Dès le début des années 1980, le graffiti arrive à Paris en provenance de New-York. Des artistes comme Bando, Colt, ou le londonien Mode2 commencent à affûter leur style le long des quais de la Seine. Plus de 30 ans plus tard, il est toujours ancré comme un pilier fondamental de la culture hip-hop. Les « tags », « flops », « 3D » et autres « whole train » ont recouvert les murs et supports roulants des villes de France. Durant toutes ces années, le graff a pris sa place dans la rue de manière sauvage, rendant cette discipline bien souvent incomprise et marginalisée. De nombreux rappeurs de l’hexagone ont revendiqué appartenir à ce mouvement et exprimé leur passion par le biais de leurs chansons. Petit tour d’horizon de certains morceaux ayant pour thématique le graffiti et ses codes.
NTM – Paris sous les bombes (Paris sous les bombes, 1995)
1987. Les crews parisiens des DRC et des TCG décident d’unir leurs forces. De cette alliance, naîtra le célèbre posse »NTM ». Axé principalement sur le tag vandale, plusieurs de ses composants comme Squat, Shen et Joe s’essaient également au rap. En 1995, deux d’entre eux sortent leur troisième album, Paris sous les bombes, sous le nom de Suprême NTM. Véritable classique du rap français, le titre éponyme et provocateur marquera toute une génération de par son ambiance sombre. Les voix chuchotantes de Joey Starr et Kool Shen y évoquent les débuts fulgurants du tag sur Paris. L’arrivée de cette tendance fût impactante pour les non-initiés qui virent les murs de la ville s’imprégner de signatures difficiles à déchiffrer. « C’était l’épopée du graffiti qui imposait son règne, Paris était recouvert avant qu’on ne comprenne ».
Rocca – Graffiti (Elevación, 2001)
Figure de proue du groupe La Cliqua, le franco-colombien Rocca sort son deuxième album Elevación en 2001. Le track « Graffiti » demeure selon moi un des meilleurs du projet. Sur une production envoûtante et céleste, « El original » exprime avec amertume et fougue son désir de se faire une place au sein de la société. Il émet un parallélisme évident entre le mépris dont est victime le graffiti, art brut et incompris, et la difficulté qu’il rencontre à exister et se faire valoir. Il n’hésite d’ailleurs pas à utiliser la personnification pour faire passer cette idée avec force : « C’est fou, à peine je me relève qu’un autre par derrière me raye. Comme un graffiti, on me repeint par dessus aussi. » Une chose est sûre, grâce à ses albums solos mais aussi à sa carrière en groupe (La Cliqua et Tres Coronas), Rocca a laissé une trace indélébile dans l’univers du rap, tant en France qu’en Amérique Latine.
C.sen – Graffiti Culture (Heure de pointe, 2012)
C.sen, MC emblématique du 18ème arrondissement a sorti le EP Heure de pointe entre ses deux albums Le tunnel et Correspondances. Ce projet de 4 titres regorge de très bons sons, avec une mention spéciale pour « Graffiti culture ». Dans ce morceau, des phases courtes sur une instrumentale « dark » d’Oliver Dax et Toxic Avenger, nous transporte dans l’ univers de « l’anti-héros ». Ce track évoque de virées nocturnes, de sessions dans les entrepôts et des descentes dans les entrailles du métro parisien. Cet artiste aux multiples facettes, pas assez reconnu à notre goût, affirme dans cette chanson « avoir le rap pour les aveugles et pour les sourds le graffiti ». On notera d’ailleurs que le clip réalisé par Moniseur Tok, est rappé en langage des signes par le comédien malentendant Laurent Valo.
