Kickblast : l’interview « présentations »

Le Bon Son a découvert Kickblast, comme beaucoup d’auditeurs de rap français, avec « P’tite souris » (sorti le 6 juin), titre mélancolique rappé sur une boucle de guitare. En cherchant un peu,  nous nous sommes rendus compte que ce son n’était pas très représentatif du groupe, plus tourné vers des sonorités électroniques, et ce malgré une imagerie chargée en symboles « Hip Hop à l’ancienne ». Le Bon Son a voulu en savoir plus sur les deux compères, rencontre avec Kickblast.

Qui se cache derrière ce logo / blaze explosif ? Vous êtes qui, vous venez d’où ?

Alors on est 2 : James Digger à la prod et Bonbec au mic. On est  bretons.

D’ailleurs c’est marrant, y’a un côté visuel « Hip Hop à l’ancienne » avec graffitis, ghetto blaster, sneakers, etc… et un son plutôt tourné vers le futur, c’est voulu ou c’est pas calculé ?

C’est complètement voulu. On utilise les codes Hip Hop parce que l’on vient de cette culture, on est rentré dans le peura « à la belle » époque comme on entend dire aujourd’hui. Nous sommes allés plusieurs fois à New York pour découvrir l’origine de ce mouvement, à 20 piges on était dans le Bronx avec Afrika Bambaataa… On est des passionnés.

Cependant on aime la musique (du rock au folk), James vient de l’électro et on a toujours partagé ce goût pour Boys Noise, les Daft, Justice… On a le sentiment de pratiquer un Hip Hop d’aujourd’hui et d’essayer de créer des titres pas déjà entendus.

Qu’est-ce qu’il vous a fait Johnny ?

À nous pas grand-chose. (sourire)   Y’a plusieurs lectures possible de ce phénomène. Premièrement Johnny c’est un peu comme le foot, ce côté « opium du peuple » qui est dérangeant : en gros pensez au match ou au concert mais pas à la défense de votre retraite, par exemple. Faire de l’info avec l’icône « Johnny » permet souvent de ne pas traiter de sujets plus sérieux… Et il est victime de son statut, il rapporte tellement d’argent à certains qu’ils le feront même chanter dans son cercueil. Et puis les lunettes Optic 2000 c’est de la merde. (sourire)

Dans vos clips on sent beaucoup d’autodérision et d’humour, les prods sont dansantes, alors que les textes sont lourds de messages…

Les clips sont réalisés par James ainsi que les prods. Lorsque l’on a réfléchi Kickblast, on a décidé de l’orientation musicale que l’on voulait prendre : du Kick et un son différent de ce qui se fait. Aimant la scène, le parti pris est d’envoyer du son avec du BPM élevé. Pour les textes c’est ce qu’on voulait : bosser le flow, le sens, mais ramener du sourire. On peut s’impliquer dans des thèmes qui nous touchent dans la bonne humeur. On aime dire des trucs durs qui passent l’air de rien… Un côté provoc’ que l’on affectionne. Ça nous fait plaisir de faire un clip comme « 2 mètres carré » : ça rappe sur les chiottes ! James fait du Booty Shake et Bonbec est habillé comme un vieux travelo moldave, en résistance à tous ces clichés que le rap renvoie.

Les prods que vous proposez sont plutôt électroniques, qu’est-ce qui explique cette boucle toute simple sur « P’tite Souris »?

Juste l’envie. On venait de balancer « Des pavés et des burnes » qui est « électroniquement » froid et James a fait cette prod, l’envie d’écrire et de rapper dessus était évidente. Donc on l’a fait simplement, on sait que c’est pas la couleur de son que l’on a envoyé depuis le début (un an) mais on se fait plaisir, c’est la première motivation !

D’ailleurs comment définiriez-vous votre musique ?

C’est jamais facile comme exercice ça ! On fait ce qu’on sait faire, du mieux que l’on peut. Notre musique est comme une basket : d’aujourd’hui mais avec un background (et des scratchs en plus des lacets).

Le « retour du Boom Bap », vous en pensez quoi ?

On trouve ça logique, ce sont  des cycles . Ça a fait du bien notamment au niveau du flow, cette nouvelle école a amené du frais, beaucoup ont réellement bossé et quand c’est bossé ça tire le son vers le haut. On peut dire que le rap en général est de retour, les « anciens » aussi : Ox’, Triptik, Nakk, Disiz… C’est mérité et puis y’a des gars comme Grem’s qui sont à part et qui permettent au délire d’avancer .

C’est quoi vos références en rap français ? Y’a des trucs qui vous font bouger la tête en ce moment ?

Les références sont nombreuses : Less du Neuf, Les Sages Po, La Cliqua,  IAM, Assassin, Beat de Boul, mais aussi TTC, La Caution, les Svinkels, Frer 200, le peura quoi ! En ce moment ça peut être du Metronomy, Angus and Julia Stone, du Black Keys ou un bon vieux Gainsbourg… Pas de limite tant que c’est bien fait.

Et vos autres influences, en dehors du hip hop ?

Tout ! Le macramé, la poterie, le tuning, la pétanque, le twirling bâton et le poney…

Des sorties à annoncer du côté de Kickblast Production ?

Pas pour l’instant, on a de la matière mais on est pas pressé.  On se fait plaisir en balançant nos clips, ils sont de plus en plus regardés, les retours sur notre musique sont positifs, c’est cool ! On bosse déjà sur le prochain…

Des concerts ?

Ouais ! La rentrée se prépare ! Les dates aussi… On jouera notamment avec Assassin le 20 Octobre à Brest…

Un mot de la fin :

Ponie souhaite longue vie au Bon Son !!! Pop Pop !!!

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Olivier LBS

Doyen et autocrate en chef de cette incroyable aventure journalistique. Professeur des écoles dans le civil. Twitter : @OlivierLBS