Guizmo – l’interview « Dans ma ruche » // (Showcase à La Marquise)

Et si on faisait un petit retour à l’année dernière un 28 décembre 2014… Le Bon Son est allé à la rencontre de Guizmo, l’occasion de découvrir son nouvel album en live et de lui poser quelques questions quant à la sortie de son nouveau projet tant attendu : Dans Ma Ruche.

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Tout d’abord, merci de m’accorder un peu de ton temps. Le début de ta tournée se passe bien ?

Ça s’passe méga bien ! Je suis en mode street tournée, showcase, petites dates. J’ai le droit à une petite semaine de vacances et après on renchaîne.

Il y a 10 ans en arrière, imaginais-tu que ta carrière évoluerait dans cette direction ?

Non, mais je savais que j’allais être une star. (rires, ndlr)

C’est une certitude ?

Non, pas une star. Mais je savais que j’allais faire un truc hors du commun, et quand je dis hors du commun je ne parle pas d’un truc extraordinaire. Je savais que je n’allais pas bosser de 9h à 17h, pour un taf qui ne me plaise pas.

Quel constat peux-tu faire de ton évolution musicale par rapport à tes trois premiers albums ?

Je ne sais pas, je pense que je suis toujours resté fidèle à moi-même. Je n’ai pas fait une seule concession et il n’y a pas un seul tube dans l’album.

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On a le sentiment dans ce projet de retrouver  le Guizmo de l’époque « Normal », enfin surtout certains morceaux qui ont plu au public de tes premières heures, je pense à « André », « Dans dix ans », « La vie est un thème »… C’est quelque chose de voulu ?

Non c’est naturel, je rappe ce que je vis. Je suis rentré dans ma cité, là où j’avais écris « Normal » tu vois ce que je veux dire, je n’étais plus sur Paris… Donc forcément il y avait un air de « Normal ».  

Tu détournes « Demain c’est loin » à « Demain c’est mort », tu considères que le constat est pire qu’en 1997 ?

Non il est pareil, c’est juste qu’on a plus accès à la merde autour de nous. C’est plus facile de partir en couille.

Le morceau qui étonne le plus sur ton projet est « L’homme qui à peur » en feat avec Amadou et Mariam, tu peux nous expliquer comment s’est faite cette collaboration et la direction du morceau ?

J’en avais marre de faire du rap, j’avais déjà fait plus de 80 enregistrements pour l’album quand j’ai fait « L’homme qui a peur ». Je suis arrivé en studio, j’ai bossé avec des supers musiciens sur l’album : un batteur, un guitariste, un clavieriste et un bassiste. Ils m’ont fait une belle instru, de mon coté j’ai écrit le morceau en demi-heure, je l’ai posé direct. Comme je travaille en collaboration avec Because Music on s’est dit que ce serait intéressant de proposer à Amadou et Mariam de venir poser sur le morceau, ils ont directement accepté. On a passé un bon moment en studio et voilà.

Qu’est ce que tu as voulu raconter à travers ce morceau ?

« L’homme qui a peur » c’est un proverbe ivoirien à la base, mais comme on a d’étroites relations entre les ouest-africain et les ivoiriens c’est un truc que l’on dit aussi chez nous au Sénégal. En gros ça veut dire qu’il ne faut pas se laisser dépasser par son imagination, tu vois ? C’est l’homme qui à peur sinon il y a « foye » ! Il y a « foye » ça veut dire il y a rien. A partir du moment où tu n’as pas peur et que tu affrontes le truc comme il vient, c’est bon tranquille.

Toi quand tu affrontes une nouvelle scène, une sortie d’album, tu as peur du retour du public par exemple ?

Non, je n’ai peur que de Dieu.

Dans ton album, au niveau du choix de certaines prods on sent quand même que tu ne te laisses pas influencer que par le rap..

Oui j’écoute de tout, de la funk, soul, jazz, trap, dancehall, rock… Regarde, il y a un morceau ou j’ai samplé « It is a man’s world » de James Brown, je n’ai pas de limite et ce depuis le début. J’ai par exemple samplé Michael Jackson dans « J’aime la nuit », je suis passionné de musique en général.

