JP Manova, l’interview « featurings »

17 ans se sont écoulés entre la première apparition de JP Manova sur les Liaisons Dangereuses et la sortie de son premier album, pour une quinzaine d’apparitions discographiques remarquées, parfois en solo, le plus souvent en (très) bonne compagnie. C’est donc au travers de 8 featurings que nous sommes revenus avec lui sur son parcours, ainsi que sur la conception de son album 19h07 sorti début avril.

Ärsenik feat. J.P. – Dans ma ruche (Liaisons Dangereuses, 1998)

Il y a eu beaucoup de versions de ce morceau, avec différents rappeurs qui étaient déjà beaucoup plus connus que moi à l’époque, puisque je ne l’étais pas du tout. Je ne sais pas ce qui fait que le choix se soit arrêté sur ce que j’ai fait. C’est assez vague pour moi : je cherchais mon style, je ne voulais pas faire un truc comme les autres, c’est peut-être ce qui avait retenu l’attention. Comme on peut l’entendre, j’avais un style très différent des deux autres MC’s.

Tu veux dire qu’il y avait déjà Calbo et Lino sur ce morceau, et que beaucoup de rappeurs ont été pressentis pour poser avec eux ?

Il y a même eu d’autres mecs pressentis avant Calbo et Lino. Je ne veux pas les citer parce qu’ils n’ont pas été retenus, mais il y a eu plein de versions de ce titre, et finalement on a choisi de mettre un inconnu entre les étoiles montantes du moment. C’était les gros débuts d’Ärsenik.

Tu rappais depuis combien de temps à ce moment-là ?

Je m’essayais tranquillement, j’écrivais surtout. Je n’avais pas beaucoup d’expérience de studio. Je freestylais avec des potes, je n’avais pas de management ni de démarche commerciale. Je n’avais pas de structure derrière moi, j’étais vraiment en dilettante. J’arrivais au studio les mains dans les poches, seul ou avec les mecs du quartier.

Comment te retrouves-tu sur le projet de Doc Gynéco ?

Le quartier. Le quartier d’à côté plutôt, puisque moi j’étais à Barbès et lui à Porte de la Chapelle. On avait des potes en commun. Le mot circulait assez vite à l’époque, il n’y avait pas de réseaux sociaux, mais il y avait la rue. C’était ça le réseau. Ça freestylait, avec Gynéco on s’est retrouvé deux ou trois fois chez lui ou ailleurs en open mic, ce que je faisais a dû retenir son attention, et voilà.

C’était la première fois que tu posais pour un disque ?

Non c’était pour « Janis ».

La transition est parfaite, on peut passer au morceau suivant.

Janis (Liaisons Dangereuses, 1998)

Je garde un très bon souvenir d’MC Jean Gab’1.

C’est aussi sa première apparition discographique.

On a fait nos débuts derrière le mic en même temps. C’était une de mes premières fois en studio, dans celui des Rita Mitsuko donc je trouvais ça encore plus rigolo. J’aimais bien. J’avais déjà un positionnement différent. C’était une époque où les mecs qui faisaient du rap n’avaient pas écouté que du rap. Aujourd’hui il y a beaucoup de jeunes qui se mettent dans le rap, et pour qui la seule musique qu’ils ont bombardée plus jeune est le rap. Ils n’ont pas tous pris le temps de se faire une grande culture. A mon époque, on pouvait avoir écouté Balavoine, les Rita Mitsuko… D’autres choses quoi. C’était carrément sympa de rencontrer Catherine Ringer, d’aller chez elle pour poser. C’était un peu un lieu de détente, pour une première fois c’était cool.

En parlant de background musical… Ton flow a une musicalité particulière…

C’est ce que je recherchais, je voulais que ce soit à la fois musical et impactant, efficace. Quand je réécoute ça, ça me fait sourire et je vois bien que je recherchais quelque chose… Je ne l’aurais jamais fait comme ça aujourd’hui. C’est mignon, c’est naïf, ça me rappelle ma jeunesse.

Sur ces deux premières apparitions on a l’impression que tu maitrises ton sujet, alors que beaucoup de MC’s ont souvent honte de leurs premiers couplets…

Je n’ai jamais réellement douté de mes compétences en termes d’écriture, c’était plus au niveau de la forme. Si j’avais dû faire un projet à cette époque-là ça n’aurait pas été sur ce type de son, mais je ne le savais pas encore, je l’ai compris plus tard. J’avais amorcé une recherche, mais là je m’adaptais aux sons qu’on me proposait. Il fallait que je fasse mon propre truc, je n’avais pas d’ambition de carrière, mais j’avais celle de trouver ma formule. Je suis un jusqu’au boutiste.