Hugo TSR – Dégradation (Fenêtre sur rue, 2012)
Dès le titre, le ton est donné. Le membre du TSR crew nous propose une ode au writing, au graffiti vandale. L’intro du morceau est extraite de l’excellent documentaire Writers, 20 ans de graffiti à Paris de Marc Aurèle Vecchione, sans aucun doute le plus complet sur le sujet à ce jour. Le flow caractéristique d’Hugo, rapide, maitrisé et axé sur les rimes multi-syllabiques, nous plonge dans les péripéties de ses sessions. Il narre également la perpétuelle traque du personnel de sécurité du métro envers les writers, entrainant d’inévitables « cavalcades dans un vacarme ». On notera aussi la référence au commissaire Etienne, membre de la brigade anti-tag à la cellule de Paris, organisme redouté par les graffeurs d’Ile-de-France. L’outro de « Dégradation » provient elle aussi du documentaire Writers. C’ est une déclaration de Distur, tagueur du crew VEP. Il y explique avoir pratiqué cet art risqué de manière sérieuse et méticuleuse, puisant sa motivation uniquement dans le plaisir. Cette devise hédoniste semble être également approuvée par Hugo.
Soklak – Adrénaline (1977, 2006)
Rappeur et graffeur installé à Montreuil, Soklak (132 et MCZ) a sorti le projet 1977 il y a maintenant 9 ans. Un des titres le plus en vue de cet album demeure « Adrénaline ». Cette substance jouant un rôle d’hormone, sécrétée souvent en réponse à un état de stress, semble être le principal leitmotiv d’ « El Gato » (« le chat ») qui l’encourage à pratiquer le graffiti. L’artiste a choisi cet alias pour s’opposer à la mode des chiens dans le rap. Tout comme les chats de gouttières, il aime à rappeler qu’il est indépendant de caractère et que le graffiti lui permet de s’affirmer de la sorte: « Egoïste sur l’adrénaline, je préfère me shooter en solo ». Il souligne également dans ce son que l’origine du graffiti est extrêmement lointaine, puisque « technique datant de l’ère préhistorique ». On peut ici y voir un paradoxe intéressant: les peintures rupestres sont considérées comme de précieuses œuvres de l’histoire de l’art, alors que la pratique moderne de cette discipline est illicite et marginalisée. Le marginal est d’ailleurs le titre du futur Ep de Soklak, prévu pour bientôt. A suivre de près.
Anton Serra – Zaïro (Frandjos, 2013)
Le « sale gone » Anton Serra a souhaité rendre hommage au graffeur Zaïro dans ce titre extrait de l’album Frandjos sorti en 2013. De son vrai nom Karim Dib, celui-ci a été assassiné d’un coup de couteau sur les bords du Rhône en novembre 2011. C’était un activiste reconnu dans le milieu graffiti de la ville des Lumières. Sur une production aux sonorités électroniques et dynamique de Bonetrips, le lyonnais débite son texte avec la fougue et le grain de folie qui le caractérise. Pour le clip, certains membres des crew locaux SOK et JAB se sont chargés d’un live painting riche en couleurs et en coulures. Pour les amateurs du genre, nous vous conseillons le bouquin intitulé « 69 ML-Lyon et ses environs. 1990-2000 », qui offre une rétrospective d’exception, comptant pas moins de 1500 photos d’archives. Plusieurs pièces d’un certain « Anto » y apparaissent d’ailleurs à plusieurs reprises…
Profecy – 400ML (Le cri des briques, 2003)
400 ML, comme la contenance d’une bombe de peinture. Issu de l’album Le cri des briques paru en 2003 en collaboration avec Dj Duke, ce son reste un classique pour les amateurs de rap et de graffiti. Profecy a recouvert les villes par ses flops sauvages sous le blaze de Pro. Il est membre de l’un des plus gros crews de l’histoire du graff français, les GT (Grim Team) qui compte en ses rangs des artistes comme Chaze, Oeno, ou Creez (à l’origine de la création de la marque Wrung), mais aussi des Ultra Boyz (UB) et Return To Zero (RTZ). Côté rap, sa première scène remonte à 1992. Il participa à un concert avec le collectif « L’Union », qui deviendra plus tard la Mafia K’1 Fry. Après sa rencontre avec Squat, il prit part à plusieurs tournées du groupe Assassin. En termes de graffiti, ses pièces en couleurs sont clairement influencées par l’univers spatial et le monde des comics Marvel. En 2014, il publia le livre Cosmonometry , édité par Wasted Talent, qui demeure un condensé complet de son œuvre picturale.
