Alph Lauren – Chillance 2.0

Chillance, n.f. : Qui provoque une sensation de bien-être ou d’évasion musicale. [source : Quality Beat]

Alpha Wann, aka Le Don,  Alpha « Wayne », Philly Phaal, Philly Flingue ou désormais Douple P Majuscule, sort son premier EP, Alph Lauren. Un EP attendu de pied ferme, le membre du 95 Klan s’étant fait plus rare que ses compères dans ses apparitions en dehors du groupe. Apparitions remarquées cependant, notamment dans ses quelques escapades solos qui auront servi à préparer le terrain, des deux « Hommes de l’ombre » à son maxi vinyle « Mon job ». Les couplets posés dans les projets des copains ne sont pas passés inaperçus non plus, on pense notamment aux EP de Nemir et Veerus.

Son flow élastique, ses placements au millimètre, la musicalité de son phrasé, ses jeux de mots en pagaille et sa nonchalance inébranlable lui confèrent un style unique, quoi qu’en disent les mauvaises langues. Autant de qualités que l’on retrouve sur Alph Lauren. Il s’agit avant tout de bail de chillance, d’ambiances aériennes et enfumées, dans le plus pur style du porteur de la marque au joueur de polo à cheval. Pas de surprises diront les mêmes médisants, mais détrompez-vous, parce que Le Don s’est appliqué.

Cet EP solo se veut personnel, on en apprend donc plus sur Le Don tout au long de ces 8 tracks : de ses origines à ses ambitions, en passant par son amour du rap (‘je fais les choses depuis les Premières Classes‘), sa vie d’artiste (Bustour) et quelques principes de base (‘je me soucie que du pédigrée de mon zeil’ ou encore ‘J’aime le chocolat, la salade pas les petits bonbons et l’sucre en poudre‘)… Alph Lauren nous permet de cerner davantage le personnage, et on ne va pas s’en plaindre. Difficile cependant de coller une étiquette au Don à l’écoute de l’opus, le rappeur oscillant constamment entre flemmingite aigüe et soif de réussite à toute épreuve. On regrettera un peu la redondance des thèmes abordés, même si cela participe à donner une homogénéité à l’EP.

Homogénéité. Voilà qui qualifierait bien l’ensemble des prods présentes sur Alph Lauren, malgré divers beatmakers (Hologram Lo, VM The Don, 1UpWorld, Kyo Itachi), et différents styles d’instrus ayant pour point commun leurs ambiances highériennes aux textures soul et jazzy. Quant aux featurings, Phylly Phal n’a pas cédé à la tentation d’inviter les copains de L’Entourage, ou les têtes d’affiches qui accepteraient volontiers de venir lâcher un 16′ sur le projet. Non, le seul featuring rap est le niçois Infinit sur « Parle-moi de bénef' » quand Monsieur Nov vient signer le refrain du très bon « Quand on chausse les crampons », sur une prod de Kyo Itachi qui nous rappelle le New York des années 1996-1997.

Les structures de rimes, placements, petites trouvailles lyricales et assonances nous rappellent pourquoi Alpha Wayne fait partie des MC’s les plus côtés du game. On apprécie aussi que son talent de rimeur soit mis au service du propos, davantage que sur ses précédentes livraisons. Le débit se veut diversifié : tantôt accéléré (Steven Seagal, Hydroponie), tantôt lent et aéré. En combinant tout ceci à des références old school assumées (‘Moi mon rap c’est du Lunatic, du Cuban Lynx‘), Alpha se fait un malin plaisir de redéfinir la chillance.

Un EP qui permet donc à l’année rap 2014 de partir sous de bons hospices, en espérant que le prince du 1.4. passera un jour le cap du LP, même si on le sait attaché à l’Extended Play.

Alpha Wann - Alph Lauren - Le Bon Son

Alph Lauren disponible depuis le 20 janvier. Deezer / iTunes

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