Ekoué & JP Mapaula – Est-ce (Hall School, 2003)

C’était à l’époque où Sheryo venait de finir son fameux clash contre Sadik Asken, il l’avait d’ailleurs littéralement froissé. C’est mon pote Moub qui a fait cette compilation. C’est encore un truc sur lequel j’étais en recherche, je commençais à me trouver mais ce n’était pas encore ça. Je suis un diesel moi.

Sur le net on peut retrouver plusieurs combinaisons avec Ekoué, que ce soit en freestyle ou sur disque.

Ekoué c’est un frère. On s’est capté très tôt, avant les années 2000, il venait de faire son premier volet ou était en train de le faire, je ne sais plus. Le courant est tout de suite passé : il y avait des valeurs,  des cicatrices, un humour en commun. C’est une amitié durable, pas basée uniquement sur le rap. C’est parce qu’on a des valeurs en commun qu’on rappe ensemble, même si on sait très bien qu’on ne fait pas la même chose.

Tu pourrais être amené à reposer avec lui ?

Oui !

Fredy K feat. JP Mapaula – Polar (Souffrances anonymes) (L’onction, 2004)

Ce morceau n’aurait jamais dû sortir. Fredy, habitait près de chez moi, on se voyait souvent à une période. On partageait des trucs en dehors de la musique ou du rap. C’est Yves, un pote à moi, qui le manageait. On m’a proposé ce morceau-là, j’ai écrit ce couplet de manière assez instinctive, mais je devais partir en voyage. Et comme je partais longtemps et qu’ils avaient besoin que je fasse un essai, ils sont venus me chercher en me disant que c’était juste pour la maquette, juste avant que je parte. Finalement ils ont gardé la maquette et l’ont sortie.

J’ai de très bons souvenirs de Fredy en tant que personne, ça m’a fait un choc quand il est parti, paix à son âme. J’ai un bon souvenir de ce morceau et de l’état d’ébriété dans lequel on s’est mis pour l’écrire, et de la grosse déprime dans laquelle on était. Mais en même temps, au niveau professionnel, je n’étais pas très content du résultat. C’est un morceau que je ne réécouterai pas. J’aime bien la sensibilité du texte, mais aujourd’hui je ne le ferais pas comme ça. C’est un thème que je pourrais aborder, mais je ne referais pas le refrain de cette façon, j’aurais trouvé un truc entre les deux.

Jean Gab’1, Doc Gynéco, Fredy K… Et si on regarde les collaborations qui suivent, ce sont pour beaucoup des connexions avec des Parisiens provenant du 18ème, du 20ème… As-tu un attachement particulier à ce rap-là, ou s’agissait-il simplement de ton entourage ?

C’est là où j’habitais. Je ne me suis jamais revendiqué d’une école, ou estampillé « 18 ». J’aurais pu le faire plus que certains puisque je suis du 18ème. Je respecte mes potes de la Scred qui ont repris le flambeau et qui sont aujourd’hui les dépositaires de la marque « 18ème », avant eux il y avait Fabe. Après dans le 18ème il y a une culture de la plume et de la littérature urbaine qu’on ne trouve pas forcément ailleurs. On n’est pas en banlieue, mais on est à ses portes. On n’est pas dans le centre de Paris mais à ses portes. On est un quartier ouvrier, universitaire avec Clignancourt, dans lequel il y a les prolos, les immigrés, le Sacré Cœur que le monde entier vient voir… Ça donne plein d’influences de partout, et forcément une prose beaucoup plus riche qu’un peu plus loin en banlieue dortoir.

https://www.youtube.com/watch?v=0xxmm4WDbLk

Flynt feat. Ekoué, JP Mapaula, Aki & Mokless – 1 pour la plume (Version Equipe) (J’éclaire ma ville, 2007) 

Avec Explicit 18 et J’éclaire ma ville, Flynt est un des seuls mecs à m’avoir appelé pour venir partager un micro avec lui pendant toutes ces années durant lesquelles j’ai fait autre chose. C’est un très bon souvenir, on s’est tous retrouvés en studio, on a tous posés le même jour quasiment. Ça a donné une grosse rigolade, c’était un peu les premières fois où j’expérimentais des choses au niveau du flow et de la forme, choses dans lesquelles je me reconnais toujours et qui me définissent encore aujourd‘hui.