Fatcap – Adrénaline (Hostile Hip Hop 2, 1998)
Le nom de ce groupe est directement lié au graffiti. En effet, il désigne le diffuseur permettant de réaliser de gros traits à l’aide de la bombe de peinture. Par essence, cet accessoire est donc très apprécié par les artistes amateurs de tags vandales. Ne-si Buntlack, Guesspo et Ferk Daxxx ont monté le groupe parisien Fatcap dans le milieu des années 1990. Le titre « Adrénaline » provient de la compilation Hostile Hip-Hop Volume2, sortie sous le label Hostile Records. Après le succès en 1996 du volume 1 qui compte la présence des X-men, Lunatic ou encore Arsenik, le volume 2 naîtra deux ans plus tard. Le beat d’ « Adrénaline » de Fatcap est le fruit de la collaboration entre Dj Spank et Joey Starr. Le refrain « Comme des oufs, la bombe à portée de mains » rappelle d’ailleurs ce qui deviendra quelques temps plus tard un hit de Fatcap : le featuring avec le membre des NTM et Jaeyez intitulé « Comme des fous », présent sur le projet B.O.S.S 2.
Rockin’Squat feat Kaer & Profecy – Graffiti Music (Illegal Mixtape Volume 1, 2002)
Membre des CTK (Crime Time Kingz) aux côtés entre autres d’artistes comme Bando, Sign, ou des néerlandais Shoe ou Delta, Squat a fait partie de la mouvance graffiti dans le milieu des années 1980 sur Paris. Ils furent, selon ses dires, les premiers à s’être accaparés les clés du réseau souterrain de la capitale, ce qui leur permit de sévir sur les lignes du métro. Sur ce track issu de la compilation Illegal Mixtape Volume 1 (Assassin Productions), Rockin’Squat a invité le MC / graffeur liégeois Kaer du groupe Starflam et Profécy. Le passage: « On forme une société secrète, fanas des lettres, on se connecte sur inteRail, sur internet » est un clin d’oeil à tous les activistes graffiti ayant pour spécialité la peinture sur trains. L’offre InteRail permet en effet aux usagers de parcourir l’Europe dans plus d’une trentaine de pays. Avec l’explosion des magazines traitant spécifiquement de graff, de nombreux crews se sont spécialisés sur ce type de voyage afin de se faire connaitre outre frontière. Pour les amateurs, plusieurs artistes australiens ont sorti un DVD intitulé « Interrail », illustrant leurs panels et aventures pendant leur voyage sur le « Vieux Continent ». A découvrir.
Grems feat Mr Ogz – Pilotage automatique (Battements, 2012)
Rappeur, graffeur, et graphiste de talent, ce personnage haut en couleurs était indispensable à cette sélection. Grems a évoqué à plusieurs reprises la culture graffiti à travers ses textes. On pense par exemple au titre Graff grave (2001) qu’il interprète aux côtés du Jouage, MC de Vitry avec qui il forme le groupe Hustla. Membre du crew bordelais « TT », collectif reconnu pour ses peintures colorées et avant-gardistes, ainsi que du collectif TER issu du Pays-Basque, il a participé à l’un des meilleurs projets francophones de 2014 : Battements du beatmaker Mr.Ogz, avec le titre « Pilotage automatique ». Sur un sample de flûte traversière du morceau No flowers on Venus de l’australien Sven Libaek, Grems nous livre en tout juste deux minutes un morceau plein de fraicheur, accompagné d’un clip tourné au cours d’une après-midi peinture en pleine nature. Une des phases de ce morceau nous a particulièrement marqué: « Attentat en couleur, mes petites recettes, mon vinaigre balsamique, mon bagage street, ma voix, mon java script ». Elle est une parfaite illustration de l’originalité de cet artiste hors-pair. Originalité qui tend à manquer de plus en plus dans l’univers actuel du rap français.
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Sopik Balthazar « autobiograffiti »
https://www.youtube.com/watch?v=0XwL9XcN6bI
http://youtu.be/08mkcl6hhu0
Rager :1.9.9.0
il y a aussi octobre rouge « vas y colle » son dedié a la promo de leur album par des stickers.