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Tu es chez Y&W depuis quatre ans, qu’est ce qu’ils ont changé dans ta façon d’aborder la musique ?

Ils m’ont fait comprendre que ça pouvait être un travail. J’etais SDF, je vendais de la coke et je m’en battais les couilles. J’écrivais des 16 mesures que je connaissais même pas par cœur, défoncé au J&B à 8h du matin. Ils m’ont ramené une stabilité, m’ont donné l’opportunité de faire de ma musique mon gagne-pain, que je pouvais faire quelque chose de bien là-dedans. Ils m’ont plus ou moins sorti de la rue aussi.

En dehors de ton défi de produire un album tous les six mois, qu’est ce qui explique réellement une telle productivité ?

J’avais rien à faire, je ne vendais plus de drogue, et j’avais un studio à disposition. Je me suis dit je vais faire ça.

Personnellement j’ai l’impression que toute la dimension « Marketing-communication » de tes projets est tournée vers un jeune public (chansons « karoké » sur Youtube, concours pour gagner des bobs…). Je trouve que l’emballage est différent du contenu.

Moi je vise tous le monde, quand je fais un concours de bobs par exemple, ça se trouve il y a un mec de quarante piges qui à gagné un bob parce qu’il a kiffé sur le morceau « Demain c’est mort » et qu’il s’est prêté au jeu tu vois ce que je veux dire ? Je ne fais pas de différences dans mon public, hier j’ai fait un concert qui était interdit aux mineurs on a fait sold out quand même.

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Ton univers, ton rap baigne dans l’alcool, la dépression, la haine, les meufs dont on ne tombe pas amoureux, la trahison… Quand tu seras heureux, tu arrêteras le rap ?

C’est possible.

Ton inspiration tu la tires vraiment de la noirceur ?

A partir du moment où je passe un bon moment je n’ai pas d’inspiration donc oui, quand je serai vraiment heureux et libéré de mes vrais démons j’arrêterai de faire ça.

Le rap n’a qu’une seule fonction pour toi, c’est celle d’exutoire ?

Oui c’est le canapé du psy !

Et le syndrôme de la feuille blanche, tu connais ?

Jamais, je suis H24 bourré, et quand je suis saoul je ne suis jamais en manque d’inspiration.

Tout le temps tu es sous l’effet de l’alcool quand tu écris ?

Alcool et canabis, toujours ! Je n’aime pas ce que j’écris quand je suis à jeun, je trouve que ça manque un peu de « chien ».

Musicalement il y a-t-il des choses complètement différentes que tu voudrais tester ?

Je ne teste pas, je fais ce qui me passe par la tête quand ça vient et si c’est bien on garde. Je continuerai sur ma lancée et on verra ce qui va sortir de ma petite tête. En fait je préfère parler de feeling plutôt que de test. J’ai une idée et je fais, c’est plus dans la pulsion.

Ce « tester où laisser venir le feeling » c’est aussi se mettre à l’épreuve, d’un point de vue artistique ?

Je me mets à l’épreuve tous les jours. Chaque réveil est une épreuve, je veux être le meilleur pour réussir il faut savoir tout affronter.

Quels sont les jeunes rappeurs que tu soutiens ?

Yeuk qui est vraiment pas connu, qui est un artiste du 14ème arrondissement de Paris, il fait parti d’un groupe qui s’appelle La Mannschaft. Je soutiens aussi Igor L.D.T qui est un ami d’enfance à moi, il est en train de tout niquer en ce moment. Douma Kalash qui est un frérot et qui est aussi en train de tout baiser. Il y a Taï-Z évidemment, il a rejoint l’équipe Y&W, je vous invite à aller tchecker ça. Cayene, Certifié Parisien. Tous ces jeunes-là qui sont chauds en ce moment pour moi.

Y aura-t-il un feat Guizmo / Cayene ?

Possible, c’est ma petite sœur donc c’est envisageable.

Et pour finir cette interview quand tu te lèves le matin quelle est la première musique que tu écoutes ?

C’est un son, comme je fume de la beuh dès le matin. Le premier son que j’écoute c’est le crépitement de la weed dans mon joint.

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Crédit Photos : Ex-Nihilo

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