A cette époque-là tu t’appelais encore JP Mapaula, aujourd’hui c’est JP Manova. Qu’est-ce qui a provoqué ce changement de nom ?

Mapaula c’est mon nom de famille. Quand j’ai commencé à voir que le nom circulait je me suis appelé Manova. Au départ j’avais les deux pieds dans le boulot, il n’y avait pas le web et ni les réseaux sociaux. Tu ne tapais pas un nom de famille sur Google pour t’informer. Et c’est avec internet que des gens de ma famille m’ont dit : « Dis donc, tu ne nous avais pas dit… » (rires). Je me suis dit que si je voulais faire quelque chose qui ressemble à une carrière, mener une aventure dans ce genre-là, je n’allais pas impliquer mes frères et sœurs ou leurs enfants  là-dedans. Je voulais le faire sous ma propre identité, et avant ça je devais m’en créer une. Tu connais le rap, il y a des rageux à chaque coin de rue ou même tout simplement des gens qui donnent leur avis sur ta personne. Il suffit qu’un mec dise « Ouais Mapaula c’est nul », le gamin de cinq ans qui s’appelle Mapaula et qui entend ça, il pourrait le prendre pour lui et m’en vouloir après.

C’est une façon de te protéger…

Me protéger et protéger un nom qui ne m’appartient pas, et qui est aussi celui de toute une communauté de personnes en Guadeloupe et en France. Et puis c’est aussi pour agir sous ma propre identité. Il me fallait donc quelque chose qui ressemble à Mapaula, et qui en même temps me ressemble. Manova c’est à la base le nom d’un calcul… Un calcul de variances statistiques, de probabilités complexes, une analyse d’évènements variables. Je trouvais ça pas mal… (sourire)

https://www.youtube.com/watch?v=lfDRxHrG93k

JP Mapaula & Enigmatik – Bouche à oreille (Appelle-moi MC, 2009)

Les petites sœurs… C’est  mon pote Oswald qui est avec DJ Blaiz à la base d’Appelle-moi MC, de la rencontre entre Omar, Nodey, Blaiz… Sa structure a permis beaucoup de rencontre. Blaiz est resté pas mal de temps en tant qu’ingé son dans les locaux du label U.G.O.P.. Oswald qui a monté ce label est un ami d’enfance de Barbès. Les soeurettes d’Enigmatik ont d’ailleurs sorti un disque avant beaucoup de monde, elles rappaient déjà à 13 ans. J’avais déjà fait un morceau il y a longtemps avec elles, juste un refrain. Oswald m’a proposé pour cette compil de faire un titre avec Faty et Salima. Il s’avère que vu que je ne m’exportais pas et que je ne sortais rien, les gens qui m’invitaient et qui pensaient à moi étaient des gens qui avaient une proximité avec moi. C’était normal que je travaille avec eux. Aucun mec en dehors de Paris ne pouvait me connaître à part ce que j’avais avec Flynt ou sur les Liaisons Dangereuses. Et puis je n’avais pas de Facebook… Je commençais à voir des blogs, les gens demandaient « Mais c’est qui lui ?  Où est-ce qu’on le trouve ? »

D’ailleurs avant JP Mapaula puis JP Manova c’était J.P. tout court. Ça n’a pas dû aider autant de blazes différents…

C’est sûr. Même encore aujourd’hui il y a des gens qui me demandent : « C’était pas toi Mapaula aussi ? ». Les gens font eux-mêmes le puzzle. J’ai profité que peu de gens me connaissent sous le nom de Mapaula pour changer de blaze.

Pour revenir au morceau, « Bouche à oreille » reste un bon souvenir. On l’a joué dernièrement, pour la release party d’Appelle-moi MC 2, on l’a défendu fièrement, c’était très bien. D’ailleurs elles bossent toujours avec Oswald.

Deen Burbigo & JP Manova – Fonte des glaces (Appelle-moi MC Vol.2, 2015)

Blaiz m’appelle pour Appelle-moi MC 2 (je ne peux rien lui refuser, c’est comme un petit frère), il me dit : « Le but de cette compil c’est de faire des combinaisons et il y a quelqu’un qui aimerait faire un morceau avec toi, c’est Deen Burbigo. » Je connaissais Deen de nom, je me suis un peu penché sur ce qu’il faisait et j’ai bien aimé. Je lui ai donc dit qu’il n’y avait pas de problème et ils sont venus chez moi, on a discuté, le courant est bien passé. Le mec rappe très bien, j’aimais bien son positionnement, son côté un peu électron libre.

On sent aussi que c’est un fin connaisseur du rap français.

