Ritzo – L’interview « Point Zéro »

C’est dans le froid mois de novembre Grenoblois, à l’occasion de Solid’art, concert organisé par Lyric38 et R2P Music au profit des SDF que nous avons rencontré Ritzo, premier d’une belle liste à monter sur scène. L’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur un album prévu pour mars et qui devrait en surprendre plus d’un.

Alors tout d’abord Ritzo, comment ça va ?

Ça va très bien comme tu peux le voir, on sort d’un petit concert en solidarité avec les SDF, organisé par Lyric38 et Nast R2P, on a fait le boulot et quand on sait qu’on a aidé des gens on est forcément content.

Est-ce que tu pourrais te présenter toi-même d’abord, puis ton collectif Pur East ?

Moi c’est Ritzo, je fais partie du collectif Pur East dans lequel tu retrouves DJ Masta, La Milis qui regroupe Hematome et Lyo Favelas, y’a aussi mon fréro S2E qui était sur scène avec moi, y’a Polo qui rappe pas mais qui coordonne un peu le tout. On peut pas parler de management mais c’est un peu le même esprit. Y’a aussi Mesh qui est à la photographie et c’est aussi un graffeur. Voilà c’est toutes les personnes qui forment le collectif.

Parle-nous de ton parcours, qu’est-ce qui t’a amené à prendre le micro ?

Personnellement j’ai commencé à rapper en 95 quand j’étais ti-peu. Qu’est-ce qui m’y a amené ? Bah moi j’pense que le rap c’est un exutoire. Dans la vie y’a des gens qui arrivent bien à parler normalement, à échanger. Moi j’suis pas quelqu’un qui dit beaucoup de choses, je préfère l’écrire, en faire des rimes. Si tu regardes mes thèmes sont souvent personnels. Et je pense que c’est ça qui m’a amené à prendre le rap comme un exutoire, une thérapie.

Tu vas sortir ton premier album…

Ouais premier album qui va sortir en physique et digital, qui s’appelle « Point Zéro » qui devrait sortir cet hiver, je peux pas donner de date parce qu’avec mon accident j’ai quand même pris pas mal de retard. C’est mon premier album, t’as déjà pu entendre Frost et Pronostic vital, y’aura quelques surprises je vais pas donner trop de noms, mais y’aura des surprises.

On retrouvera qui aux prods ?

Tu retrouveras pas mal de mes fréros des Kids of crackling. Donc Mani Deïz, Cristo, Nizi en majorité. Y’aura aussi Char du Gouffre, mon fréro S2E et Sotiz. Donc t’auras un bon panel de beatmakers qui prennent bien la direction du froid.

Justement, d’où te vient cette inspiration du froid ?

Disons que chacun a son vécu et chacun a sa façon de traiter son vécu. Si tu veux, pour moi comme pour d’autres, ça fait quelques années que la vie est pas facile. Donc « Point Zéro » c’est une sorte de renouveau. C’est-à-dire que j’suis allé tout au fond, j’ai même creusé le sol. Le concept de « Point Zéro » c’est que j’pars du néant et que je peux qu’évoluer puisqu’on peut pas aller en-dessous.

T’as une écriture très spontanée, très sincère. Comment tu procèdes pour écrire ?

J’travaille vraiment au coup d’coeur. Si une prod me parle je gratte dessus direct. J’suis pas du genre à prendre une prod et à la laisser dormir pendant des mois. La prod elle arrive et elle me parle, et j’écris dessus. Y’a pas de préparation. Après c’est vrai que dans mon répertoire tu vas trouver pas mal de prods sombres, mais j’travaille vraiment au coup d’coeur. J’regarde pas non plus le beatmaker, même si c’est vrai que j’ai des beatmakers de talent qui sont des potos avant tout. Mais voilà j’ai aussi une prod de mon pote Joel, celle de « En cours de rémission » que t’as pu entendre ce soir [NDR : en effet, très bon d’ailleurs] et c’est un mec un peu comme moi, dans l’ombre, et tout ça c’est pour dire que j’y vais vraiment au coup de coeur. Ou ça glisse sur la page, ou ça glisse pas.