Ambiance graffiti (pas street art)
Vous pouvez rajouter VMDeluxX avec Transcuttin’ https://www.youtube.com/watch?v=La6XkLJpc9U&list=PLFDB549A90C1012D1
NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE NOPE
c’est quoi ce rap de wesh !? fermez vos yeux et tendez vos oreilles !! ces voix c’est exactement le même truc… ça gâche le son ! J’appelle pas ça du rap j’appelle ça de la merde industrielle. enfin bref j’suis plus porté sur le beats making que le lyrics ( rza, al’tarba, tsutchie, nujabe, et j’en passe… )
ps: je ne parle pas de NTM bien évidement, comparé aux autres c’est la classe internationale.
Si pour toi Rocca, Grems et Soklak c’est les mêmes voix, et que tu considères ça comme de l’industriel, tu t’es effectivement trompé d’endroit.
Petit rectif pour le titre « dégradation » de l’album TSR crew l’intro du morceau n’est pas basé sur le reportage « Writers 20 ans de graffiti à Paris », mais sur la voix de Carole rousseau dans enquête exclusive reportage sur le graffiti avec notamment l’apparition de Hermes et de Sier dans ce reportage.
La fin du morceau est belle et bien basé sur Writers.
Graffiti culture.
Salut à toi,
L’intro de « Dégradation » est bien issue du documentaire Writers. C’est la voix de Christine Ockrent, ancienne présentatrice du JT.
Tu peux regarder sur ce lien, à 7mn06s. https://www.youtube.com/watch?v=2WoJY82_MeU
De plus, le reportage que tu mentionnes provient de Canal Plus. Il est très intéressant également et se nomme « Tag, la guerre souterraine » (https://www.youtube.com/watch?v=EkyOdS7wIDM).
En espérant que tu ais apprécié l’article.
Big up
Slt, merci pour le rectif 😉 confusion de ma part dans les reportages… désolé.
Il me semblait pourtant avoir deja vu un reportage et avoir entendu ou Carole Rousseau reprenait les mêmes mots que Ockrent…
Pas de problème. Tu dois avoir mélangé avec ce reportage de France 2 https://www.youtube.com/watch?v=gSnSKRwjjJg. Bonne journée.
Quoi y a pas…..Rost/Bio’Graff’Vie,
Salut,
Cette sélection ne prétend en aucun cas être un « top 10 » mais une petite sélection non-exhaustive. Le son de Rost est très bon et aurait effectivement pu en faire partie.
Bonne soirée à toi
Il y a aussi l’artiste peintre kouka qui fait aussi des morceaux sur son art comme mon atelier (clip réalisé au metropolitan museum de ny ) ou encore le geste a la parole https://m.youtube.com/watch?v=zT1fOxGxVEk#
https://m.youtube.com/watch?v=w9P7LFWEAqY#
Il y a aussi manu militari le rappeur québécois
Lokalize spéciale Graffiti en 2001, avec interviews et freestyles de Dabaaz, Nex, Azrock, VMDeluxX, Profecy et Soklak : http://ripripripmesk7.blogspot.fr/2016/04/auto-promo-sur-les-tro-mes.html
Salut! Merci à toi pour ce lien qui semble regorger de pépites. On va s’écouter ça avec attention. Bonne continuation.
mtm marave tes murs
http://www.dailymotion.com/video/x86nny_mtm-marave-t-murs_creation
Aerosoul
https://www.youtube.com/watch?v=DnRF3vxFlQA
IL EsT EncoRe TempS !!!!!! ****VMDeluxX
http://www.dailymotion.com/video/x5uaqp_il-est-encore-temps-vmdeluxx_music
earler & otage
« Le chrome paie »
https://www.youtube.com/watch?v=0wB-UVQgzEg
« graffiti »
https://www.youtube.com/watch?v=lJAQ6_k201U
Merci pour tous ces liens, mais j’ai une question : Qui a souvenir, d’une mixtape du nom de Sur Les Murs produite par Chez Oam Productions ? Elle était en vente à All City à l’époque en (2000), je l’avais et je ne l’ai plus, j’avais bien aimé c’était une sélection de rappeurs francophones et US ayant pour lien le graffiti…