C’est ce que je me suis dit. Venir me chercher moi alors qu’il pourrait rapper avec des mecs beaucoup plus connus, montre qu’il est dans une démarche intéressante.

D’ailleurs quand on regarde le reste de tes collaborations, celle-ci est plus surprenante, moins évidente.

Pour moi c’était aussi l’occasion de m’essayer à d’autres styles de rap que les flows habituels. Et comme je savais que c’était un technicien, ça ne me déplaisait pas.

On reconnaît ta patte pour l’instru. En le réécoutant je me suis dit que le morceau aurait pu avoir sa place sur ton album 19h07. D’ailleurs c’est un EP ou un album au final ?

On m’a convaincu que c’était un album, vu le travail que j’ai fourni pour ces 10 morceaux qui ne sont pas 15 morceaux dont 5 featurings. Ce sont 10 morceaux, un featuring, sachant que j’ai fait toutes les prods, les textes, les mixs.

Dans son interview pour l’Abcdr du Son, lors de la sortie du morceau « Longueur d’onde », Deen disait que tu avais beaucoup de morceaux en stock jamais sortis. Pourquoi sur ne sortir que 10 morceaux pour 19h07 ?

Je n’aime pas le côté indigeste de certains albums, et j’aime bien l’idée qu’on puisse écouter un album du début à la fin. Il faut être raisonnable, sans se foutre de la gueule des gens : amener de la matière, et créer l’envie d’en entendre plus plutôt que de saouler en en mettant trop.

JP Manova feat. Rocé – La spirale (19h07, 2015)

Si mes comptes sont bons, c’est la troisième combinaison officielle entre Rocé et toi.

On avait enregistré pas mal de morceaux ensemble à l’époque du studio « Salam Aleykoum ». On avait fait quelques trucs. D’ailleurs à la base, « La spirale » avait été écrit pour Identité en crescendo, et je crois que je n’ai même pas retouché le premier couplet. J’ai juste un peu réécrit le troisième. C’était important pour moi que Rocé soit sur 19h07 parce que c’était cohérent. Je ne voulais pas faire trop de featurings vu que je n’étais connu que pour ça, mais c’est quelqu’un qui m’a vu faire des morceaux quasiment depuis le départ. Je l’ai vu construire sa discographie, il est venu me chercher pour me mettre sur son album avec « Actuel », il m’a permis d’aller faire des scènes avec lui, il m’a fait mixer son album Gunz’N Rocé. Il m’a remis dans le bain un peu.

J’ai remarqué une continuité dans les sonorités entre Gunz’N Rocé et 19h07…

Sur certains trucs ouais, tu as l’oreille. J’ai donné tout ce que j’avais dans le mix sur Gunz’N Rocé  et j’ai encore progressé pour 19h07. Donc c’est possible que tu reconnaisses des formes similaires vu que c’est le même architecte.

JP Manova – Longueur d’onde (19h07, 2015)

Le dernier morceau n’est pas un featuring, mais je l’ai rajouté à cause des quelques têtes prestigieuses venues donner de la force sur le clip.

Tu penses à MC Solaar ?

Tu as quand même réussi à le faire sortir de sa tanière pour la release party de ton album… D’où vient cette amitié ?

Ça remonte à très longtemps… Ce n’est pas une amitié de courtoisie, mais une amitié de longue date. Et c’est quelqu’un qui m’a beaucoup influencé par son état d’esprit, qui m’a beaucoup conseillé aussi. Peut-être que je n’aurais pas eu la même démarche ni fait le même album si je ne le connaissais pas.

Tu le connais depuis avant le rap ?

Avant le rap faut peut-être pas déconner parce que je ne suis pas si vieux que ça !… Mais depuis le milieu des années 90 oui, sa grande époque.

Tu as annoncé ton album avec « Longueur d’onde », pourquoi ce choix ?

J’avais envie d’envoyer un signal, d’envoyer un morceau solo pour dire que je ne suis pas qu’une machine à featuring. Corrado (qui anime l’émission Built to last sur Campus Toulouse) m’a proposé l’idée de faire un morceau de présentation pour sa mixtape qui m’était consacrée, en mode « cover ». Et comme je voulais sortir un EP, et que j’avais cinq ou six morceaux de côté, je me suis dit que j’allais développer le morceau. Chez moi il y a un studio, Blue Kaz Studio, et j’ai vu défiler pas mal de monde. Je ne suis pas du genre à prendre des photos, mais si je l’avais fait à chaque fois j’aurais une belle collection.  Donc je me suis dit que si des rappeurs qui avaient déjà le pied à l’étrier voulaient me donner de la force, c’était le moment avec « Longueur d’onde ». J’ai décroché mon téléphone et personne ne m’a dit non.

