’une sélection de valeurs sûres (Mani Deiz, Art Aknid, Char, Metronom, Clem Beat’z, Nizi, I.N.C.H…) pour gagner en harmonie ce qu’elle ne propose pas en prise de risque. On notera un nom jusqu’ici méconnu, Terak, qui signe quatre instrus du projet, dont « L’âme », étendard du groupe qui y dévoile sa passion et les efforts fournis pour l’honorer. La présence de l’impeccable Sëar Lui-Même et la fougue de King Jesk, MC de Los Angeles, apportent pourtant un vent de fraicheur à un album bien travaillé, bien écrit, bien produit, mais trop rigoureux. Nul doute que l’on apprécie le concept et le rendu global, qu’aucune chanson ne réalise de « sortie de piste » mais on espère déjà entendre un prochain projet, peut-être un peu plus libéré de la pression d’un premier album, un peu plus énergique… et ce même si « quand (ils) partent en couilles, (ils ont) les voix des anciens qui (leur) reviennent » !

Disponible en physique depuis le 27.04.2015 ici

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2 commentaires

  • merci pour cette découverte. Suis adepte de ce genre de rap ça tombe bien ! j’aime l’esprit qui s’en dégage et vont rejoindre dans ma rapothéque les groupes que j’aime également tels que Kartel Tolosa ou Randori & RPZ

Commentaires

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