Comment tu définirais ton rap ?

Quand les gens viennent me parler, ils me disent que j’ai un rap conscient. Donc apparemment j’ai un rap conscient et moi ça me va. Moi j’saurais pas définir mon rap, c’est de la musique. Personnellement ça me fait du bien et quand j’ai des retours qui me disent « ça me touche » ou si y’a des gens qui se reconnaissent dans mes textes bah ça m’fait plaisir. Et être reconnu comme rappeur conscient ça m’va.

Tu es de Besançon, est-ce qu’il y a une véritable scène hip-hop là-bas ?

Bah moi j’suis arrivé là-bas en 2006, mais avant j’habitais à Belfort donc je montais assez souvent. Mais y’a toujours eu une scène hip-hop. Y’a quand même eu Junky Fillaz de Two One Click, y’avait des mecs qui étaient dans Boogootop, y’a eu aussi Paparazzi qu’a été sur Première Classe vol. 2, nan y’a eu un esprit hip-hop, même avant que j’y habite. Y’a quand même la Radio Campus qui nous aide bien avec le fréro DJ Bounce, y’a eu Radio Sud à l’époque aussi. Y’a toujours eu une scène hip-hop à Besançon mais on est pas forcément dans une grande ville donc on fait souvent des petits concerts entre nous. Mais à partir du moment où on fait du hip-hop on peut aller n’importe où et c’est pas une question de ville.

Comment en es-tu venu à collaborer avec des mecs d’ailleurs comme Taf ou Babali Show ?

À la base j’ai de la famille sur Paris et j’monte souvent. D’ailleurs passe un gros big up à Dino et Ursa Major. Et quand j’monte à Paris j’vais souvent à St-Denis, à Basilique et on vend nos CD. C’est ça ma conception du hip-hop. On tape des freestyles, on vend des CD pour moi c’est ça, et aussi les événements comme on fait ce soir pour aider les SDF. Le hip-hop c’est pas que monter sur scène. Et c’est ça aussi qui a fait ces connections. Quand on fait du hip-hop tout le monde se comprend. On fait que d’la musique, on est avant tout une famille quand ça fait un ou deux ans qu’on traîne ensemble. C’est des gens que j’appéciais dans le hip-hop de par leur façon de faire de la musique mais aussi de par leur façon de penser. Donc toutes les connections que j’ai faites ou qui sont en cours, c’est des gens que j’apprécie dans leur manière de faire du hip-hop et de le laisser en vie surtout, parce que de nos jours c’est difficile.

Ritzo ça vient d’où comme blaze ?

Alors en fait c’est un blaze que j’ai depuis que j’ai 7 ans. Ça vient du Muppet Show. Et dans le Muppet Show y’avait un rat cameraman qui avait un Teddy qui s’appelait Rizzo. Et moi quand j’étais petit j’faisais des trucs de petit enculé j’avais un Teddy avec une casquette à l’envers (rires). Alors les grands ils ont commencé à m’appeler Ritzo et c’est resté, par contre j’ai changé l’orthographe parce que dans le Muppet Show c’est avec deux Z et moi c’est avec un T. Donc voilà truc de fou mais mon blaze ça vient de là.

Merci pour cet entretien, un mot de la fin peut-être ?

Bah ça fait bien plaisir d’être là, pour la bonne cause en plus. J’te place un big up aussi parce que je regarde souvent Le Bon Son, y’a toujours des bons trucs. Et voilà un big up à toute mon équipe de Pur East et aussi à Lyric38 à Nast R2P et ça fait super plaisir on a été super bien accueillis par les gens de Grenoble, HDC, tonton Jeff et aussi tous les artistes présents ce soir. Parce que même si c’est peu ce qu’on fait, vaut mieux faire peu que rien faire.

Point Zéro - Le Bon Son - RitzoPoint Zéro : bientôt dans les bacs.

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager avec les petites icônes ci-dessous, et à rejoindre la page facebook ou le compte twitter du Bon Son.

Partagez:

Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.