Il y a un morceau sur 19h07 qui dénote un peu…

(Il coupe) « Skinhead aux cheveux longs ».

Exact. C’est un sujet qui a été abordé à plusieurs reprises dans le rap français, notamment avec la chasse aux skins dans Paris, les bandes, etc. Leur reconversion donne un angle d’attaque différent.

Il y avait plein de skins, et du jour au lendemain on nous a fait croire qu’ils avaient disparu. En même temps on a entendu parler de montée du racisme, de plafond de verre, d’apartheid social, de droite décomplexée… C’est bien qu’ils sont passés quelque part. Avant on pouvait les identifier à leurs cheveux rasés, il leur a juste suffit de se les laisser pousser. C’est une façon de parler du maquillage social, c’est une métaphore.

Après tout est dans le morceau. C’est un titre sur la reconversion étatique organisée, , et sur l’hypocrisie ambiante. Il répond très bien aux thématiques qu’il y a dans l’album : sur « Is everything right » il y a un peu de ça, dans « Sankara » aussi, même dans « Libre ». Du coup pour moi ce n’est pas un OVNI ce titre, vu que les thématiques se répondent entre elles.

L’album est sorti il y a un mois et demi, quels sont les retours ?

J’ai tendance à dire qu’une fois que c’est sorti, ça ne m’appartient plus. Je peux juste regarder de loin. Chacun en pense ce qu’il veut en bien comme en mal. Après ça me génère du « tour », les gens ont envie de le voir sur scène. J’ai des retours très positifs, c’est encourageant et nouveau pour moi. Le fait d’être avec toi à Toulouse, de faire une interview, je n’avais jamais connu ça jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Ma plus grande satisfaction n’est pas seulement dans les retours positifs, mais aussi de voir que les gens sont réellement contents du travail, et qu’ils se rendent compte de ce travail. Ils perçoivent que c’est de l’artisanat, et qu’il y a une valeur ajoutée au simple plaisir d’écouter des morceaux. Il y a une réflexion, des gens ont découvert le personnage de Sankara à travers le morceau, pareil pour l’histoire des skins. Certains voyagent à travers « La barbe de Morgan Freeman », d’autres sont réellement touchés par « Libre » et m’envoient des messages d’encouragement, me disent leur ressenti. Partager ça avec eux c’est juste le but de la musique. De la musique dans un disque dur ça ne sert à rien.

Tu disais être un diesel tout à l’heure. C’est vrai que même si tu fais du rap depuis de nombreuses années on ne peut pas parler de retour…

C’est juste que j’avais choisi mon heure d’arrivée.

Maintenant que tu as bien démarré, qu’est-ce qui se profile derrière ?

Une réédition de l’album à la rentrée avec cinq titres supplémentaires et un autre packaging. J’ai envie d’envoyer d’autres morceaux tant que je n’ai pas tout dit. Je suis juste au début là.

Des scènes arrivent ?

Le Batofar à Paris le 16 juin avec Le Bon Son ! (rires) Montréal les 18 et 19 Juin, et le Pan Piper pour la première fois avec un liveband le 10 juillet.

Tu vas gérer une petite tournée ?

Oui, on va aller jusqu’à Montréal. Je me dis qu’il y a encore six ou sept mois j’étais loin de m’imaginer qui l’attendrait, et qui ça pourrait bien intéresser… De savoir qu’un mois et demi après la sortie ce que j’ai fait va me payer un billet d’avion à ma DJette et moi pour aller le défendre sur scène à Montréal… Tu peux imaginer comment je me sens. (rires) Là je suis avec mon pote (Rocé, ndlr) à Toulouse, on va défendre nos morceaux ensemble, je ne viens pas juste pour faire « Actuel »… Pour moi c’est le but de tout ça : sortir des choses pour les partager, et je remercie vivement Rocé de m’avoir impliqué comme ça dans son album, ça m’a permis de tâter le pouls du public dans des villes où je n’étais jamais allé, de voir que des gens me connaissaient à travers ce que j’avais pu faire, attendaient quelque chose… J’avais des choses de prêtes et j’avais envie de les présenter, parce que le but ultime de la musique c’est de la partager, pas de la garder pour soi. Je n’y vois  aucun sens.

JP-Manova-19h07

19h07 : disponible depuis le 7 avril.

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