Artcore State Of Mind – l’interview « La Bande Annonce »

Artcore State Of Mind. Si le nom peut sembler familier aux habitués du Bon Son, c’est qu’il a déjà été question du crew Mulhousien dans nos colonnes à plusieurs reprises. On pense notamment au projet de DF Le temps d’une cigarette, ainsi qu’au morceau qu’ils ont livré pour notre mixtape DU BON SON #1, ou même plus récemment à leur clip déjanté de « Buffalo Bifle », titre extrait de leur album La Bande Annonce. Niack, Narf8, Cerk, AD et DF reviennent sur leur parcours et la conception de ce nouvel opus, dont la sortie est programmée pour le 20 mars prochain.

Pouvez-vous nous retracer le parcours du groupe et vos débuts ? Comment en êtes-vous venus à rapper ensemble ?

Narf8 : Alors bien entendu, on vendait tous du crack ensemble, et puis à la chute de nos cartels respectifs, on a décidé de monter notre propre réseau.

DF : En gros on avait des potes en commun et on a fait des open mics chez eux, tout est parti de là.

Cerk : Perso soit j’me lançais dans le gangstérisme, soit j’me mettais au hip-hop.

A l’écoute de vos morceaux, il paraît évident vous n’avez pas commencé le rap récemment. Qu’est-ce qui explique que votre premier album ne sorte que maintenant ?

DF : La zonzon frère… (signes de gangs)

Narf : Nan sérieusement, on a simplement voulu faire quelque chose de qualitatif, et c’est le cheminement global qui a fait qu’on a commencé par faire des concerts, on s’est vraiment formé autour de la scène, à la base on est trois rappeurs solos qui connaissent un DJ.

AD : Puis on a fini par se dire qu’il était temps de faire un projet sérieux.

Cerk : On a sorti aussi un projet par an depuis 2011.

Narf : Ouais, c’est pas comme si on avait chômé, Cerk a sorti une mixtape, une beat tape, un album avec DF, un autre avec AD qui a sorti aussi deux autres EP’s. On a aussi sorti un 10 titres en 2013, et on a bien fait une bonne cinquantaine de concerts, plusieurs, tremplins, on était inouïs du printemps de bourges.

Pouvez-vous nous parler du choix du titre de l’album, La Bande Annonce ?

DF : En gros faut que j’t’explique, Narf a souvent des idées de merde, qui représentent environ 90% de ce qu’il dit, ensuite il y a 9% ou ça parle de bifles, de sport et de rap, et il y a 1% où il est pas trop débile, et il te lâche une idée : « La bande annonce »… Jeu de mot parce qu’on est une bande, et qu’on annonce. Enfin bref voilà c’est pas difficile à comprendre, puis on s’est dit qu’au niveau visuel ça pouvait être cool vu qu’on a beaucoup de références cinématographiques dans nos textes…

On pourrait penser qu’avec un titre comme ça, c’est plutôt un projet censé en annoncer un autre…

AD : Ça présente le groupe et bien sûr, ça annonce une suite.

Niack : Ça annonce aussi la création du label Minerve Records

A l’écoute de l’album, on note un place importante laissée aux scratchs… Comment travaillez-vous ça avec DJ Cerk ? 

Cerk : Bah en fait je fais mes scratchs comme ils font leurs textes. Au feeling quoi.

Narf8 : Quand on l’entend scratcher sur certaine prods parfois ça nous paraît comme une évidence…

AD : Et le Djing est une discipline que le groupe a envie de mettre en avant.

DF : Et aussi parfois ça nous fait chier d’écrire un refrain alors on menace Cerk pour qu’il scratche.

Cerk en tiens-tu compte quand tu tapes une nouvelle prod ?

Cerk : Non pas du tout, je peux scratcher sur n’importe quoi, donc sur n’importe lesquelles de mes prods, ça n’a aucune influence sur le beatmaking.

Les phases scratchées sont souvent issus d’albums de la fin des nineties ou du début des années 2000, certaines prods ont aussi une couleur qui va dans ce sens. C’est une époque qui vous a marqué ?

AD : Ouais forcément on a commencé à rapper dans les années 90, début des années 2000.

DF : Et on s’est forgé une oreille dans ces années-là donc on est surement un peu plus réceptif à cette période-là j’pense.

Narf8 : Marqué ? Le mot est faible !

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Il y a d’autres types de sonorités également, plus actuelles…

DF : Oui on n’a pas envie de se cantonner à un beat et un sample, Cerk est grave éclectique comme gars et quand t’as un mec comme ça qui va chercher ses influences un peu partout ça serait un crime de le brider.

