Interview – Paranoyan : « Je voulais faire un album qui s’écoute bien, plutôt qu’un album qui s’écoule bien. »

L’école du micro sans argent, tel est le titre de l’album du membre de Rapsodie sorti il y a près d’un mois, le 25 décembre pour être précis. Mais mieux vaut tard que jamais comme on dit, et après avoir écouté l’opus (en étant passés complètement à côté au moment de sa sortie), nous avons voulu en savoir un peu plus. Rencontre avec Paranoyan :

L’école du micro sans argent est sorti le 25 décembre, quels sont les premiers retours ?

Sortie le 25 décembre ouais. Concernant les retours j’en attendais pas temps, j’ai pris mon temps (deux ans et demi). Je voulais faire un album qui s’écoute bien plutôt qu’un album qui s’écoule bien, et apparemment ceux qui tombent dessus sont agréablement surpris, tant mieux.

D’ailleurs explique-nous un peu le choix du titre de l’album, entre le jeu de mot et la référence au classique ultime que représente l’album d’IAM…

Le titre c’est parce que j’ai fait tout mon projet sans argent (prods, enregistrement studio, com’ et clips), entre amis compétents, et à effectif très réduit (quatre personnes). Comme c’est dur de générer de l’argent dans la musique, autant ne pas en mettre. Comme ça on n’est pas déçu, et surtout on n’est pas tenu de faire des concessions par souci de rentabilité.

D’ailleurs ce ne sont pas les seules références aux grands classiques : « Carabine » reprend des instrus anthologiques, et « L’école du micro sans argent » est un exercice de style consistant à placer des phases célèbres du rap français. Tu as été marqué par l’âge d’or du rap français ? C’était important cet hommage ?

Il fallait un titre, et vu le nombre de sortie plus le fait qu’en indé sans gros moyens de communication on est vite noyé, j’ai décidé de jouer la carte moitié provoc’ / moitié clin d œil. L’album le plus marquant du rap français à mon goût reste L’école du micro d’argent, donc j’ai fait un détournement. Au moins je suis sûr que tout le monde va se souvenir du titre de mon album et du visuel. Et puis comme mon album est de couleur rap classique à l ancienne je trouvais que c’était cohérent. Enfin, je n’avais pas envie de mettre ma tête en portrait comme tout le monde fait parce que ca me saoule, et c’est choisir la facilité maintenant que de de faire ça.

Et oui l’âge d’or m’a marqué parce que j’suis trentenaire et j’ai donc vécu cette époque. Je fais partie de cette école des années 90, c’est à cette époque que j’ai commencé à rapper, c’est donc normal pour moi. J’ai toujours fait des morceaux comme ça, d’ailleurs  mon album Mes racines sont au ciel est aussi dans cette même couleur de son. Concernant le morceau « L’école » et les références, je sais que ça a déjà été fait plusieurs fois, mais plus comme un hommage. Moi ce qui m’intéressait c’était plus de le faire comme un couplet de rap normal, en y insérant un max de références. C’est à dire que quelqu’un qui ne connait rien au rap des années 90 peut écouter le morceau comme un morceau de rap parmi tant d’autres. Et celui qui connait, lui va identifier  toutes les références. C’est ce concept-là précisément qui me plaisait, et ça pour le coup ça n’a jamais été fait auparavant.

Le sortir le 25 décembre, c’était pour quelle raison ?Paranoyan - L'école du micro sans argent - Le Bon Son

C’est tout simplement pour avoir une date facile à retenir dans l’inconscient collectif.

Quel a été ton critère de sélection pour les prods ?

Pour les prods c’est deux tiers d’originales et un tiers de faces B. J’ai pris les prods que j aimais vraiment (sans devoir payer le beatmaker). Ce sont d’ailleurs des gens que j’avais déjà rencontrés, que je connais quoi. Et quand je ne trouvais pas ce que je voulais, je me prenais pas la tête, j’allais à la pêche aux faces B  (pour moi les faces B ça fait partie du rap, j’ai pas de problème d’éthique là-dessus).

Au niveau des feats c’est réduit, en dehors d’Ywill et Mister 16 sur « Saoul contre tous », c’était voulu ?

Peu de feats, juste sur un morceau parce que j’ai voulu faire un album qui me ressemble, me livrer plus que sur les précédents albums sur lesquels j’étais plus dans la performance. J’avais envie de ne pas refaire la même chose, et surtout ne pas me cacher derrière 10 000 feats pour gagner en crédibilité ou en impact.

Tu dis : « J’ai le coeur au centre de la Terre et la tête sur la Lune / des semelles de plomb que j’allège avec ma plume. » Le rap c’est un exutoire pour toi ?

Le rap c’est toutes les humeurs ou les ressentis qu’un homme peut avoir. Sur celui-là j’avais envie de vider mon sac et de balancer ce que j’avais sur le coeur. Je me suis pas posé de question, je l’ai fait comme ça, c’est tout.

On t’a entendu récemment avec Rapsodie, peux-tu nous présenter le projet et nous parler des retombées ?

Rapsodie c est mon groupe (un pianiste, un batteur, un bassiste et 2 MC’s : Tikaby et moi-même), le maxi Prélude sorti en juin est une prise de marque. Il y a plusieurs couleurs et un feat avec Swift Guad. C’était histoire de marquer les un an et demi d’existence du groupe avant de passer aux choses sérieuses. Maintenant avec le recul et fort de cette expérience on a trouvé notre véritable direction : c’est musique classique à mort, et rap à l’ancienne à fond; c’est dans cette optique que l’on prépare actuellement notre premier album. En termes de retombées c’est un public plus large et des dates dans des lieux ou des festivals ouverts à tous styles musicaux.

Avant ça il y a eu 4G, un projet en regroupant plusieurs, sur une clé USB, quelle évolution vois-tu entre ce projet et L’école du micro sans argent ?

4G c’est un recueil de tous mes morceaux parce que jusqu’alors je rappais dans mon coin pour le plaisir, et en gagnant Le Printemps de Bourges j’ai eu un engouement, une demande. J’ai donc décidé de tout regrouper sur une clé USB pour marquer le coup et me différencier (la clé USB c’était pratique pour rassembler tout ce que j’avais fait dans l’ombre les deux-trois années précédentes).

L’école du micro sans argent a été pensé en tant qu album, j’ai vu un peu comment gérer une sortie avec ma clé 4G, du coup j’ai décidé de mener ma barque sans intermédiaire avec mes potes, et faire un album qui me ressemble. C’est du rap conscient d’inconscient détaché mais attachant. Plus de sincerité, plus de simplicité, plus facile a écouter.

Y a-t-il d’autres projets en prévision ?

L’album de Rapsodie.

 Paranoyan - L'école du micro sans argent - Le Bon SonParanoyan– L’école du micro sans argent disponible sur Bandcamp.

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager avec les petites icônes ci-dessous, et à rejoindre la page facebook  ou le compte twitter du Bon Son.

Partagez:

Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.