Narf8 : Pour moi la musique c’est bien plus qu’une histoire de style ou d’influence. Tu ressens, tu vis la musique, j’enlève toutes les étiquettes et me laisse simplement porter par n’importe quelle mélodie… Et je peux apprécier n’importe quel type de son que Cerk cuisine.

AD : Et plus généralement, la carte du groupe c’est l’éclectisme. On écoute tous beaucoup de choses différentes.

Au niveau de l’écriture, comment procédez-vous ? Vous vous mettez d’accord sur un thème ou un concept et partez écrire chacun chez vous, ou bien vous écrivez ensemble en studio ?

DF : Un peu de tout ça, ça dépend. En général Cerk propose une prod, on propose chacun des thèmes qu’on a envie de traiter par rapport à ce qu’on ressent sur le son, et puis chacun émet son avis, et on finit par tomber d’accord sur un truc et on s’y met… C’est assez aléatoire comme procédé.

AD : Ecrire ensemble est important pour l’émulsion du groupe, mais on n’en fait pas une obligation.

Avez-vous prévu de le presser ?

DF : C’est déjà fait ma p’tite gueugueule, disponible sur l’onglet shop du site artcorestateofmind.com à partir du 20 mars, et disponible à nos concerts aussi au merchandising. Mais ce sera surtout disponible gratuitement en téléchargement, on filera le lien à tout le monde que ça se propage un maximum.

On sent aussi que vous laissez une grande place à l’humour dans vos textes, que ce soit de la moquerie ou de l’autodérision… Est-ce important pour vous de ne pas vous prendre au sérieux ?

Narf8 : Je ne dirais pas qu’on ne se prend pas au sérieux car notre démarche l’est vraiment. On rappe depuis l’enfance et on est vitalement amoureux de ce foutu hip-hop, et partager ça avec les gens est l’une des plus belles choses qu’on puisse faire. On essaye juste de rester nous-même, parfois sérieux, parfois drôles mais très souvent même nos sons « drôles », cachent un discours précis, pas si léger que ça… Pour finir, la scène représente beaucoup pour nous et on n’a pas envie de faire des shows ou on plombe l’ambiance, faut kiffer.

DF : Et en même temps on est trois blancs de Mulhouse et un Vénézuélien qui ressemblait à Billy Crawford dans sa jeunesse, on ne va pas commencer à s’prendre pour des reusta…

DF, Le temps d’une cigarette a bien tourné, as-tu senti que ça avait apporté un peu de lumière au groupe ?

DF : Pas tant que ça, peut être un peu mais il y a encore beaucoup de gens qui n’associent pas Le temps d’une cigarette à Artcore State Of Mind… Même si le projet à bien tourné, à l’époque on s’en branlait un peu du coup au niveau « promotion » on a fait le strict minimum, c’est à dire que dalle. On n’a même pas mis les sons sur notre propre chaîne Youtube, on ne s’attendait pas du tout à ce que ça marche autant.

Parlez-nous de la scène rap à Mulhouse…

AD : A Mulhouse il y a énormément de groupes, mais surtout des styles très différents. Les D-Bangerz par exemple ont commencé à rapper à la même époque que nous mais leur sonorités ne sont pas les mêmes. Il y a un véritable vivier mais c’est toujours difficile pour une petite ville de province de faire parler d’elle.

DF : Mais dans tous les cas, il y a un gros vivier de talent dans la région, il manque juste un peu d’organisation et d’exposition.

Avez-vous des scènes de programmées pour défendre le projet ?

DF : Grâce à Niack (notre manager) et plusieurs programmateurs à qui on fait un gros check de coude… On fait le 19 mars à l’Olympic Café à Paris, le 20 mars à Mulhouse au Noumatrouff avec Vald, le 30 mars à Strasbourg avec The Beatnuts, Jeru et Vald encore, et la Maroquinerie en première partie de ce dernier le 15 avril. D’autres dates vont sans doute tomber, d’ailleurs invitez-nous à Toulouse aussi ! Paraît qu’vous êtes surchauds là-bas !

C’est quoi la suite discographique ?

DF : Pour moi un album solo sur lequel j’ai déjà pas mal de textes, avec Rakma des Kids Of Crackling, et bien entendu, DJ Cerk ! Puis par la suite on verra mais certainement un autre album avec les gars !

AD : Moi j’en peux plus de ce groupe je me barre à NYC pour bosser avec Premier (j’ai fait un crédit sur 25 ans).

Narf8 : La suite de l’aventure Artcore State Of Mind et un album solo.

Cerk : Moi y a moyen que j’sorte à nouveau une p’tite beat tape dans les prochains temps mais pour le moment rien de concrètement prévu.

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Retrouvez Artcore State Of Mind en première partie de Vald à la Maroquinerie (Paris) le 15 avril prochain.

La Bande Annonce : sortie le 20 mars sur artcorestatofmind.com

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